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fête foraine

  • LA FETE FORAINE A BELLEVILLE

     

     

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    Elle allait, je crois, du métro Belleville jusqu'à Combat devenu Colonel Fabien.

    C'était à la file, les baraques de loteries diverses avec ce petit cliquetis particulier que fait la roue de la ou de (l'in)fortune en tournant.  Le chaland attend  le nez en l'air que le grand disque de la chance s'immobilise et que le manipulateur annonce :  "Le numéro ... est gagnant !" On pouvait choisir 1 kilo de sucre ou d'autres choses. Le tir à la carabine, j'entends encore le petit bruit sec que fait le plomb quand il s'écrase sur la plaque d'acier derrière la cible en carton et qui résonne fort loin. Les autos-tamponneuses ou l'on fonce, de préférence, dans la voiture des filles et parfois on arrive à "échanger" le copain pour une des copines. La femme-tronc, le mouton à cinq pattes, les lutteurs et les boxeurs... On applaudit celui qui relève le gant. J'aimais bien les écureuils, petites nacelles fixées sur un axe ou l'on s'enfermait à un ou à deux et en se balançant. On faisait exécuter un arc de cercle et de plus en plus vite. Cela me fait penser encore à Yves Montand avec Une demoiselle sur une balançoire. La Chenille, nous attendions émus que la coiffe se referme sur nous pour oser embrasser sa passagère. La barbe à papa et les pommes d'amour, rouges comme les lèvres des jeunes filles qui ne pouvaient s'offrir que des bâtons de rouge de qualité douteuse. Même  la marque Rouge Baiser nous laissait des traces sanglantes autour des lèvres. Quel ravissement !


     

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    Un dimanche après-midi d'automne, j'étais à la fête avec les copains, je devais avoir seize ans. Nous déambulions au hasard quand tout à coup je vois passer tout près de moi, pareille à une traînée lumineuse, une jeune fille portant une magnifique robe blanche à volants. Nous nous regardons alors, l'espace d'un instant, comme surpris de notre rencontre. J'ai juste le temps de voir son visage à la carnation pâle mais admirable. Ses yeux étaient bleus avec un éclat qui me transperçait, ses lèvres minces, bien dessinées et un nez très fin. Je ne l'avais jamais vue auparavant mais j'avais tout à coup l'impression de la connaître ou plutôt de l'avoir toujours attendu. Ces cheveux blonds étaient bouclés et formaient des anglaises. Elle était belle, magnifique, éblouissante, divine. Mon cœur battait très fort et j'étais conquis, non pas "… loué jusqu'au mois d'août", comme Rimbaud mais pour toute l'année déjà finissante. Laissant en plan mes copains, je courais derrière la belle qui déjà m'échappait. Elle n'était pas grande mais ses jambes si fines se mouvaient rapides et s'éloignaient rapidement dans la foule. Elle paraissait fuir ou chercher quelqu'un. Etait-elle égarée ? Avait-elle perdu le bras d'un père ou d'une mère ? Elle paraissait apeurée. Je la suivais des yeux craignant de la perdre à chaque instant, bousculant sur mon passage tout se qui me séparait de cette furtive apparition. emportée par la foule… Edith Piaf a chanté cette belle et poignante chanson, cette foule qui lui rend, lui prend, lui redonne et lui reprend à tout jamais l'être aimé. Car ce jour là moi aussi j'aimais.

    J'ai couru, j'ai cherché partout, j'ai inspecté tous les stands, toutes les baraques, en vain. Elle avait disparue. J'ai longtemps parcouru la fête foraine avant de me résigner. Je l'avais perdue à tout jamais. J'étais triste ainsi que l'on est quand un être cher meurt et que l'on sait que l'on ne le reverra jamais plus, vous laissant seul, abandonné.

    Depuis ce jour, j'ai cessé d'aller aux fêtes foraines.

    Encore aujourd'hui, je pense à cette robe blanche qui courait dans la foule. Si par extraordinaire, vous la croisez, dites-lui que je l'ai cherchée et que je l'ai attendue longtemps, très longtemps. Robert

     

     


     


    Edith Piaf - La Foule

  • FETE FORAINE ET HOMME ORCHESTRE

     

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    Impossible de me rappeler de ces Hercules et Fakirs qui devaient déambuler sur les trottoirs du quartier. J'ai beau me creuser la tête, je ne vois pas,  ça ne resurgit pas. Sur le boulevard de Belleville nous pouvions, souvent, regarder de belles scènes de rue exécutées par des artistes. Je sais que tous les ans, s'installait entre le métro Couronnes et celui de Ménilmontant, une fête foraine qui attiraient les gens du quartier et d'ailleurs et qui durait, je crois, plusieurs semaines. Peut-être qu'au moment de cette fête, il y avait des exhibitions de ces charmants personnages.
    Je revois la roue, en face du bar La Mascotte, à l'angle de la rue des Couronnes et du boulevard de Belleville. Nous pouvions gagner du café ou des kilos de sucre et bien d'autres choses. Je revois le tir à la carabine, les manèges sur la place de Ménilmontant, la chenille et le Mont Blanc ainsi que les auto-tamponneuses. Tous les ans, nous allions à cette fête foraine avec mes parents. Plus tard, à l'adolescence, je m'y rendais avec Liliane. Les jeunes se retrouvaient devant les manèges sur la place de Ménilmontant. Grisés par la vitesse de la chenille ou du Mont Blanc, qui était couvert si je me rappelle bien, nous pouvions entendre les cris de tous les jeunes dont notre bande faisait partie.
    Si je ne me souviens pas des Hercules et Fakirs, j'étais impressionnée et admirative des hommes orchestre. Très souvent, je rencontrais l'un de ces hommes dans notre quartier. Comme hypnotisée, je restais plantée devant lui, à le regarder. Il était appareillé de la tête aux pieds. Sa démarche au son des cymbales et de tous ses instruments de musique en mouvement le faisait ressembler à un pantin. Il arpentait le trottoir du boulevard de Belleville, entre la rue des Maronites et la rue de Ménilmontant. Je me rappelle aussi les mimes, ces automates vivants, que nous pouvions apercevoir principalement sur le boulevard. Du beau spectacle de rue que je regrette et que j'aimerais retrouver.
    Notre époque, c'était vraiment le bon temps même si elle était parfois difficile. On ne se posait pas trop de questions, la vie était comme elle était et cette chienne de vie était la nôtre. Nous l'aimions. Il fallait juste bosser pour s'en sortir, c'est tout ce que nous avions à faire.
    J'ai comme l'impression de ne pas vous être d'un grand secours dans l'histoire de votre Hercule de foire. Espérons que d'autres visiteurs pourront vous apporter des témoignages bien plus intéressants. Josette Farigoul