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rue ramponneau

  • HOMMAGE A MARCEL TARLO (1930-2013)


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    Marcel Tarlo


    Le Bellevillois Marcel Tarlo vient de disparaître dans sa 84ème année. Pendant plus de cinquante ans, il avait consacré sa vie à la gestion et à l'administration de la presse et des revues du Parti Communiste, parmi lesquelles L'Humanité, La Terre, Avant-Garde, Economie et Politique, Les Cahiers du Communisme, L'Ecole et la Nation, ainsi que les quotidiens et hebdomadaires régionaux. Bellevillois de coeur et homme de grande culture, Marcel Tarlo, né le 26 février 1930, avait longtemps vécu au 12 de la rue Ramponneau. Son fils, Maurice Tarlo, contributeur actif sur le site de la Rue du Pressoir, se souvient.

    "Mon père adorait son quartier de Belleville, c'était son village me disait-il. Il adorait Paris, celui des années 50-60. Il m'en parlait souvent. Il avait une grande culture, il dévorait tous les livres, tout ce qui rapportait à la littérature, à la politique, aux arts, particulièrement à Leonard de Vinci. Né le 26 février 1930, il avait eu une enfance difficile. Son père avait été arrêté pendant la guerre de 39-45, envoyé en déportation, il n'en revint jamais. Seul avec sa sœur, car sa mère avait été hospitalisée, il avait été placé à l'Assistance Publique vers 1942, trois ans durant.

    Les parents de mon père habitaient, avec sa soeur, 12 rue Ramponneau. Malheureusement aujourd'hui cet immeuble a été détruit pour faire place à un immeuble moderne. A propos de Paris, papa aimait me montrer des ouvrages illustrés par les photographies de Charles Marville, le photographe du baron Hausmann, celles d'avant la destruction et la transformation de Paris tel que nous le connaissons maintenant. Ce sont des photos de rues inconnues, car elles n'existent plus.



    Il me parlait aussi d'un historien de Paris qui avait écrit des ouvrages essentiels sur Paris et qui s'appelait Jacques Hillairet.

    Ce fut un drame pour mon père de quitter la rue du Moulin Joly, toute proche de Belleville, pour aller habiter en banlieue, en 1964. Nous sommes arrivés à Garges-lès-Gonesse. Mais enfin... nous disposions désormais de l'eau chaude, d'une salle de bains et de WC dans la maison. Nous n'avions plus besoin d'aller sur le palier de l'immeuble, ni d'acheter du charbon pour nous chauffer.

    Mon papa était un militant communiste. Il rêvait d'une société juste, fraternelle, égalitaire. Il militait pour les idéaux qu'il partageait et il défendit ses idées jusqu'à son dernier souffle. Les paroles de la chanson "Ma France" de Jean Ferrat le symbolise tout à fait. Il appréciait beaucoup ce chanteur qui avait été recueilli pendant la guerre par des communistes, car ses parents avaient été déportés. Jean Ferrat ne l'oubliera jamais qui lui aussi était né en 1930. Quand Ferrat est mort, j'ai pleuré.

    Je ne l'ai jamais entendu avoir des propos racistes sur qui que ce soit. Chaque fois que nous l'avions autour d'une table pour un bon repas accompagné d'un bon vin, il ne manquait pas de nous éclairer à sa façon sur les problèmes politiques du moment et aussi de nous donner son avis sur le dernier événement sportif.

    Le journal L'Humanité lui a rendu un dernier hommage le jeudi 22 août 2013."


     

     


     

     

  • LES JUIFS DE BELLEVILLE

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    La sortie des écoles rue des Maronites, vers 1908


    A plusieurs reprises, sur ce site, divers intervenants ont rappelé combien Belleville était un quartier d’immigration : italiens, polonais, arméniens ... Et aussi juifs d’Europe Centrale puis de Tunisie et plus marginalement du Maroc et d’Algérie. Une des raisons majeures de cette concentration d’immigrés est que Belleville (et son annexe Ménilmontant)  était un quartier pauvre, avec des loyers abordables.

    S’agissant des juifs d’Europe Centrale (Bessarabie, Bucovine, Ukraine, Russie, Pologne), les premières migrations eurent lieu dans les années 1920 après les premiers pogroms en Pologne. La venue à Paris était   souvent précédée par un passage à Berlin dans le ghetto de la Grenadier-strasse.

     

    En Pologne et en particulier en Galicie, l’information qui circulait alors mentionnait le besoin de  main d’œuvre en France et surtout  à Paris. Des agents recruteurs parcouraient aussi la Pologne à cet effet. C’est ainsi  qu’une population laborieuse vint, beaucoup de polonais de souche vers le Nord, pays de mines et beaucoup de juifs polonais vers  Paris  pour les travaux d’artisanat. Trois quartiers de prédilection pour accueillir ces nouveaux venus : Montmartre et  Saint-Paul pour les plus nantis ainsi que Belleville pour les plus pauvres.

    Très vite, pour faire face aux aspects religieux, le baron de Rothschild fit construire une synagogue.

    Par ailleurs ces populations avaient le besoin de se rencontrer pour échanger leurs souvenirs de Pologne, parler politique  ou plus simplement «boulot». Un premier lieu de rencontre fut, à Ménilmontant, chez  l’horloger-bijoutier Scholem. D’autres lieux de Belleville-Ménilmontant virent le jour, dans des cafés, dans des boutiques ou ateliers d’artisans.

    Un peu plus tard, la création de la « Ligue pour la culture » mis fin à ces rencontres «en boutique»  au profit de rencontres plus structurées et organisées dans un grand local dans le secteur République.

    Mais pour ceux qui étaient moins intellectuels, moins politiques, il existait un lieu « magique » où l’on se retrouvait « au pays », c’était le Boulevard de Belleville. Ce lieu de rencontre très apprécié des juifs de Belleville était encore très utilisé après la seconde guerre jusque dans les années 1960.

    Ces véritables rassemblements très paisibles s’étendaient sur le Boulevard, depuis la rue de Belleville jusqu’à la rue de Pali-Kao, mais la plus grande densité était incontestablement entre la rue Ramponneau et la rue Bisson.

    J’ai bien connu, dans les années 1950, ces rassemblements qui avaient lieu chaque dimanche matin. Nous, nous  sortions  de la messe, dans notre chapelle au 55 Boulevard de Belleville, au coin de la rue de la Fontaine- au-Roi et l’on pouvait voir le trottoir d’en face noir de monde !  C’était une curiosité et très souvent, on allait se faufiler entre les groupes. Ils «  jaspinaient » une drôle de langue qui ressemblait à l’allemand. J’appris plus tard que c’était du Yiddish, une langue vernaculaire qui permettait à tous les juifs d’Europe d’échanger entre eux quels que soient leurs pays d’origine.

    (Ayant appris à parler allemand beaucoup plus tard, vers 25 ans, je me suis aperçu que je comprenais 70% d’une discussion ou d’un film en Yiddish !)

    Les rassemblements se faisaient par affinité ou  par thèmes de discussion. Ici un groupe « chaussure » ou « tailleur » là, un groupe originaire de Bolechow ou Lwow (Galicie), là encore un groupe plus familial dispersé sur toute la région parisienne. Hé oui, à Belleville, le dimanche matin il y avait du monde qui venait des quatre coins de Paris !

    Parfois avec mon pote Alain nous n’allions pas à la messe, mais à la pêche, Canal Saint-Martin. Lui était plutôt  « poisson » donc il amenait ses gaules et son épuisette,  moi j’étais plus « écrevisses ». Nous étions  jeunes et cons et l’on s’amusait à traverser ces rassemblements avec les cannes. Tous s’écartaient pour nous laisser passer. On trouvait cela marrant ! Parfois cela râlait, mais jamais on nous a botté les fesses !

    Dans les années 1960,  les juifs d’Europe Centrale (Ashkénazes),  dont la situation s’était améliorée avec le temps, migrèrent vers des quartiers plus chics (Grands Boulevards, Sentier, Saint-Paul). Ils laissèrent ainsi la place aux juifs en provenance d’Afrique du Nord (Séfarades). Nous étions dans les années de fin de colonisation.

    Moi-même, j’ai dû quitter le quartier en 1969, date à laquelle je fus expulsé de mon immeuble pour cause de rénovation.

    Souvent ma grand-mère m’avait parlé des juifs et des grandes rafles de Juillet 1942. Ma famille, à cette époque, habitait au 2 rue Vilin et elle avait vu le quartier se vider de sa substance le 16 Juillet 42. J’avais vu par ailleurs des tas de films sur le sujet et j’étais donc parfaitement au courant de cette tragédie.

    Dans les années 1970, la vie professionnelle m’a amené à Besançon.

    Souvent,  je « montais » à Paris pour des réunions de travail au Ministère de la Santé ou dans  ses « annexes ». Il m’arrivait alors d’avoir un peu de temps libre entre une  fin de réunion et l’heure de mon train, gare de Lyon. Alors, dès que je le pouvais,  je fonçais dans mon ancien quartier, pour renifler, déambuler et même aller chez mon ancien coiffeur, « Gérard », rue des Couronnes. Il m’arrivait de retourner  aussi sur les lieux du crime et de roder autour de mes  écoles des Maronites et Julien-Lacroix.

     

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    Rue des Maronites, à l'angle de la rue du Liban. Vers 1957

    Photographie de Henri Guérard

    Un jour,  dans les années 1980, les souvenirs me hantant, je suis retourné dans cette rue, me suis arrêté sous le porche, près à détaler si quelqu’un arrivait. Comme le « piaf » sur la défensive, j’ai regardé à l’intérieur, puis j’ai monté les quelques deux ou trois marches, passé la tête et finalement suis entré dans le hall inchangé. Un moment d’émotion bousculé par un bruit de porte brutalement ouverte et une « bignole » qui m’interpelle sur un ton très sec :

    « Vous cherchez quelque chose ? »

    La brutalité de la question aurait dû me faire fuir, je n’avais vraiment rien à faire là, mais par réaction, par provocation,  j’ai dit : « Oui, la directrice, je suis un ancien élève ».

    Les heures de vol que je portais sur mon visage ont dû suggérer à Mme la Concierge, d’appeler la directrice.

    jean-claude rihard,rue de pali-kao,robert gostanian,rue des maronites,rue julien-lacroix,rue bisson,rue ramponneau,rue ramponeau,boulevard de belleville,rue de la fontaine-au-roiCette dernière,  surprise et ravie de voir quelqu’un qui avait fréquenté cet établissement, pardon, « son »  établissement, il y a si longtemps, me proposa alors de consulter les archives. Il parait que depuis 2009 ce n’est plus possible car ces archives ne sont plus stockées dans les écoles !

    Et c’est ainsi que un quart d’heure plus tard, j’étais assis avec elle derrière un gros bouquin relié d’une 40cm de long sur 20cm de large, style registre de Mairie, comportant « N » années de scolarités.

    Dès 1948, je retrouve ma trace. Une grosse émotion en voyant des noms  de copains et de copines que j’avais oubliés. Mais surtout, un grand coup de « blues » en retrouvant  des noms de copains  juifs  (à consonance « germanique »). Pour beaucoup d’entre eux, dans les colonnes père et mère figurait la mention « mort en déportation ».

    Tous ces petits copains dont on ignorait qu’ils avaient perdu un, voire deux parents, qui vivaient probablement chez une tante ou autre ... Pourquoi ce grand secret ?

    De cette curiosité que j’avais eue, je découvrais que, durant  toutes mes années de jeunesse, j’avais en fait été  dans une ignorance  quasi complète.  Bien sûr, à la maison, ma grand-mère, ma tante, mon oncle avaient évoqués cette  grande rafle de 1942. Mais pour moi, c’était un peu une part d’histoire ancienne, d’une époque qui n’était pas la mienne. Comme la guerre de 100 ans et Jeanne d’Arc !

    Pas un instant, je n’avais imaginé que des petits copains d’école, là, avec moi, avaient perdu des parents.

    Je suis ressorti de cette maternelle complètement sonné, les larmes aux yeux. Aujourd’hui encore je repense souvent à cette scène, bien plus troublante que tous les films que j’ai pu voir sur le sujet car j’avais été touché personnellement.

     

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    Plaque commémorative  ☛ Ecole des garçons, rue Julien-Lacroix 


    Tout comme Robert  Gostanian, dans son billet, qui nous mentionnait les plaques à la mémoire des enfants juifs de Belleville déportés :  peut-on rester insensible à une telle tragédie ?

    Jean-Claude Rihard

     

     

     

  • ENFANTS JUIFS DEPORTES

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    Sur le net, je suis tombé par hasard sur un site (Comité "Ecole de la rue Tlemcen"), une association pour la mémoire des enfants juifs déportés du XXe arrondissement de Paris. Je regarde et je découvre une liste alphabétique des enfants déportés : 28 pour la seule rue Ramponeau !  Des noms me reviennent aussitôt en mémoire et je cherche …

     

    Au 16 rue Ramponeau, je trouve deux noms : Jacqueline et Maurice. Elle avait 13 ans, lui 16. Ils venaient souvent à la maison et restaient longtemps avec nous. Quand je pense que ma sœur empruntait à Jacqueline  une veste où était cousue une étoile jaune et  qu'elle sortait se promener dans la rue, ce n'était pas de la bravade mais de l'innocence. Moi j'allais parfois chez eux déguster du pain azyme recouvert d'un peu de confiture. Ils disparurent un jour. On racontait qu'ils étaient repartis dans leur pays d'origine …

     

    Je ne vais pas vous raconter la suite, vous la connaissez. Mais j'avais toujours espéré que mes amis : Jacqueline et Maurice avaient échappé au massacre, je m'en trouvais tranquillisé et puis le temps a passé, jusqu'à la lecture de cette liste sur laquelle j'ai lu leurs noms… Il s'est passé quelque chose que j'ai du mal à expliquer. J'ai compris alors que j'avais vécu tout ce temps dans une sorte de confort de mémoire. L'envie de les savoir vivants quelque part me rassurait. Tout à coup, je me retrouvais devant l'affreuse réalité : ils n'y avaient pas échappé. Ainsi qu'Anna 10 ans, du 9 de la rue où il y avait un bijoutier. Et puis bien d'autres dont je ne me rappelle  plus les noms.  J'ai été envahi tout à coup d'une grande et profonde tristesse. Ma jeunesse était blessée. Ils étaient mes camarades de jeux.  Robert Gostanian

     

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  • CELEBRONS HENRI GUERARD

    Ignorer Henri Guérard, c'est entraver la marche à rebours, nostalgique et parfois douloureuse, qui nous mène dans les rues et passages d'autrefois, parmi les terrains vagues et les cours, sur les traces d'une enfance qui connut la rue Vilin et le Passage Deschamps. Le photographe Henri Guérard fut le témoin de la rue du Pressoir avant sa destruction. Il réalisa, en 1960, quelques clichés où l'on voit la poussière de nos immeubles transformés en décombres. Il est indispensable de se procurer Le regard d'un photographe sur Belleville, Ménilmontant, Charonne (1944-1999) publié en février 2004 aux éditions de L'Amandier.

    Pour vous convaincre de la nécessité de posséder un tel ouvrage, voici quelques photographies extraites de ce volume qui en contient 244.

     

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    La blanchisseuse de la rue du Pressoir - 1954  © Henri Guérard

     

     

     

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     © Henri Guérard

     

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    L'escalier de la rue Vilin  © Henri Guérard

     

     


     

  • ANGLE DES RUES DENOYEZ ET RAMPONNEAU

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    Photographie Maurice Tarlo

     

    Ce commerce d'angle en déshérence m'évoque le cabaretier Desnoyez qui tenait guinguette autrefois rue de Belleville, une guinguette pouvant accueillir deux mille convives mais aussi les porte-voix de l'insurrection bellevilloise. Desnoyez, Ramponneau sont les deux noms de la révolte dont Belleville a toujours été le haut lieu tout au long du dix-neuvième siècle. Souvenons-nous que le 26 mars 1871, les conseillers municipaux de Belleville sont Charles Delescluze, Auguste Blanqui et Gustave Flourens. Flourens, condamné à mort par contumace déclarait ceci : "J'ai appris par une longue expérience des choses humaines que la liberté se fortifiait par le sang des martyrs. Si le mien peut servir à laver la France de ses souillures et à cimenter l'union de la Patrie et de la liberté, je l'offre volontiers aux assassins du pays."

    Gustave Flourens venu de l'aristocratie était aimé de tous les bellevillois tant il donna tout ce qu'il possédait, jusqu'à sa propre vie enlevée d'un coup de sabre le 23 avril 1871. L'insurgé avait trente-deux ans.

     

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    Gustave Flourens

     

  • ANNULATION DE LA ZAC RAMPONNEAU/ARCHIVES INA

     

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    La Forge

     


    Le 7 octobre 1995, les actualités régionales de FR3 informent de l'annulation du projet d'aménagement de l'ilôt Ramponneau. On notera au passage l'opiniâtreté inlassable de l'association La Bellevilleuse.

     

     

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    VOIR ANNULATION DE LA ZAC RAMPONNEAU

     

    LIRE LA BELLEVILLEUSE HISTOIRE D'UN PROJET FOU DE RENOVATION URBAINE

  • EN 1994, LE 23 RUE RAMPONNEAU/ARCHIVES INA

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    Les Archives de l'INA conservent en mémoire l'avenir de la rue Ramponneau tel qu'il était écrit au début des années 1990.

    Le 10 juillet 1994, les actualités régionales de FR3 nous emmènent en visite 23 rue Ramponneau.

     

     

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    VOIR BELLEVILLE : QUARTIER EN SURSIS

  • RUE RAMPONNEAU/DESTRUCTION OU REHABILITATION/ARCHIVES INA

     

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    Les Archives de l'INA sont une mine cathodique inépuisable. Le 16 juin 1992, les actualités régionales de FR3 faisaient le focus sur le projet d'aménagement des 30 hectares du quartier Ramponneau. Où l'on voit la confrontation des points de vue entre désir de réhabilitation et volonté de destruction.

     

     

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    VOIR BELLEVILLE VEUT GARDER SON CACHET

  • DES BALS AUX BUTTES

     

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    Rue Ramponeau, j'ai connu jusqu'a trois bals. Un se situait au bas de la rue vers le tabac, un autre au bistrot qui avait pour nom "Le bar des amis" et en haut, au coin de la rue de Tourtille, un dernier. L'orchestre était assez réduit : un accordéon, une guitare et  une batterie faisaient l'affaire. Le tout monté sur une estrade mais cela tournait bien quand même. Nous parcourions les trois au fil des danses exécutées par l'orchestre. Pas question qu'un particulier ne s'avise alors de venir troubler la danse avec sa voiture. Comme à un passage à niveau, il devait attendre que la musique ait cessé et encore se faisait-il baptiser de jolis noms d'oiseaux. Seuls les pompiers avaient tous les droits naturellement et eux se faisaient applaudir. Des réclames étaient distribuées sous forme de chapeaux de papier, d'éventails qui se repliaient comme ceux des Andalouses. Des pétards claquaient dans tous les coins et certains n'appréciaient pas du tout, enfin c'était la fête ! Une séquence du film "Hôtel du Nord" de Marcel Carné retrace très fidèlement l'ambiance de ces bals sous des lampions multicolores et le coup de pistolet qui claque se confond dans le bruit des pétards tirés par les enfants. Les parents emmenaient leurs gamins et buvaient un rafraîchissement sur les tables placées sur la chaussée. Les enfants couraient en tous sens, les parents étaient moins sévères ce soir-là, sauf pour les jeunes filles, on veillait au grain ! Les mères disaient : "Rentrez vos poules, je lâche mon coq !"  Si le 14 coïncidait avec un samedi ou un dimanche, alors les bals duraient plusieurs jours et la France était en liesse.

     

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    J'ai une anecdote à vous raconter, une aventure qui m'est arrivée un soir et qui aurait pu mal tourner. J'ai toujours été d'un naturel noctambule et j'aimais entre autre me balader le soir ou même la nuit aux Buttes. Malgré leur fermeture, il était aisé d'y entrer par la route qui les traversait. Un soir d'automne, il était environ onze heures,  je marchais sur un chemin et me dirigeais vers la sortie, quand j'entendis au loin le bruit d'un véhicule qui arrivait rapidement sur moi. Je me retourne et je vois une voiture de police qui s'arrête à ma hauteur. Trois flics en sautent et m'entourent. Ça y est, que je me dis, je vais me faire reconduire à la sortie plus vite que je ne l'avais prévu. Ils m'empoignent vigoureusement sans un mot et m'installent entre eux sur la banquette arrière. Je balbutie quelques mots d'excuse pour m'être trouvé dans le parc après sa fermeture, que je cherchais à prendre le frais avant d'aller me coucher. Pas de réponse, mais j'entends alors celui placé à côté du chauffeur parler dans un micro. " Ça y est, on l'a ! On l'ramène ! ".   Imaginez ma surprise, la peur m'envahissait. Je questionne encore. Pas de réponse. Enfin nous sortons des Buttes et arrivons place A. Carel. A la mairie, il y avait un attroupement d'une quinzaine de personnes avec des agents. A notre arrivée, tout ce monde se précipite vers la voiture, ils me descendent et je me retrouve au beau milieu de ce monde qui apparemment en voulait à ma personne. J'entendais des invectives fuser à mon intention. Les agents écartant les badauds me placèrent face à un couple de gens âgés et leur posèrent la question suivante : "Le reconnaissez-vous ?" Hésitation de leur part mais pas de réponse négative ! J'essaie de m'exprimer, poser des questions. On me fait taire. Le monsieur dit enfin : "Il avait un pardessus." Ouf ! Je me sentis sauvé. De la foule, un bonhomme crie : "Un pardessus ça se jette !" Et tout le monde d'approuver cet idiot, de quoi j'me mêle ? Enfin, après de multiples confrontations du même genre, je suis disculpé car fort heureusement ma silhouette ne devait pas, mais vraiment pas, correspondre à celui qui, enfin je l'apprenais, venait quelques instants auparavant d'attaquer ce couple afin de dérober le sac à main de la dame et s'était enfui dans les Buttes.  Déception de cette foule qui réclamait déjà ma tête...  Discrètement, je sortais de ce rassemblement revanchard et m'éloignait sur la pointe des pieds, inquiet qu'ils ne se ravisent et veulent à tout prix lyncher un gueux.

     

     

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    Heureusement, j'ai de meilleurs souvenirs des Buttes. Un soir d'hiver, j'avais réussi à décider, malgré ses réticences, la jeune fille que j'allais épouser plus tard, à faire un tour dans mon royaume. Elle hésitait quand même un peu, me déclarant que mon royaume n'était pas chauffé et que ses petites chaussures ne la protégeaient guère du froid. Alors, ayant toujours eu le sens pratique et soucieux qu'elle ne prît froid, j'emportais un journal, et devant un de ces fameux bancs à la Brassens, à genoux, je lui enveloppai ses petits pieds dans les " nouvelles du jour ". C'est gentil, non ? Robert

     


  • DANS MA RUE

     

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    Photo prise par mon frère, depuis le 1er étage du 16 de la rue Ramponneau

     


    Pauvre rue que la mienne, celle de mon enfance, de mon adolescence et d'homme jeune, du temps où on m'appelait "Poulbot". Parfois une vieille que je croisais et que je saluais me disait : " Dis-donc-toi, tu sais, je t' connais, j'ai été à l'école avec ta grand-mère... " . Je souriais et je continuais mon chemin avec un sentiment de sécurité. Dans ma rue, il ne pouvait rien m'arriver, j'étais chez moi...

     


    Mon pauvre Belleville, ma rue Ramponeau où es-tu ? Toi, si fière de tes Poulbots.

     

     

    Fréhel avant-guerre chantait une chanson qui ravive ma peine : Où est-il mon moulin d'la Place Blanche, mon tabac et mon bistrot du coin, tous les jours pour moi c'était dimanche...

     


    Ma rue c'était, côté impair, la laiterie fromagerie de Mme et M. Rouget, le boulanger et le marchand de frites avec un cornet à deux ronds       (comme dans la chanson), ensuite le resto au coin de la rue Desnoyer et puis encore une épicerie, la boucherie chez Bosky où la patronne était une très jolie femme, je le dis avec respect, et sa fille Hélène qui n'avait rien à envier à celle de Troie... La charcuterie  Roux chez laquelle je voyais chaque jour une très vieille et pauvre femme venir chercher dans un pot à lait sa portion de soupe que lui offrait la patronne. Il a été dit plus tard, à sa mort, que cette (pauvre) vieille ne l'était pas tant que cela car on avait découvert sous son grabat un magot se montant à un million !  Ensuite le coiffeur, je me souviens des après-midi quand le client se faisait rare et que moi, j'étais assis sur le trottoir, les pieds dans le caniveau, il m'appelait : " Dis Robert, viens là que j'te fasse quelques échelles de pompier ".  Je m'asseyais sur le fauteuil et d'un appui de son pied sur la pédale, je me sentais monter à la bonne hauteur de son ouvrage. Il s'ennuyait à rien faire, et puis ma mère était bien contente car c'était gratuit. Encore le marchand de couleurs Bazard où l'on trouvait de tout, ça sentait la peinture, le pétrole et la benzine. Des balais à tous usages pendaient du plafond avec des quincailleries de toutes sortes. L'horloger dans sa minuscule boutique et l'escalier où habitait Anna. Le boucher de cheval que je voyais parer sa viande dès quatre heures du matin quand jeune homme je rentrais tard du bal. La boulangère, Mme Durand, qui parfois en plus de la pesée du  pain de quatre livres ajoutait un gâteau invendu de la veille. Le boulanger aussi se levait de bonne heure mais son soupirail était trop haut sur le mur pour pouvoir y jouer les "effarés". Après je ne sais plus, ah! si, il y avait l'épicerie chez Mario et son frère, encore plus loin se trouvaient "les maisons neuves", nous les appelions ainsi car elles l'étaient. La preuve, elles avaient l'ascenseur dans lesquels  nous allions nous payer un voyage dans les étages. Et puis dans le fond du passage, il y avait le lavoir, quelle volière alors ! Les femmes tapant fort sur leur linge ! Elles allaient chercher de l'eau chaude à une énorme fontaine en échange d'un jeton rond avec un perçage au milieu qu'il fallait  glisser dans la fente de l'appareil. Ca chantait de partout, on discutait ferme, parfois même on s'invectivait et bien plus, pour une place que l'on disait réservée. Les gosses couraient les pieds dans l'eau, omniprésente, et chacune s'en repartait avec un gros baluchon sur l'épaule. Elles étaient courageuses ces femmes, car en ce temps-là, pas de machine à laver, déjà beau celle qui avait l'eau sur l'évier car bien souvent c'était sur le palier ou dans la cour. Après des petits commerces que je connaissais moins, on arrivait à la rue de Tourtille avec une charcuterie au coin, on traversait la rue : un immeuble où habitait mon copain Guy et puis l'école de garçons que je n'ai pas fréquentée.

     

     

    Retour en bas sur le coté pair de la rue, le tabac qui faisait le coin avec le boulevard. Je me souviens que le long du mur, une tige de métal descendait et cette tige avait la particularité d'être mal isolée d'une alimentation électrique. Quand on l'enserrait de la main, elle libérait un courant qui vous chatouillait tout le corps, on trouvait cela drôle, et même pour en augmenter la puissance on plaçait un pied dans l'eau, on formait parfois une chaîne à plusieurs, jusqu'à ce que l'un de nous s'échappe vaincu par la tension trop forte. Nous avions alors des jeux très simples...

     

     

    Chez Rousseau, c'était la librairie, marchand de journaux et sucreries. Je me souviens de deux caramels pour cinq sous. Et le garage au dessus duquel habitait une jeune fille nommée Paulette. A la Libération, elle était vêtue d'une robe bleu blanc rouge du plus bel effet. J'avais partagé avec elle le premier prix d'un concours de chant en 43-44, sorte de radio crochet qui s'était tenu aux "Folies Belleville"; rue de Belleville. Elle était Eliane Celis et moi Jean Kiépura, mais ceci est une autre histoire à développer une autre fois. Au 10,  je me souviens de madame Flora et d'une famille d'origine italienne : Marcelle, Antoine, Raymond, Nina si jolie qui adorait le "Clair de lune" de Debussy et enfin, Pierre le petit dernier.

     

     

    J'en ai mangé des spaghettis chez eux, et faits "maison",  qui séchaient sur les armoires. Un restaurant au 12 où habitait Marcel Tarlo qui ne se souvient pas de moi, et puis Roland Roussin, Jacqueline ( la grande) et puis le 14 avec le bougnat et sa femme, des Auvergnats qui avaient le teint aussi noir que le charbon qu'ils livraient, et leur fille. Au 14, la particularité de cet immeuble, c'est qu'il n'était pas relié au "tout à l'égout " et, environ deux fois l'an, La pompe à ... venait nuitamment faire son travail d'aspiration. L'hiver cela passait à peu près inaperçu mais l'été, s'il faisait chaud, les fenêtres ouvertes avec le bruit mais surtout l'odeur, étaient insupportables. Il fallait bien en passer par-là. Le 14 a été démoli sans que son raccordement fut effectué.

     

     

    Le 16, c'est là que je suis arrivé en sortant de St.Louis en 1930. Mais restons en là pour cette fois, car ma vie commence en cet endroit et il y aurait beaucoup à dire,  je me réserve peut-être pour une autre fois.

     

     

    Continuons notre voyage dans la rue.

     

     

    Au 18, une épicerie que mes parents ont tenu pendant un temps. Il y avait Liliane. R qui se coiffait à la Véronica Lake, vedette de cinéma américaine des années 50.  Nous étions de très bons amis et nous en avons passé des heures à discuter  devant sa porte avant de rentrer chez soi.  L'herboriste avec ses grands flacons colorés et sa balance avec des poids, cela sentait bon, un mélange d'herbes, de savon et de bonbon. Un fleuriste, une teinturerie au 20 et 22 avec une cour immense, Gilbert M. ce grand garçon d'origine italienne je crois. Le café "Le bar des amis". Après, je connais moins, c'est curieux mais je m'aperçois qu'à quelques mètres près, mon univers parfois se rétrécit, pourtant c'est toujours ma rue.

     

     

    Au coin de la rue Ramponeau, il y avait la rue de Tourtille, une brasserie qui vendait de la bière à la tireuse, et en face chez Marty, la grande librairie, des gens charmants, érudits qui savaient vous conseiller dans vos recherches d'ouvrages, et puis ils vendaient aussi des bonbons, toutes sortes de matériels pour l'école. Après, rien ou si alors, le célèbre 46, le commissariat, la "Rousse", les flics quoi? A Belleville, on naissait avec une certaine méfiance envers ces gens-là, on préférait les ignorer, on regardait discrètement passer les "hirondelles" à vélo le soir quand ils partaient en chasse avec leur casquette plate et leur pèlerine qui vous renversait un mec d'un seul coup. Je ne sais toujours pas pourquoi on appelait " le chien du commissaire" son adjoint ?   Voilà c'est fini pour ma rue, j'ai du en oublier pas mal dans mon voyage, mais je suis sûr que quelques Poulbots comme moi complèteront amplement le paysage.  A bientôt. Robert

     


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  • UNE CARTE POSTALE DE LA RUE RAMPONNEAU

     

     

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    Elle doit dater des années 48-50 puisque Jeannette, la patronne, est présente sur la photo. Elle était gentille, nous  l'aimions bien. Nous avions notre coin à nous les copains et le dimanche matin ou le soir nous y faisions des parties de billard "français" pendant que les joueurs de belote tapaient le carton en silence jusqu'à l'instant de la fin de la partie où  fusaient des exclamations de satisfaction ou de vertes critiques envers le partenaire qui n'avait pas compris l'annonce. Les épouses en ce temps là se satisfaisaient de l'absence pour quelques heures de leur mari car la place dans ces logements exigus n'était pas bien grande et puis, après une semaine de travail, c'était mérité. En ce temps-là, la télé n'existait pas. Seule la TSF avec les pièces d'André DELFERIERE peuplaient les soirées. Heureusement, il y avait le "cinoche".  Mais c'est une autre histoire. Robert

     

  • LA BARRICADE DE LA RUE RAMPONNEAU

     

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    Elle fut érigée rapidement avec l'aide de tous, moi y compris. Nous montions dans les escaliers des immeubles environnants et prélevions les sacs de sable entassés là pour circonscrire d'éventuels incendies suite à des bombardements possibles. Nous étions fiers de notre construction, mais je ne me souviens pas que quelque coup de feu fut tiré de celle-ci. Le symbole était là :  Ramponeau résistait comme en 1871. Voilà c'est tout, pourtant pendant ces jours d'insurrection, malgré mon jeune age (14 ans), j'ai parcouru Paris là  où ça se bagarrait et j'ai bien risqué plusieurs fois de ne pas être présent aujourd'hui pour en témoigner. Robert

     

     

  • LA PLAQUE DE LA RUE RAMPONNEAU

     

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    Histoire de la plaque de la rue Ramponneau racontée par Robert.

     

    Je fêtais ce soir-là, tard dans la nuit déjà, l'un de mes nombreux anniversaires et nous avions les uns et les autres bien vécu. J'avais reçu mes cadeaux et j'étais heureux. A un moment,  j'ai remarqué quelques conciliabules entre mes enfants, on riait beaucoup. Tout à coup, on me dit qu'il manquait un cadeau à ceux déjà reçus et qu'il fallait sans attendre le chercher. J'ai du insister pour que l'on accepte de m'amener. Nous partions de ce pas tous en voiture quérir ce lointain et "noctambule" cadeau.


    Calé au fond de la banquette je sommeillais tranquillement et au bout d'un certain temps quelqu'un dit : "Nous sommes arrivés".  Je retrouvais mes esprits et je m'aperçus que nous étions stationnés au coin de la rue Ramponeau et du boulevard de Belleville. Tous sortirent de voiture et promptement se dirigèrent vers le coin de la rue côté impair. Ils édifièrent une pyramide de leur corps et l'un d'entre eux,  armé d'outils,  se mit au travail. Je compris tout de suite leur intention : prélever la plaque de la rue ; mais la plaque résistait et pendait lamentablement au dernier clou, alors, je sors de la voiture et j'avise un présentoir en métal qui se trouvait non loin de là. Je m'empare des outils, un burin et un marteau, et quelques minutes après, tout en riant et criant très bruyamment, le trophée fut ramené en triomphe à la maison.


    Inutile de vous dire ma joie, moi qui si souvent avais dit vouloir récupérer cette plaque qui avec la démolition prochaine allait partir certainement à la benne et que moi, le Poulbot de Belleville, je le la méritais bien. Nous sommes tous repartis à Bagneux, ma terre d'exil où nous avons installé cette plaque.


    Voilà l'histoire de cette fameuse plaque qui trône à présent sur le mur de mon bureau et que je regarde à chaque fois avec beaucoup d'émotion. J'espère qu'il y a prescription pour ce délit mineur.

     

     

     

  • MAURICE TARLO SE SOUVIENT

     

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    Le cinéma Cocorico

     

     

    Nous habitions à la frontière du vingtième arrondissement, au 13 rue du Moulin-Joly dans le onzième, au rez-de-chaussée, dans un logement avec vue sur la cour où l'humidité coulait sur les murs.

    La  rue du Moulin-Joly est perpendiculaire à la rue Jean-Pierre Timbaud qui traverse une bonne partie de ce quartier. Je suis allé à l'école boulevard de Belleville.

    On habitait tous le coin : oncles, tantes, grands-parents, etc.

    Mon père et ma tante et ma grand-mère habitaient au 12 rue Ramponneau, l'immeuble n'existe plus ; il a subi la loi des opérations immobilières et les gens ont été déplacés, l'immeuble fut déclaré insalubre, et ma grand-mère demeura ensuite dans les années 1970, rue d'Annam, toujours dans le 20 ème. 

    Ce fut pour elle comme une tragédie que de quitter son quartier.

    Je suis né à Paris dans le 12ème arrondissement à l'Hôpital Rothschild, un jour de janvier 1955 où l'hiver fût très rude, ma maman m'a dit que la Seine était gelée. A cette époque, nous ne disposions pas de chauffage central, le poêle à charbons était d'usage, nous n'avions ni salle de bains ni eau chaude. Les WC étaient sur le palier.

    Nous étions des parisiens aux conditions modestes.

    Mes parents travaillaient tous les deux et je me gardais tout seul.

    Mes parents, de par leurs conditions modestes, furent épris très jeunes par le mouvement  ouvrier.

    Ce que j'ai pu me souvenir d'un petit garçon qui a vécu de 1955 à 1964 dans ce quartier.

    Ma maman allait faire ses courses chez l'épicier de la rue du Moulin-Joly

    «  Chez Mandonné  » (je ne suis pas sûr de l'orthographe), l'épicier coiffé d'une casquette vendait du jambon à la coupe, du gruyère râpé, des sacs de charbons... Et, comme mes parents n'étaient pas riches, ma mère faisait la plupart du temps crédit puis elle réglait ses dettes à la fin du mois. C'était, comme disait mon papa, le Village. Les gens se connaissaient et se respectaient .

    Il y avait beaucoup de petits commerces qu'on appréciait : la boulangerie, angle Jean-Pierre Timbaud et Moulin-Joly, les commerces de la rue de la Présentation, celui qui vendait des produits de Pologne. Le marché de quatre-saisons de la rue du Faubourg-du-Temple, les volaillers, etc.

    Je me souviens d'une crémerie, rue Ramponneau, où tout ce qui était en rayon était appétissant.

    Les Magasins Réunis, Place de la République .

    Les cinémas du quartier,  Le Cocorico, boulevard de Belleville. Je me rappelle de Maciste contre les Cyclope.

    Le cinéma Le Florida. Ma grand-mère maternelle qui habitait rue Levert, après qu'elle eut déménagé, elle habita Passage Julien-Lacroix, m'y avait emmené voir Tarzan. Les entractes avec Josélito, le petit chanteur espagnol dans les arènes.  

    Les bistrots :  La Vieilleuse, les Lauriers Roses,  sur le Boulevard de Belleville .

    Je me rappelle que les jours d'hivers, il y avait une fumée assez épaisse et qui recouvrait le quartier.

    Je me rappelle d'une promenade à pied, un dimanche avec mon papa, où nous étions allés jusqu' à la rue des Envierges en remontant la rue Vilin jusqu'en haut des escaliers.

    Je me souviens qu'à l'école du Boulevard de Belleville, c'était l'époque des Yéyés, les garçons avaient des coiffures de Rockers et les plus grands s'échangeaient des 45 tours de Johnny contre des disques des Chaussettes Noires dans la cour de récré.

    Un jour, pendant la cantine, un instit fan de twist a mis un 45 tours de twist et a fait danser les élèves. J'avais l'impression de vivre des moments particuliers. Maurice Tarlo

     

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  • LILIANE ET JOSETTE

     
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    Josette et Liliane, deux copines de la rue du Pressoir
    Cher Guy,
    Je vais maintenant parler de mon amie d'enfance Liliane. Notre amitié a débuté en 1961 sur le trottoir de la rue du Pressoir et nous sommes très vite devenues inséparables. Notre relation n'était pas du goût de tout le monde, certains locataires du 23 comme du 25 l'ont, d'ailleurs, fait savoir. Ma foi, cette amitié dure depuis 47 ans.
    La photo de nous deux date de 1963 ou 1964, nous n'avons pas en mémoire l'année exacte. Elle a été prise sur le Boulevard de Belleville, par un photographe qui se tenait sous un porche à côté d'un petit cinéma où, très souvent, il était programmé des westerns. Ce cinéma se situait pratiquement à la hauteur de la rue Ramponneau.
    Peu après notre rencontre notre bande de copains s'est formée : six garçons pour deux filles  en majorité de la rue du Pressoir sauf deux du Passage Deschamps. A cette bande de garçons s'ajoutaient les frères de Liliane, les jumeaux.
    Toute notre bande se retrouvait, toujours chez Liliane où nous pouvions, en toute liberté, profiter pendant des heures de franches rigolades, danser et chanter. Comment résister à la déferlante des groupes anglos-saxons, des Rockeurs comme Elvis et bien d'autres puis des Yé-yés  qui nous arrivaient, à commencer par Johnny, les Chaussettes Noires et les Chats Sauvages ? Quelle révolution pour notre jeunesse !
    Nos ballades dans tout  le quartier et principalement sur le Boulevard de Belleville, les diabolos fraises, les glaces à l'Italienne, le Ménil Palace, le Cocorico sans oublier les garçons que nous rencontrions sur notre parcours... Dans ce domaine, jamais l'une n'a empiété sur le territoire de l'autre et pour cause, pour une fois, nous n'avions pas les mêmes goûts. Liliane préférait les bruns et moi les blonds aux yeux bleus et de préférence aux cheveux longs. Evidemment Liliane possédait un sérieux avantage sur moi, mon idéal ne se trouvant pas à tous les coins de rues.
    Nous nous retrouvions, aussi, très souvent au café de la rue du Pressoir chez Mme Andrée. Le soir nous écoutions Salut les Copains, nous étions souvent assises en face du garage sur la pierre.
    En 1964 j'ai fait embaucher Liliane dans l'entreprise où je travaillais, place Martin Nadaud en face du Père Lachaise, elle y travaille toujours sauf que l'entreprise a déménagé. Après 45 ans de bons et loyaux services elle prendra sa retraite en 2009.
    Pour ma part, à cette époque, cette vie ne me convenait pas. A 16 ans j'avais décidé de partir au Canada mais j'avais simplement oublié qu'il m'était impossible de laisser ma mère seule. Je me suis sacrifiée et j'ai, alors, abandonné mon projet.
    Voilà la petite histoire de Liliane et de Josette, deux copines de la rue du Pressoir.
    A bientôt, cher Guy,
    Josette