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  • LAVER SON LINGE SALE EN FAMILLE

     

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    Une fois n’est pas coutume, je vais vous proposer, à vous, anciens « Bellevillois-Ménilmontagnards », de laver notre linge sale en famille. Laver son linge est depuis la nuit des temps quelque chose de convivial,  un temps de rencontre où l’on tue la corvée à grands coups de papotages et de petites histoires. Parce que, bien sûr, laver le linge n’est pas une partie de plaisir et c’était jadis un travail de force à grands coups de brosse et de battoir.

    Nos anciens avaient bien plus de philosophie que nous et transformaient un tâche ingrate en partie de plaisir. Les lavandières, qu’elles soient du Portugal ou d’ailleurs, l’ont bien exprimé à leur manière et … en chansons.

    A la ville, les choses étaient un peu différentes, mais cependant gardaient cet esprit convivial. Je propose aux anciens de la rue des Couronnes et de la rue du Pressoir un petit détour au lavoir de la rue des Couronnes.  Ce qui suit est un extrait de mes mémoires : Une jeunesse bien ordinaire à Belleville , chapitre 3  « Oh ... pays »,  sous-chapitre « Ou au lavoir ». Il fait suite à un petit développement chez le coiffeur avec ses larges conférences  « au sommet ».

    On y va ?


     

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    «  … Si j’utilise l’expression « conférence au sommet », c’est pour bien faire prendre conscience qu’il ne s’agissait pas de discussions à deux ou trois, mais plutôt à huit ou dix. Il est même arrivé que tout le lavoir s’enflamme sur des thèmes d’actualité ! Attention, il ne s’agissait pas du lavoir de campagne, qui reçoit une poignée de ménagères, non là on est à Paris, dans une quasi usine !

    En ce temps-là, bien sûr, les machines à laver étaient inexistantes dans les foyers bellevillois ( tout comme les réfrigérateurs). Non que les produits n’existaient pas, mais hors de portée financière des budgets familiaux dans les quartiers populaires !

    Une partie de la lessive était souvent faite à la maison, avec une grosse marmite à bouillir. Cependant, ceci n’était pas toujours facile, et puis comment faire face à la quantité ?

    Alors, régulièrement, ma grand-mère (Mamy) allait au lavoir de la rue des Couronnes.

    Celui-ci se trouvait sur le trottoir de droite en montant, bien après la rue du Pressoir, après le maroquinier FERTZ et avant la boulangerie AMY (on me pardonnera l’orthographe de ces noms). Un point assez central dans le quartier. Je n’ai jamais connu le statut exact de ce lieu, privé, municipal… ? Par contre, je puis dire qu’il était pleinement utilisé !

    Comme Mamy n’était pas des plus causantes, le lavoir c’était bien pour laver et rien d’autre !  Revue de détail… 

    Ah ! le lavoir… un roman à lui tout seul !  On aurait pu se croire à l’époque de Zola, et pour qui a vu le film « Gervaise » avec Maria Schell et François Périer, il n’y avait aucune différence malgré le petit siècle de distance.

    C’était un local immense, avec au rez-de-chaussée la partie lavage et à l’étage le séchage.

    Le rez-de-chaussée avait une hauteur de plafond très importante, peut être 5 à 7m. On entrait par un grand porche, et tout de suite à gauche se tenait la caisse où l’on achetait le prix des  différentes prestations   :

     

          - Place de lavage main (utilisation d’un emplacement avec  plusieurs bacs, battoirs…)

    - Linge à bouillir. On recevait ainsi une grosse épingle de nourrice numéroté et destinée à marquer le paquet de linge qui sera mis à bouillir (dans une toile de jute ou filet grossier)

    - Produits lessiviels (savon, eau de javel…)

    - Essorage. Là encore on recevait un numéro en métal destiné à être attaché au paquet de linge à essorer

    - Séchage (droit d’usage d’une place en étage pour étaler son linge à sécher).

     

    Après la caisse on entrait dans le ventre du monstre enfumé !

    A droite, dans la hauteur, à la verticale, et presque jusqu’au plafond (5m à 6m environ) la machine à bouillir. Une immense « marmite » tournant dans le sens des aiguilles d’une montre pendant près d’une heure avec de l’eau bouillante à l’intérieur. A chaque mise en route, elle était chargée jusqu’à la gueule de tous les baluchons de dizaines de ménagères … et en route pour la « bouillissoire » communautaire !

    Ces baluchons étaient tous constitués d’une grosse toile maillée carrée, contenant le linge à bouillir. Les quatre coins étaient noués solidement pour ne pas s’ouvrir pendant l’opération « bouilloir ». Ils étaient identifiés par la fameuse grosse « épingle de nourrice » numérotée, afin que chacun puisse retrouver son bien. On rend à César le linge de César !

    A gauche, à l’horizontale, l’essoreuse. Chargée à bloc de ballots de linge lavé … et en route pour un grand tour de manège communautaire !

    Marmite et essoreuse étaient entraînées mécaniquement par des moteurs assez éloignés et un ensemble de poulies qui tournaient à grande vitesse et entraînaient des courroies. Il fallait garder ses distances car c’était assez dangereux. Il était déjà arrivé qu’une femme soit happée par les cheveux. Un beau carnage… et le linge à relaver !

    Bien entendu, on ne passait pas impunément du « bouilloir » à l’essoreuse, il fallait tout de même user d’un peu d’huile de coude pour laver le linge entre ces deux opérations majeures.

    La plus grande partie du local était donc  constituée de multiples emplacements de plans de bois inclinés disposés tête-bêche. Ainsi chaque ménagère avait ses compagnes de droite et gauche avec son vis-à-vis à proximité. Soit une potentialité d’échanges de six personnes !

    La Suzanne Rihard, ma grand-mère, n’était pas de caractère à raconter sa vie, encore moins celle de ses voisins. Les potins, les ragots ce n’était pas son pain quotidien, elle avait assez à faire avec ses propres problèmes, son dévouement à sa famille étant total, chaque minute comptait. Et elle s’activait donc à s’acquitter de sa tâche dans les meilleurs délais, d’autres tâches l’attendant à la maison.

     Entre ces plans inclinés de bois, plusieurs bacs en bois de différentes dimensions, chacun pour un usage spécifique. A chacune son organisation : un bac avec de l’eau savonneuse, un autre avec de l’eau javellisée, un bac pour le premier rinçage et un autre pour le second… Sans oublier pour le blanc, le bleu !

    Je m’explique, comme nous étions en ville, pas de possibilité de faire sécher le linge au soleil et donc de la blanchir. Pour donner de l’éclat après la javellisation, l’astuce consistait à faire tremper le linge dans un bac d’eau contenant une solution de bleu de méthylène

    Alors, le  voici le méthylène ... magique !  Tel le prestidigitateur, la grand-mère mettait  dans un petit chiffon noué par un élastique ses deux ou trois pincées de cette poudre bleue que l’on pouvait acheter chez le marchand de couleurs (ou droguiste). Ceux qui se souviennent de la rue des Couronnes se rappelleront volontiers l’existence de deux marchands de couleurs à 30 mètres d’intervalle dans le bas de la rue des Couronnes !

    Le tout était mis dans un bac d’eau claire ou le linge blanc serait mis à tremper. Résultat, un linge blanc avec  une très légère nuance bleutée, renforçant ainsi l’aspect de propreté. Plus banc que blanc, cela vous dit quelque chose ?

    Le processus « lavoir »  était immuable. Dès l’arrivée, munie de ses jetons et autres numéros métalliques, ma grand-mère s’empressait de porter son paquet de linge à bouillir. Elle a toujours été très organisée pour économiser autant son temps que son peu d’argent. Donc, dès le départ du 52 boulevard de Belleville, elle avait déjà préparé ses paquets de linge sale et pouvait donc mettre à bouillir de suite, puisque le tri avait déjà été fait.

    D’autres passaient un bon moment à faire le tri sur place. Lorsque c’était fini, la « marmite » tournait déjà et il leur fallait attendre le tour suivant ! Mais peut-être, était-ce là une bonne occasion d’être un peu plus longtemps avec les copines à échanger des nouvelles !

    Pendant que le linge était à bouillir, la grand-mère  était « au charbon » sur le linge qui ne nécessitait pas l’ébullition à 100°C ! Et que j’ te savonne, et que j’ te frappe à coups de battoir, et que j’ te rinçe et rebelote.

    Tout ce travail au milieu d’un bruit infernal, des voix qui s’élevaient pour se faire entendre, l’humidité ambiante, les odeurs plutôt désagréables, sans oublier les autres participants moins bruyants mais assez nombreux qu’étaient les rats installés comme chez eux, gros quasiment comme des chats, à l’affût d’une saleté à ronger et qui bougeaient à peine, même lorsqu’un battoir envoyé avec force leur passait au raz du museau. Z’avez d’jà vu un vrai rat d’égout ? Presque aussi gros qu’un chat !

    Quant tout était terminé, tout ce joli linge passait au trempage final et alors, on pouvait aller chercher celui qui sortait de la « marmite ». Et c’était reparti ! Savon de Marseille, battoir, rinçage … Arrivait l’étape du rinçage final où certains vêtements subissaient le « javellisé »  ou le méthylène. Le rinçage terminé il fallait alors préparer un ou plusieurs balluchon selon le type de linge et porter tout cela à l’essorage. Tout était enfourné dans cette immense machine (environ 3 à 4m de diamètre) positionnée cette fois à l’horizontale contrairement à la « marmite ». Cette opération durait environ 10 mn à l’issue desquelles chacun pouvait ramener son linge à la maison ou le cas échéant le mettre à sécher à l’étage du dessus.

    Cette dernière option était toujours celle retenue par ma grand-mère car nous avions si peu de place à la maison ( 30 mètres carré ) que l’on ne pouvait imaginer y faire sécher du linge pour 6 personnes !

    Au-delà de ces contraintes « spatiales », cette option recevait très largement mon assentiment … et celle de ma copine Yolande. En effet, le coin séchage était un terrain de jeu fabuleux pour nous enfants ! Agréable et intéressant. D’abord, on ne pataugeait plus dans l’eau de lessive, on était au sec, pas de rats, et surtout nous bénéficions d’un immense terrain de cache-cache. Un vrai labyrinthe !

    Ce local à séchage était situé au-dessus du lavoir, occupait toute la surface de ce dernier et n’en était séparé que par un plancher. C’était en quelque sorte les combles, couvertes par un toit, mais ouvertes à tous vents. On y accédait par un escalier de bois quelque peu vermoulu compte tenu de l’immense humidité régnant au rez-de-chaussée.

    Toute cette partie « comble »  était compartimentée non par des parois, mais par des cloisons en grillage, lesquelles pouvaient être fermées avec un cadenas personnel, ceci pour ne pas se faire « faucher » le linge par quelqu’un d’autre. Et propre qui plus est !

    Il y avait là, peut-être, une soixantaine de ces compartiments, certains accessibles, car encore libre, d’autres pas car déjà occupés. Chaque local était équipé de fils métalliques tirés dans toute la longueur et permettant d’étendre le linge. La location était pour un jour ou deux. Pendant que les mamans installaient ce linge nous en profitions pour effectuer de mémorables parties de cache-cache en cavalant à travers les emplacements libres et ceux dans lesquels les mamans étaient à l’œuvre ! Imaginez les scènes au milieu des draps… Certes, en regardant par le dessous on pouvait distinguer les jambes du copain ou de la  copine cachés un peu plus loin, mais en pratique ce n’était pas si simple car la quantité de linge qui pendouillait, cassait la perspective et ce que l’on pensait tout proche était plus lointain et réciproquement. Entre temps, le comparse avait de nouveau changé de place !

    Le tout au milieu d’une étendue de linge tout propre. J’en ai gardé un souvenir olfactif quasiment intact.

    Quant enfin le linge était sec, on venait le récupérer, le plier, le remettre dans le baluchon en grossière toile de jute et c’était le retour à la maison pour le repassage. L’épopée lavoir avait lieu deux fois par mois et entre les deux, les petites pièces étaient traitées à la maison, et bouillies dans une marmite dédiée à cela. Bien sûr, Javel et bleu de méthylène restaient de mise ! Jean-Claude Rihard

     

     

     

  • GENS VENANT DE TOUTE PART

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    Passage des Mûriers ⚆ Crédit photographique Henri Guérard

     

    L’exil est un concept-carrefour, se situant à l’intersection d’un (non) vouloir individuel, d’une nécessité souvent impersonnelle ou supra-individuelle, et d’un espace conçu en termes de désirabilité/accessibilité. Il convient de prendre comme point de départ la définition du Grand Larousse encyclopédique qui assigne à la notion ses significations le plus fréquemment rencontrées : « expulsions hors de sa patrie » ; « séjours pénibles, loin d’un lieu ou de personnes regrettées ».

    Ces jours-ci, traversant le Père-Lachaise, j’ai pensé à TRISTAN, (Tristan de Iseult) qui remplit sans doute ces conditions. Il sera effectivement contraint à quitter sa patrie, ou, du moins, l’être qui objective son sentiment d’appartenance symbolique, son sens de la communion ; en plus, son séjour sera effectivement pénible, même feint, car il équivaut à une marginalisation sinon à une exclusion totale de la société. Il est vrai, d’autre part, que la valeur purement géographique de l’exil n’est guère mise en lumière ; TRISTAN n’a pas le mal du pays, il a plutôt le mal d’amour, si on peut dire, pour se confronter à une réalité que l’ont perçoit aliénante.

    Exil veut dire, contrainte de quitter son « chez soi » (qu’il s’agisse d’un lieu ou d’un être) pour se confronter à une réalité que l’ont perçoit aliénante. 

    Habiter un quartier. Par exemple, Ménilmontant ou Belleville, que beaucoup d’entre nous connaissent. Le quartier occupe, sans doute, dans la vie urbaine des citadins, une belle place, en tous cas le citadin doit y trouver sa place et nous devons faire le nécessaire pour qu’il la trouve. Ni entité délaissée ni univers social privilégié. Le quartier doit apparaître comme un lieu de vie relativement important, diversement investi par les habitants en fonction de leurs situations sociales et résidentielles et selon les caractéristiques morphologiques et sociales du lieu, je dis bien du lieu, dans lequel ils résident. En même temps, dans cette courte analyse je voudrais  montrer que cette diversité ne se résume pas à l’opposition entre habitants de quartier à la mobilité réduite et citadins nomades dépourvus de toute attache avec un lieu de résidence. Au contraire, dans certains lieux, comme dans d’autres contextes urbains, les individus qui se caractérisent par un fort ancrage  dans le quartier sont plus fréquemment des citadins mobiles que des citadins sédentaires. 

    Citadin, j’ai été maintes fois exilé. Né dans une maison au bord d’un ruisseau dans le sud de la France, sous la ligne médiane de Bordeaux et la frontière franco-italienne.

    Venu , à Paris, après maints aboutissements, nulle part ou un peu partout, par des chemins de traverses. Je suis arrivé dans le 20e arrondissement de la Capitale pour un temps court qui dura  l’épopée d’un vaste amour. Je devins résident d’un des plus populaires arrondissements de Paris en venant vivre passage des Mûriers. Un passage qui montait et que les enfants aimaient descendre à chariot à quatre roues avec une adresse fulgurante, comme eux seulement savent le faire. Rien que ces deux noms de rues me rappellent encore ma région natale aux confins du Lot et de la Dordogne où sont si nombreuses les haies avec ses mûres et les arbres fruitiers. 

    Ménilmontant, je le connais un peu. Je l’ai sillonné dans tous les sens, à pied et en voiture, de nuit comme de jour. Moi, natif d’ailleurs, j’ai découvert la rue du Pressoir encore intacte pour la première fois en 1960. C'est-à-dire avant que les troubleurs de vie par les destructeurs de l’Etat viennent perturber les habitants du quartier, où existait alors, calme, travail et espoir.

    J’y revenais de temps à autres, rue du Pressoir, combattre les voleurs de rêves, opposer résistance à ceux dont les déchaînements étaient néfastes à l’équilibre du quartier, constatant bien plus tard, les dégâts lamentables de rues éventrées, crevées. Plus rien n’était pareil à la vie paisible et quelque peu campagnarde qu’il y avait autrefois, même si tous savaient que l’habitat avait grand besoin d’être restructuré et rénové. C’est cela que nombre d’entre eux attendirent longtemps, très longtemps. Leurs souhaits ne furent que très peu exaucés. La blessure fut longue pour qui attendait avec espoir qu’arrive le droit au logement, l’attente d’être relogé, le droit à la paix. Bien évidemment ont leur proposa, très loin du lieu où ils habitaient, de nouveaux logements avec plus de confort certes mais il n’y eut pas beaucoup de justice ! Lorsque, juste après le chaos, je suis revenu rue du Pressoir, j’avais personnellement le sentiment terrible que des hélicoptères bombardiers avaient survolé les pâtés de maisons, pour tout casser et tout anéantir.

    Puis longtemps, durant des années et des années, la laideur de la rue nouvelle me fit reculer à l’idée de faire le pas du retour, celle de revenir dans ce qui avait été  un joyau du 20e arrondissement, l’une des parties de ce village du beau Paris. Je n’acceptais plus « d’être du quartier ».

    Car la rue du Pressoir fut pour moi, en exagérant un peu, mes Champs-Elysées lorsque, jeune,  je la découvris pour la première fois avec ses hôtels, boutiques, commerçants, garages, épiceries, costumiers et tailleurs, miroitiers, coiffeurs, boulangerie-pâtisserie, maroquiniers,  librairie, joailliers, ses nombreux cafés, ses corporations de métiers, ses artistes accordéonistes, bals, saltimbanques, tireuses de cartes, sa jeunesse, ses belles filles et ses musiciens. Que de changements,  pour moi, ayant passé mon enfance, dès le lever du jour avec le chant du coucou et sous le regard des oiseaux, au milieu des escargots, des fouines, des écureuils, des lapins, des poules, des oies et canards. Lorsque je revenais rue du Pressoir, c’était un vrai enchantement.

    Je connais hélas la destruction en sa totalité d’un lieu, celui où j’habitais, le Passage des Mûriers.

    Du passage reste seulement le plan avec son nom minuscule imprimés dans ma vieille Editions L’indispensable et le souvenir de  sa pente et de ses pavés à jamais gravés dans ma mémoire. J’habitais là avec ma fiancée. Je dirais mieux,  c’est là que m’accompagna ma fée, Ludmilla, dans une belle portion de vie. Ce peu de temps qui me semblaient des années de connivences, de tendresse, de passion et de rêve. Notre tout petit logement était situé tout en haut d’un immeuble étroit, rocambolesque, beau et ancien, d’une architecture séduisante du début du 19e  qui tenait d’un vieux décor de théâtre. Notre lit fabriqué de mes mains où reposait notre matelas de laine, cousu à la main rue Orfila, si j’ai bonne mémoire, était installé dans la petite alcôve qui jointoyait notre chambre que j’avais tapissée avec mon amoureuse Ludmilla qui en grec signifie arc-en-ciel, Ludmilla ma bellevilloise native de Diafani, île de Karpatos. L’alcôve n’était pas grande, cependant elle suffisait pour tout notre amour. Au petit matin, le jour blafard entrecroisait les premiers rayons du jour qui apparaissait par la lucarne de la cuisine et de la petite fenêtre du salon aux rideaux blancs brodés à l’image du Parthénon et signés à chaque extrémité d’un bleu de mer.  Cette frange de  lumière  nous faisait ouvrir les yeux et admirer le peu de ciel visible, encore étoilé d’été ; de l’automne plus gris, et puis de l’hiver sévère ménilmontois, avec les flocons qui voltigeaient et donnaient peu à peu, luminosité et splendeur, au quartier, en voie d’insalubrité triste, entouré de collines, le soir blanches et enneigées. Une fois la nuit passée et le café avalé, on dégringolait les vieux escaliers qui nous portaient vers le village pour aller travailler en nous faufilant parfois derrière le beau  Saint-Bernard docile, trottinant devant son maître, esquivant le camionneur livrant le lait où venaient roder des chiens bâtards que Ludmilla nommait « renards » et qui aboyaientt à nos trousses. On riait en rejoignant quelque peu essoufflé la rue des Partants sur notre itinéraire. Nous n’avions peur de rien. Nous possédions l’amour. Seuls au monde, Ludmilla et moi, nous allions  travailler, en nous tenant par la main avec la difficulté de nous séparer au moment de prendre, elle son vélo, et  moi, le 96. Ces souvenirs sont là, vivants dans mon cœur. Le passage des Mûriers et nous deux, fous du bonheur de vivre. Du haut de  Ménilmontant la vue était superbe, toute la capitale était à mes yeux ! La montagne de Paris intra-muros était unique. Et le soir, revenant à pied de mon travail, du haut de  la rue Piat, la vue sur la ville était encore à moi. Tout cela est dans ma mémoire, comme un diamant dans mon catalogue du cœur, un trésor dans mon œuvre de vie.

    Hélas aujourd’hui, le Passage des Mûriers n’est plus. Ce passage défunt aux consonances si méditerranéennes qui me conduisait chaque matin vers les cimes de la ville, et dont Monsieur Henri Guérard nous a laissé des traces brillantes dans son livre de photographies, a vécu.

    Je suis un réfugié de nulle part ainsi que le dit de lui-même  Frédérick Tristan qui n’était pas seulement le barbare dont peu à peu il souhaita nous donner l’image. Bienvenu Merino

     

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    Ménilmontant sous la neige

    Crédit photographique ☞ Michel Sfez


  • A LA SERPE D'OR

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    Située à l'angle de la rue de Ménilmontant et de la rue des Amandiers, la grande bijouterie "A la serpe d'or" était réputée pour la qualité et le choix des articles qui y étaient proposés.  
    Traditionnellement, les fiancés et futurs mariés du quartier y choisissaient les bagues et alliances qui célébraient leur union. Lucile
  • LES PREMIERES GRUES PLANENT SUR BELLEVILLE

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    © Claude Chambon

    Nous ne cherchons pas le nom des grues mais celui des rues. Reconnaissez-vous ces façades ?

     

  • L'UNION OUVRIERE RUE LEVERT

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    A l'angle de la rue de Belleville et de la rue Levert, le magasin Union Ouvrière en 1906

    © Roland Liot

     

  • LA HALLE AUX CHAPEAUX

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    Qui se souvient de la Halle aux chapeaux ?

    © Robert Lasguines

     

  • TOITS DE BELLEVILLE

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    Le Paris des toits et de la Tour Eiffel

    © André Guérin

     

  • HOMMAGE A MAURICE ARNOULT

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    Maurice Arnoult

     

    Dans ses nombreuses célébrations de Belleville, Clément Lépidis revient sur la figure de Maurice Arnoult, Maître bottier. Nous avons choisi un fragment de Belleville, mon village qui sent le cuir et fait entendre le métier. Pour en savoir plus sur Maurice Arnoult, il vous suffira de cliquer sur le lien plus bas.

     

    "Traces visibles de ce Belleville d'autrefois que la foudre du temps a marqué sur l'émail bleu d'une plaque de rue : Tourtille ! Denoyez ! Rébéval ! Ermitage ! Moulin-Joly ! Rue des Cascades et rue de la Mare, rue des Rigoles et rue de la Fontaine-au-Roi. L'impasse du Puits ! Que d'eau parmi ces anciennes terres à vignobles ! Miracle : l'inscription délavée mais encore visible : "A la Renommée de la Bonne friture de Seine" au 85 de la rue de Belleville. Là où Maurice Arnoult, Maître Lournat pour les intimes, le plus ancien bottier du quartier, frappe encore le cuir à l'ancienne manière dans son échoppe-atelier, façonnant avec amour les beaux souliers de Paris".

     

    A PROPOS DE MAURICE ARNOULT

  • L'ESCALIER DE LA RUE PIAT

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    L'escalier de la rue Piat conduisant au Repos de la Montagne

    © André Guérin

     

  • PASSAGE NOTRE-DAME-DE-LA-CROIX

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    Passage-Notre-Dame-de-la-Croix, ancien chemin serpentant jadis, à travers les clos de vigne.

     

     

     

  • CELEBRONS HENRI GUERARD

    Ignorer Henri Guérard, c'est entraver la marche à rebours, nostalgique et parfois douloureuse, qui nous mène dans les rues et passages d'autrefois, parmi les terrains vagues et les cours, sur les traces d'une enfance qui connut la rue Vilin et le Passage Deschamps. Le photographe Henri Guérard fut le témoin de la rue du Pressoir avant sa destruction. Il réalisa, en 1960, quelques clichés où l'on voit la poussière de nos immeubles transformés en décombres. Il est indispensable de se procurer Le regard d'un photographe sur Belleville, Ménilmontant, Charonne (1944-1999) publié en février 2004 aux éditions de L'Amandier.

    Pour vous convaincre de la nécessité de posséder un tel ouvrage, voici quelques photographies extraites de ce volume qui en contient 244.

     

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    La blanchisseuse de la rue du Pressoir - 1954  © Henri Guérard

     

     

     

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     © Henri Guérard

     

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    L'escalier de la rue Vilin  © Henri Guérard

     

     


     

  • LA RUE VILIN DANS "ORPHEE" DE JEAN COCTEAU

    Philippe Hiraga me signale cette séquence dans Orphée, le film de Jean Cocteau datant de 1950. Voici donc un témoignage très court mais si émouvant de la rue Vilin telle qu'elle fut filmée en 1949 probablement.

    L'apparition de la rue Vilin mais aussi de Jean Marais et de François Périer commence à 8 minutes 35.

     

  • ANGLE DES RUES DENOYEZ ET RAMPONNEAU

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    Photographie Maurice Tarlo

     

    Ce commerce d'angle en déshérence m'évoque le cabaretier Desnoyez qui tenait guinguette autrefois rue de Belleville, une guinguette pouvant accueillir deux mille convives mais aussi les porte-voix de l'insurrection bellevilloise. Desnoyez, Ramponneau sont les deux noms de la révolte dont Belleville a toujours été le haut lieu tout au long du dix-neuvième siècle. Souvenons-nous que le 26 mars 1871, les conseillers municipaux de Belleville sont Charles Delescluze, Auguste Blanqui et Gustave Flourens. Flourens, condamné à mort par contumace déclarait ceci : "J'ai appris par une longue expérience des choses humaines que la liberté se fortifiait par le sang des martyrs. Si le mien peut servir à laver la France de ses souillures et à cimenter l'union de la Patrie et de la liberté, je l'offre volontiers aux assassins du pays."

    Gustave Flourens venu de l'aristocratie était aimé de tous les bellevillois tant il donna tout ce qu'il possédait, jusqu'à sa propre vie enlevée d'un coup de sabre le 23 avril 1871. L'insurgé avait trente-deux ans.

     

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    Gustave Flourens

     

  • TIMBRO RELIEF

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    Pascal voudrait bien savoir si quelqu'un garde le souvenir d'un magasin, situé rue de Belleville, à l'enseigne Timbro-Relief. Ce commerce existait dans les années 1900-1920 et proposait des étiquettes gommées. Pascal possède un catalogue attestant de l'existence de cette boutique mais il est avide d'informations. Si cela vous dit, merci de laisser des commentaires sur ce sujet.

  • RENOVATION D'UN QUARTIER : BELLEVILLE / MICHEL VEROT

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    Photographie  Michel Sfez

     

     

    Dans le cadre du film documentaire à la BNF, en partenariat avec le SCEREN-CNDP, sera projeté le jeudi 25 novembre (18h30 - 20h), dans le petit auditorium du site BNF ❘ François Mitterrand, le film de Michel Vérot (en la présence du réalisateur) sur la destruction de Belleville dans les années 1960, film resté inédit depuis sa première diffusion.

     

    TOUTES LES INFORMATIONS CONCERNANT CETTE SEANCE

  • UNE NOSTALGIE TRES SELECTIVE

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    Rue du Pressoir aujourd'hui

     

     

    Il pleut et vente ce lundi sur ma campagne. Coincée à la maison, j’ai tout loisir de me confier à mon ordinateur.

    Il ne se passe pas de jour où je ne vais faire un tour sur notre site, et j’ai souvent envie de réagir. Avec véhémence quelquefois.

    Au risque de choquer quelques-uns, mais avec le souci, croyez-le bien, de ne peiner personne, je décide aujourd’hui de préciser ma pensée.

    La « rue du Pressoir » et son environnement, avant les destructions massives qui les ont défigurés, ce n’était pas le Paradis. Il y régnait certes un esprit de quartier encore marqué du sceau des faubourgs du XIXème siècle, et nous y avons tous des souvenirs d’enfance, d’adolescence, directs ou transmis par des êtres chers, qui nous ont marqués à vie. Il nous arrive de nous les remémorer avec un tendre sentiment d’attachement en oubliant tous les désagréments du quotidien. 

    Et pourtant ! L’eau sur le palier, les wc à l’étage, le charbon qu’il fallait aller chercher à la cave l’hiver pour alimenter la cuisinière, la vie de famille concentrée dans 30m2, les dissertations rédigées sur un coin de table quand était venu le temps du lycée, expliquent la réaction de soulagement de nombreux habitants du secteur lorsque leur fut proposé un relogement dans des locaux plus spacieux et surtout plus confortables.

    Sans parler de l’état de délabrement de certains immeubles que les propriétaires ne pouvaient plus entretenir depuis des décennies en raison de la modicité des loyers encaissés. (La fameuse loi, dite de 48 je crois, n’a pas eu que de bons côtés.)

    La lassitude était grande de vivre dans un quartier qui dépérissait progressivement et le fait de devoir abandonner le vieux Paris et s’exiler en banlieue n’a pas pesé lourd en face de « la salle de bains » annoncée. Fut occulté pour un grand nombre de ceux qui n’avaient pas encore trouvé mieux où se loger le dépaysement sentimental pourtant à prévoir. Les jeunes gens qui n’avaient pas encore eu l’occasion de connaître autre chose, attristés de voir se décomposer leurs groupes d’amis, et les très âgés prêts à tout pour conserver le logement où ils avaient passé la plus grande partie de leur vie l’ont bien ressenti, mais une grande majorité d’adultes y a vu, au contraire, un changement de mode de vie bienvenu.

    Il est vrai qu’une réhabilitation, telle qu’on la conçoit maintenant, eût été mille fois préférable à la brutale démolition entreprise. Cinquante ans plus tard, on ne peut que le regretter. Je ne saurais pas dire si, à l’époque, il y avait vraiment le choix, compte tenu de l’urgence et de l’ampleur  du problème à régler. Ce n’était pas un ou deux immeubles qu’il fallait remettre en état l’un après l’autre, mais complètement reconsidérer un quartier tout entier, qui plus est, de forte densité d’occupation.  

    Voilà, c’est dit : j’ai une nostalgie très sélective !

    C’est pourquoi cela me chagrine un peu de voir percer au travers de différents récits un certain et nuisible esthétisme, au détriment de la réalité des faits et du vécu des ménilmontagnards ou bellevillois de souche.

    Je l’ai déjà noté : pour retourner souvent sur place puisque mes enfants ont choisi d’y demeurer, je sais qu’il  règne encore dans ces quartiers de l’est parisien, une atmosphère de convivialité, différente de celle que nous avons connue, mais tout aussi précieuse aux yeux de ceux qui la vivent.

    Amicalement à tous, Lucile.

     

    Un point de vue que partage entièrement la chanteuse Clarika qui habite dans la rue du Pressoir des jours actuels. Elle avait témoigné, sur notre site, il y a quelques-années, de la continuité des équilibres dans l'immeuble où elle vit, du fait que la mixité des âges et des cultures est toujours aussi nourrissante. Une occasion de recommander l'écoute de son cinquième album, Moi en mieux (Mercury, 2009) et en particulier du titre Bien Mérité, lequel pourrait être l'hymne mappemondial de la rue du Pressoir. Guy Darol

     

     

     

  • QUE RESTE-T-IL DE LA RUE VILIN ?

     

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    RIEN DE RIEN

     

    Ni un brin de son architecture, ni une seule planche de ses volets de noyer, ni une clef de serrure forgée par le maître artisan du quartier du Pressoir. Pas même ses cendres ! Où ont-ils abandonné les restes et les souvenirs de la maison du typographe de la bande à Bonnot ?  Où se trouve la tombe, la sépulture de notre illustre rue ?  Restent les photos de dizaines de photographes du tout Paris, venus inhumer  le beau assassiné. Faut-il hurler aux citadins de Paris que c’est notre ville qu’on assassine, que c’est notre patrimoine que l’ont abat lequel appartient à nous autres Parisiens. Nous ne pouvons nous taire, nous ne pouvons fermer notre gueule et nous laisser mettre des muselières. Pour le respect de ceux qui ont lutté  afin de soutenir le patrimoine des Parisiens à qui appartient la ville. Pour l’équilibre et la précieuse beauté de Paris.

     

    Déjà, furent crevées les Halles Baltard et le cœur historique de Paris, le quartier de Montparnasse livré au préfet de Paris et aux hommes au pouvoir en ces temps, si peu scrupuleux. Le 13e arrondissement et une partie du 15e juché sur des assises tremblantes,  la Défense, silhouette vulgaire, offerte aux travailleurs, aux bureaucrates, aux baladins croyant que c’est ça le Paris illustre. Sans compter les frappes chirurgicales un peu partout dans notre ville. Regardez un tout petit peu, dans vos promenades ce qu’ils font de la ville, comment ils la maltraitent, comment ils n’ont point de scrupules pour les Parisiens qui méritent plus que ce que leur réservent certaines personnalités au pouvoir depuis des lustres.

     

    RAPPEL SUR LA RUE VILIN

     

    C’était  une petite rue de Ménilmontant. Une rue classée en 1863, puis déclarée îlot insalubre cent ans plus tard, une rue aujourd’hui entièrement démolie. Une rue où Georges Pérec, l’auteur de La vie mode d’emploi, vécut enfant et dans laquelle il retourna, une fois par an, de 1969 à 1975, pour un livre qu’il écrivait. De cette rue Vilin, il ne reste que les quelques cinq cents photos prises par toutes sortes de photographes et les textes consignés par Pérec dans les années 1970. Le réalisateur reconstitue immeuble par immeuble le puzzle du lieu, réalisant tout à la fois un film sur la rue, un film sur la photographie et un film sur Georges Pérec et l’obsession de la mémoire.

     

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    « EN REMONTANT LA RUE VILIN »

     

    Un film de Robert Bober, né le 17 novembre 1931 à Berlin. En 1933, il fuit avec ses parents l’Allemagne nazie. Ils se réfugient en France. Il quitte l’école à quinze ans pour devenir successivement tailleur, potier, éducateur. Il sera l’assistant de François Truffaut sur Les 400 coups, Tirez sur le pianiste, Jules et Jim.

    Réalisateur depuis 1967, il obtint en 1991 le Grand Prix SCAM pour l’ensemble de son œuvre. Il publie Récits d’Ellis Island en collaboration avec Georges Pérec et Quoi de neuf sur la guerre ? Bienvenu Merino

     

     


     

     

     

  • JANE CHACUN POUR TOUS

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    Dans Belleville au coeur (Editions Vermet, 1980), Clément Lépidis se désole une fois de plus du mauvais tour joué à Bellevillemuche par les promoteurs. Ce livre qui est une succession de chroniques anime quelques figures du quartier avec la flamme que l'on connaît à son auteur. Il est beaucoup question de bals-musette et notamment de La Java (105, rue du Faubourg du Temple) dont le patron était Augusto Baldi ("Deux immenses rouflaquettes de neige encadrent le sourire d'un homme appartenant à cette race de vieux boucaniers du piano à bretelles") et la vedette Jane Chacun, née le 12 juillet 1908 à Ambert dans la grande misère.

    Une fois de plus, Clément Lépidis n'en peut plus des mensonges et des injustices. Son livre regorge de flèches, hélas insuffisamment empoisonnées. Il voudrait qu'on n'oublie pas Jane Chacun, "reine du musette, interprète et créatrice du Dénicheur, de Jo le valseur, du Grand Frisé". Il rappelle le nombre de disques qu'elle a gravé chez Pathé, Odéon, Pacific, La Voix de son Maître, plus de 200 succès. En 1980, Clément Lépidis se plaint que le nom de Jane Chacun est en voie de disparition. N'est-il pas, en 2010, biffé des mémoires ? 

    Il déclare son amertume et sa passion pour celle qui, "en 30 années de chansons s'est produite dans tous les musettes : à la Java, au Boléro, chez Bouscat, à la Boule Noire, au Balajo, au Ca Gaze, aux Gravilliers, chez Gégène, etc." Il lui redonne du mouvement : "Robe noire et foulard rouge". Il nous fait réentendre sa voix, accompagnée par Emile Prud'homme. Clément Lépidis a beau dire, Jane Chacun n'est plus que dans les vieux souvenirs. Les occurences de son nom sont rares sur Internet et il n'y a aucune chance de récupérer une vidéo qui la montre en exercice. Il faut se contenter d'une image appartenant à la collection particulière de Clément Lépidis où Jane Chacun est photographiée en compagnie de Marcel Cerdan. Le cliché figure dans le cahier photos de Belleville au coeur

     

     


    LE DENICHEUR

    {Refrain :} 
    On l'appelait le Dénicheur 
    Il était rusé comme une fouine 
    C'était un gars qu'avait du cœur 
    Et qui dénichait des combines 
    Il vivait comme un grand seigneur 
    Et quand on rencontrait sa dame 
    On répétait sur toutes les gammes 
    Voilà la femme à Dénicheur 

    Elle avait fait sa connaissance 
    Dans un bar, un soir, simplement 
    Ce fut le hasard d'une danse 
    Qui le fit devenir son amant 
    Il avait de jolies manières 
    Du tact et beaucoup d'instruction 
    Sachant faire de bonnes affaires 
    C'était là toute sa profession. 
    Comme elle avait un peu d'argent 
    Ils se mirent en ménage tranquillement 

    {au refrain :} 

    Les combines ça dure ce que ça dure 
    La chance tourne et puis s'en va 
    On perd le goût des aventures 
    Quand le noir vous suit pas à pas 
    N'ayant plus confiance en lui-même 
    Un soir qu'il était sans un sou 
    Afin de résoudre le problème 
    Le Dénicheur fit un sale coup 
    Mais comme il rentrait au logis 
    En pleurant son amie lui dit : 

    {Refrain :} 
    On t'appelait le Dénicheur 
    Toi qu'étais rusé comme une fouine 
    Je croyais trouver le bonheur 
    Près de toi, avec tes combines 
    Adieu, c'est fini, pars sans peur
    Je saurai souffrir et me taire 
    Malgré mon chagrin je préfère 
    Abandonner le Dénicheur

  • MENILMONTANT/UN FILM DE DIMITRI KIRSANOFF DATANT DE 1925

    Le réalisateur Dimitri Kirsanoff est né à Riga en Russie (actuelle Lettonie) en 1899. Sa famille rejoint Paris en 1923. A l'hiver 1924, Dimitri Kirsanoff tourne Ménilmontant dans son décor réel. Outre les qualités cinématographiques de l'oeuvre, ce film muet est un document incomparable sur un quartier de Paris qui nous est cher. Dimitri Kirsanoff est mort à Pantruche en 1957.



    Dimitri Kirsanoff - Menilmontant (1925)

     

    LIRE L'OEUVRE SINGULIERE DE DIMITRI KIRSANOFF

    BENJAMIN FONDANE ET DIMITRI KIRSANOFF

    BENJAMIN FONDANE, JOSEPH DELTEIL, DIMITRI KIRSANOFF

    AVANT-GARDE : LE CINEMA EXPERIMENTAL (1921-1939), CHRONIQUE DE JEAN-JACQUES BIRGE



  • LE MIRIFIQUE GUS VISEUR ACCORDEONNE MENILMONTANT

  • WILLY RONIS TRAVERSE BELLEVILLE

     

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    Le photographe et poète Willy Ronis (1910-2009) est le grand témoin de Belleville où il vécut. Le voici, traversant pour nous, des paysages intacts ou reconstruits.

     

    Cliquer sur le lien ci-dessous pour voir.

     

    LA TRAVERSEE DE BELLEVILLE

  • WILLY RONIS REMONTE LA RUE VILIN

  • RADIOSCOPIE DE CLEMENT LEPIDIS

     

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    Le 20 juin 1980, Clément Lépidis fut l'invité de Jacques Chancel pour une Radioscopie de sa vie. On y apprend beaucoup. On découvre le grouillot photographe qu'il a été, le commis d'agent de change à la bourse de Paris, le représentant en préservatifs et en produits de beauté, l'homme de tous les métiers, le titi parisien amoureux de la Grèce et de Belleville.

     

    Cliquer sur le lien ci-dessous pour écouter

     

    RADIOSCOPIE DE CLEMENT LEPIDIS

  • CLEMENT LEPIDIS/ECRIVAIN CATHODIQUE

     

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    Depuis jolie lurette que vous flanôchez sur le blog de la rue du Pressoir, vous savez notre enthousiasme inextinguible  pour l'oeuvre de Clément Lépidis, pour l'homme Lépidis, soutien infaillible de Belleville.

    Il nous a paru nécessaire de vous le montrer, non pas sous toutes les coutures, mais tel que la télévision l'a filmé. Car il fut souvent sous les projecteurs et devant les caméras, défendant ses livres bellevillois, prévenant de la mort d'un quartier si l'on n'y faisait rien. De plus en plus pessimiste, Lépidis finit par déclarer que Belleville serait de toute façon détruite dans quelques décennies. C'était en avril 1978.

    Pour retrouver l'auteur de La vie en chantier (roman autobiographique) et de Belleville au coeur, il vous suffit de cliquer sur les liens ci-dessous. Ainsi Clément Lépidis vous deviendra de plus en plus merveilleux, de plus en plus fraternel.

     

     

    CLEMENT LEPIDIS A APOSTROPHES POUR DEFENDRE LA MAIN ROUGE


    SUR LE PLATEAU DE L'EMISSION AUJOURD'HUI MADAME L'ECRIVAIN EVOQUE LES FOLIES-BELLEVILLE, DAMIA ET FREHEL

     

    SUR LE PLATEAU DE L'EMISSION AUJOURD'HUI LA VIE L'ECRIVAIN PARLE DE SES DIMANCHES A BELLEVILLE

     

    EN 1996, L'ECRIVAIN SE SOUVIENT DE BELLEVILLE QUI SELON LUI EST MORT

     

    CLEMENT LEPIDIS, ROBERT DOISNEAU ET ODETTE LAURE SE RAPPELLENT LES 14 JUILLET DE LEUR JEUNESSE

     

    BERNARD PIVOT INVITE L'ECRIVAIN SUR LE PLATEAU D'APOSTROPHES A L'OCCASION DE LA PUBLICATION DE L'OR DU GUADALQUIVIR

     

    CLEMENT LEPIDIS DIT VOULOIR QUITTER BELLEVILLE QU'IL CONSIDERE N'ETRE PLUS SON QUARTIER

     

    POUR L'EMISSION OUVREZ LES GUILLEMETS L'ECRIVAIN INTERROGE QUELQUES HABITANTS DU QUARTIER

     

    DANS SAGA CITES CLEMENT LEPIDIS ET JO PRIVAT EVOQUENT L'UN DES PLUS VIEUX QUARTIERS DE PARIS

     


     


  • CLEMENT LEPIDIS ET LES ASSASSINS DE BELLEVILLE

     

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    C'est souvent (et cela se reproduira) que je rappelle le nom de Clément Lépidis, infatigable défenseur de Belleville, contempteur des casseurs de Belleville.

    Clément Lépidis est le grand écrivain du vingtième arrondissement populaire (pays d'exil), il est l'auteur de Des dimanches à Belleville (ACE éditeur, avril 1984) et de Je me souviens du 20e arrondissement (Editions Parigramme, août 2003). Son oeuvre est plus vaste que ces contours. L'homme (admiré de Henry Miller) est un témoin inoccultable du monde des humbles et des sans-grades.

    Le voici de nouveau, pestant et célébrant.

    Cliquer sur le lien ci-dessous pour le voir en action.

     

    BELLEVILLE DETRUIT