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ménilmontant 1950

  • JEAN-PIERRE NOUVEL SE SOUVIENT DU PASSAGE DESCHAMPS

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    J'avais vu la photo du Passage Deschamps il y a déjà assez longtemps en cherchant des informations sur ma vie passée. Ca me rappelait quelque chose. C'était un très vieux souvenir, je devais avoir trois ou quatre ans car nous avons emménagé à Charenton en 1955 ou 1956. Je me souviens d'un soir, j'étais avec mon père et ma mère, il faisait nuit quand nous sommes entrés dans une ruelle sans lumière avec de gros pavés, j'avais peur, il y avait une palissade en bois et un café sur la gauche. Les portes étaient grandes ouvertes, il y avait de la lumière à l'intérieur et des hommes qui discutaient fort à l'extérieur. Nous sommes entrés dans un couloir à gauche où on ne voyait rien, puis nous avons monté des escaliers et nous sommes arrivés chez nous.

    C'était le 11 Passage Deschamps. Je viens subitement d'avoir l'idée de regarder l'adresse de mes parents sur mon acte de naissance, aujourd'hui le 10 avril 2014, à Ulsan en Corée du Sud. Presque soixante ans ont passé depuis ...

    Mes parents arrivaient de la Nièvre à l'époque où ils avaient été placés par l'Assistance Publique et avaient dû se loger temporairement à cet endroit pour commencer leur nouvelle vie. A la date de mes souvenirs, mon père devait avoir trente-et-un  ans et ma mère vingt-huit.

    Je me souviens également être retourné voir d'ancien voisins avec mes parents plus tard et, à cette occasion, j'avais fait du manège sur le boulevard de Ménilmontant et mangé une pomme d'amour. Il y avait un attroupement, c'etait la RTF qui faisait un reportage. Le reporter qui interviewait les passants etait Pierre Tchernia. Il m'avait paru immense.

    Mes frères n'ont pas connu le passage Deschamps. 
    Ma soeur est née en 1950, moi en 1952. Les suivants en 1956, 1958 et 1961, tous a la maternité de l'Hôpital de la Croix Saint-Simon. Jean-Pierre Nouvel

  • PHILIPPE HIRAGA ET LA RUE VILIN

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    Photos © Philippe Hiraga

     

     

    Les photographies de Philippe Hiraga témoignent de la destruction de la rue Vilin en y ajoutant un chromatisme particulier et une saveur rouille. Elles indiquent la bascule du temps. Quelque chose fut que l'on devine. Ce quelque chose rayonne dans chacune de ces images, comme les rais d'un crépuscule immobile.

    Philippe Hiraga nous a retrouvés. Nous lui avons demandé d'évoquer son expérience de la rue Vilin.

     

    "J'ai connu Ménilmontant quand j'étais enfant à la fin des années 1950, grâce à mon père qui était artiste-peintre, diplômé du San Francisco Institute of Arts. Il a peint plusieurs toiles de Ménilmontant dans les années 1920 à 1950. Il a une toile au Musée Georges Pompidou, mais ce n'est pas Ménilmontant, c'est une vue du port de Douarnenez. Nous n'étions pas du quartier car nous habitions le 6ème arrondissement. Je suis retourné du côté de la rue Vilin en 1969, le quartier était à l'abandon, attendant la démolition. J'ai pris quelques photos, trop peu malheureusement. C'est plus tard, un peu par hasard, que je suis tombé sur les démolisseurs à l'oeuvre. C'était en 1971 mais je n'ai pas de date exacte, peut-être septembre 1971. Je peux simplement dire que le haut de la rue Vilin était totalement détruit à la fin octobre 1971. Mon témoignage est donc bien fragile", Philippe Hiraga