La relecture des billets de Josette a déclenché dans ma tête l’ouverture de la boîte à souvenirs.
Cela n’a rien d’original, mais juste après le 23/25 de la rue du Pressoir, se trouvait le 27 …
Une porte coincée entre l’angle de la rue et le garage donnait accès à un couloir, puis à une cour, où un raide escalier extérieur menait directement à un vaste local largement vitré.
Là, sous la houlette de « Mademoiselle Claire », une dizaine d’employées fabriquaient des articles de bonneterie à partir de gros rouleaux textiles dans lesquels elles découpaient les pièces à assembler. Cela m’impressionnait de voir avec quelle facilité la lame mordait les couches de tissu superposées, dans le bruit caractéristique des machines à coudre qui constituaient l’équipement principal de l’atelier.
J’ai eu accès à ce lieu à la fin de la guerre, lorsque Maman qui n’avait pas encore retrouvé d’emploi dans sa profession, y travailla quelque temps. En effet, depuis qu’elle avait quitté l’école, elle occupait un poste d’aide-comptable au siège des Pompes Funèbres Générales, boulevard Richard Lenoir. (Elle en gardait le meilleur souvenir et racontait, avec malice, que ce furent les années les plus drôles de sa vie professionnelle !) Au moment de l’exode, les PFG allèrent s’installer à Flers, dans l’Orne, et maman ne put les suivre ;Papa était mobilisé et nous étions nés, mon frère et moi. Elle piqua donc à la machine sans grand enthousiasme en attendant de pouvoir exercer à nouveau son métier.
Pour en revenir à cette petite entreprise du 27 rue du Pressoir, je me souviens que le patron passait pour être un peu distrait. Il habitait place de Ménilmontant, dans un de ces immeubles cossus qui forment encore un arc de cercle entre le boulevard de Belleville et la rue Oberkampf. Un matin qu’il était mal réveillé ou particulièrement préoccupé, il se retrouva sur le quai du métro… avec sa boîte à ordures qu’il avait oublié de vider dans la poubelle collective !
Je suis étonnée que les anciens de l’immeuble du 23/25 rue du Pressoir n’aient pas mentionné l’existence de cet atelier qui assurément créait de l’animation dans leur secteur. Ne serait-ce que par le va-et-vient des employés et des ouvrières à domicile qu’il faisait travailler.
Mais peut-être n’existait-il plus dans les années 50 ? Lucile
Commentaires
Pour répondre au billet de Lucile, un atelier existait bien au 27 rue du Pressoir mais pas en bonneterie, du moins dans les années 50/60.
A la place, une entreprise de tissage dirigée par Madame Marthe et son fils André avec, dans ce local, des machines qui, à cette époque, me paraissaient gigantesques, au final d'énormes rouleaux de jersey de toutes les couleurs.
Pour atteindre cet atelier, nous empruntions l'étroit couloir du 27, un premier escalier en pierre nous amenait à la courette dont parle Lucile, en continuité un second escalier un peu raide, effectivement, puis au bout l'atelier. Cet atelier était attenant au mur de l'immeuble du 25 au fond de la cour.
Je me rendais très souvent chez Madame Marthe, c'est à son contact que je me suis prise de passion pour le Général De Gaulle. En 1958, j'avais 10 ans, nous écoutions, l'oreille collée au transistor, gênées par le bruit des machines, les discours du Général. Jamais je n'ai parlé de cet épisode à mes parents. Avais-je déjà compris l'incompatibilité entre le Général De Gaulle et l'humanité que lisait mon père ? J'en doute ! Et pourtant je me suis souvent posée la question, j'en souris encore. Josette
Merci Josette de ce complément d'information. Le blog fonctionne !
Lucile