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le ballon rouge

  • LE PARCOURS DU BALLON ROUGE

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    En revoyant Le Ballon Rouge d'Albert Lamorisse (dont l'édition DVD vient de paraître), j'ai mesuré l'étendue du désastre. Le Ménilmontant du film ne coïncide plus guère avec la topographie actuelle. J'ai pensé que Josette Farigoul, née rue du Pressoir où elle a vécu jusqu'en 1968, pourrait nous aider à retracer le parcours de Pascal. Elle donne ici quelques pistes pour suivre l'enfant au ballon rouge dans le réseau des rues, ruelles, passages des années 1950.

    "Ah ! j'ai acheté le DVD du  Ballon Rouge. Il faut que je le visionne de nouveau car  j'ai du mal à saisir le parcours du jeune Pascal. Pour moi il habitait rue des Envierges mais je comprends mal pourquoi il se retrouve rue Vilin pour prendre le 96 à Ménilmontant-Pyrénées. Ce n'est pas logique ou alors je vois cet arrêt de bus plus haut qu'il n'est. Il va où à l'école ? On reconnaît bien la passerelle de la rue Piat avec le facteur. La poursuite dans le passage, peut-être est-ce le passage Notre Dame de la Croix qui à mon avis serait le plus long des passages. Il  y en avait beaucoup : le passage Vilin, le passage Ronce, le passage Julien Lacroix mais je ne les vois pas si biscornus, ou alors il y a eu un montage de plusieurs passages. En le revisionnant je vais peut-être mieux comprendre. La fin du film se passe dans ce terrain vague que nous appelions le zone, dans le haut de la rue des Couronnes, probablement où se trouvent les Jardins de Belleville. Il va falloir que je comprenne. J'ai quand même du mal à me repérer. Je vois bien la rue Piat, la rue Vilin, la rue de Ménilmontant bien sûr, la rue Julien Lacroix et la rue du Liban avec Notre Dame de la Croix. La boulangerie où il s'achète un gâteau c'est au coin de la rue Piat. Je vais suivre tout ça de près. j'aime bien comprendre principalement lorsque je me pose des questions." Josette Farigoul
  • LE BALLON ROUGE D'ALBERT LAMORISSE EN DVD

     

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    Le Ballon Rouge (Palme d'Or à Cannes 1956), le chef d'oeuvre d'Albert Lamorisse vient de sortir en DVD, couplé avec Crin Blanc (autre masterpiece, Prix Jean Vigo 1953). Les deux films ont été restaurés numériquement en haute définition. En bonus, Portrait d'Alain Emery, L'enfant qui ne savait pas sourire (un film d'Arnaud Dommerc - 44 minutes) et Mon père était un ballon rouge (un film de Chloé Scialom - 52 minutes). A l'intérieur de la pochette, on trouve l'affiche des films, des images à colorier et des planches d'autocollants. Une grande, une heureuse surprise !

    Le portrait d'Albert Lamorisse par Chloé Scialom est plus que touchant. Le cinéaste disparu accidentellement en plein tournage est raconté par son fils, Pascal, le petit garçon au ballon rouge. Devenu grandet, Pascal Lamorisse, accompagné de sa fille, retrace le parcours d'un homme qui a dédié sa vie à l'enfance définitive.

    Parfois nous revenons sur les lieux où fut tourné Le Ballon Rouge. Quelques endroits n'ont pas changé mais les environs de la rue Piat coïncident avec le décor moderne.

    En revoyant ce film, je constate l'étendue de mon ignorance. J'avais six ans lorsque j'ai quitté la rue du Pressoir, un âge où il est impossible de mémoriser des noms de rues, de passages. Il manque un superbonus à cette réédition. Une lecture commentée des lieux parcourus par le petit Pascal. Car les perpendiculaires de la rue de Ménilmontant arpentée par le bus 96 sont aujourd'hui méconnaissables. Qui saurait dire le nom de ces passages étroits où courent les mominards du film ? Josette Farigoul saurait ou peut-être vous, visiteur instruit d'une époque engloutie ?

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    www.shellac-altern.org

     

  • LE BALLON ROUGE FLOTTE SUR LA RUE DU PRESSOIR

     

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    Le Ballon Rouge, 1956

    Depuis que nous nous sommes retrouvés, plus de quarante ans après, nous entretenons une correspondance par mails qui aboutit à sauver de l'oubli des images, des piétons de Paris. Chaque jour ou à peu près, Josette Farigoul désensevelit. Des rues effacées de ma mémoire reprennent vie, des visages passent de l'invisible au visible.

    Dans un billet publié sur ce blog il y a jolie lurette, j'évoquais la couleur de la rue du Pressoir (Paris,vingtième arrondissement) et je tâchais de faire entendre les bruits qui sonnaient à mes oreilles d'enfant. Je vécus 23-25 rue du Pressoir de 1954 à 1960 et ce fut mon âge d'or. J'ai raconté le mélange des êtres, la générosité, les portes toujours ouvertes. Durant cette période j'ignorais que vivait tout près de moi et à portée de mes souvenirs futurs une jeune Josette, née en 1948, qui demeura dans ce quartier jusqu'à l'expulsion ordonnée par les maîtres de l'époque, le couple De Gaulle-Malraux.

    J'ignorais que l'immeuble de mon enfance serait sauvée des ruines par un être si habité qu'il contient plus de souvenirs que je n'en aurai jamais. Josette ranime les couloirs, les cages d'escaliers. Elle fait parler des paliers, des fenêtres. Ses phrases réalisent le mouvement. Un film s'écrit grâce à elle. Le film des petites choses vraies. Un cinéma fait de passants, de silhouettes rapides d'où partent des rires, aussi parfois des cris et des pleurs.

    Chaque matin, je retrouve Josette Farigoul dans ma messagerie et c'est un parfum de jeunesse qui embaume mon bureau. Chaque jour je rejoins la rue du Pressoir, notre embarcadère lumineux.

    Hier, nous nous promenions rue de Ménilmontant, rue Oberkampf. Nous allions au cinématographe. Au Ménil Palace, au Cythea, au Cocorico du boulevard de Belleville. Séances dominicales qui occupaient l'après-midi.

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    Le Ménil Palace, 1955
    Photo H. Guérard

    Aujourd'hui, Josette évoque Le Ballon Rouge, le film d'Albert Lamorisse datant de 1956 où jouaient Renaud et David Séchan, les deux frères jumeaux nés quatre ans plus tôt. Le fameux ballon vire-voltant dans le ciel de Ménilmontant, Josette Farigoul l'a vu, de ses yeux vus. Et je ne parle pas du film qu'elle connaît par coeur. Mais de cette sphère remplie d'air qui vint toquer à sa fenêtre. Et pourtant le moyen métrage de Lamorisse était déjà sorti en salle. L'objet du film, le fil du souvenir flottait toujours. Lisez plutôt :

    "Le Ballon Rouge,  je l'ai visionné. J'ai bien vu au générique Edmond Séchan. J'ai effectivement pensé que c'était peut-être de la famille de Renaud. Par contre je n'ai pas reconnu le chanteur.
    Savez-vous que ce ballon rouge a existé ? Lorsque je suis allée sur votre site pour la première fois je me suis dit "mais c'est mon ballon", sauf que le mien était beaucoup plus gros.
    C'était un matin, très tôt avant de partir pour l'école. Il faisait très froid. Le linge à la fenêtre était complètement gelé, il se serait cassé comme du verre. De la fenêtre de mon 3e, j'ai aperçu un énorme ballon, que j'ai toujours vu rouge. Je pense que j'avais 10 ans. C'était donc en 1958. Certainement un ballon publicitaire (de la réclame à ce moment là).  Avec ma mère, à l'aide d'un balai, nous avons réussi à le ramener jusqu'à la fenêtre, je voulais absolument ce ballon. Le seul petit problème c'est qu'il ne passait pas par la fenêtre, j'ai dû le laisser repartir. Peut-être est-il parti vers la rue Vilin. Je me suis toujours souvenue de ce ballon énorme. Coïncidence bien sûr, mais la couleur et l'année correspondent. J'aimais voir aussi dans le ciel,  les réclames que les avions écrivaient. On ne voit plus tout cela." Josette