En cueillant des souvenirs du passé, Nicole Bourg a traversé les images de notre Rue du Pressoir. Elle y a laissé un émouvant témoignage.
Je viens de parcourir une partie de votre entretien avec Mr Bienvenu Mérino et je m'aperçois que vous êtes resté assez peu de temps rue du Pressoir. Moi aussi j'étais "protégée", avec une éducation stricte ! Il fallait avoir de bons résultats scolaires. En fait, j'adorais l'école, mais toujours avec cette petite appréhension de ne pas réussir. Je voudrais rendre hommage ici à mes institutrices, Mesdames Buissière, Bertin et Florès. Si elles sont encore de ce monde, elles sont très âgées. Peut-être ont elles des descendants... C'est grâce à elles que j'aimais tant l'école. Moi aussi, je suis une idéaliste et j'ai un profond mépris pour l'injustice. Je veux toujours refaire le monde. C'est peine perdue, me direz vous, mais en ce qui concerne "Notre quartier" j'ai encore beaucoup de souvenirs. Aussi des récits de mes parents sur ce quartier qui a tant souffert. Pendant la guerre, ils étaient très jeunes! Je suis née le 3 Février 1942 à Paris, vingtième arrondissement.
J'habitais au 31, rue des Maronites. Nous avions une concierge. Pour rentrer il fallait sonner puis elle ouvrait depuis sa "Loge". D'abord, il y avait une première grande cour avec des petits ateliers, dont l'un était tenu par une amie de Maman. Elles étaient couturières. Cette amie de Maman s'appelait Giovanna Vespetti. Son nom d'épouse était madame Mignon. C'était comme une tante pour moi. Il y avait aussi ses parents assez âgés. D'autres encore dont nous étions très proches. Les grandes personnes étaient solidaires. Dans la petite cour, il y avait une petite imprimerie avec deux employés. Dans le bâtiment voisin habitaient mes grands-parents. A l'étage en dessous, mon oncle Giuseppe. Dans le bâtiment en face,ma tante Elisa. Au 34,rue des Maronites, le frère de maman vivait dans un petit appartement (plus grand que le nôtre) avec son épouse et ses enfants.C'était une grande famille! Nicole