Impossible de me rappeler de ces Hercules et Fakirs qui devaient déambuler sur les trottoirs du quartier. J'ai beau me creuser la tête, je ne vois pas, ça ne resurgit pas. Sur le boulevard de Belleville nous pouvions, souvent, regarder de belles scènes de rue exécutées par des artistes. Je sais que tous les ans, s'installait entre le métro Couronnes et celui de Ménilmontant, une fête foraine qui attiraient les gens du quartier et d'ailleurs et qui durait, je crois, plusieurs semaines. Peut-être qu'au moment de cette fête, il y avait des exhibitions de ces charmants personnages.
Je revois la roue, en face du bar La Mascotte, à l'angle de la rue des Couronnes et du boulevard de Belleville. Nous pouvions gagner du café ou des kilos de sucre et bien d'autres choses. Je revois le tir à la carabine, les manèges sur la place de Ménilmontant, la chenille et le Mont Blanc ainsi que les auto-tamponneuses. Tous les ans, nous allions à cette fête foraine avec mes parents. Plus tard, à l'adolescence, je m'y rendais avec Liliane. Les jeunes se retrouvaient devant les manèges sur la place de Ménilmontant. Grisés par la vitesse de la chenille ou du Mont Blanc, qui était couvert si je me rappelle bien, nous pouvions entendre les cris de tous les jeunes dont notre bande faisait partie.
Si je ne me souviens pas des Hercules et Fakirs, j'étais impressionnée et admirative des hommes orchestre. Très souvent, je rencontrais l'un de ces hommes dans notre quartier. Comme hypnotisée, je restais plantée devant lui, à le regarder. Il était appareillé de la tête aux pieds. Sa démarche au son des cymbales et de tous ses instruments de musique en mouvement le faisait ressembler à un pantin. Il arpentait le trottoir du boulevard de Belleville, entre la rue des Maronites et la rue de Ménilmontant. Je me rappelle aussi les mimes, ces automates vivants, que nous pouvions apercevoir principalement sur le boulevard. Du beau spectacle de rue que je regrette et que j'aimerais retrouver.
Notre époque, c'était vraiment le bon temps même si elle était parfois difficile. On ne se posait pas trop de questions, la vie était comme elle était et cette chienne de vie était la nôtre. Nous l'aimions. Il fallait juste bosser pour s'en sortir, c'est tout ce que nous avions à faire.
J'ai comme l'impression de ne pas vous être d'un grand secours dans l'histoire de votre Hercule de foire. Espérons que d'autres visiteurs pourront vous apporter des témoignages bien plus intéressants. Josette Farigoul