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  • RUE DES MARONITES

     

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    La Rue par Balthus

    Jusqu’au grand bouleversement des années 60, la rue du Pressoir prenait sa source dans la rue des Maronites, s’enrichissait au passage d’un petit affluent, le passage Deschamps, et amorçait un large méandre avant de se jeter dans la rue des Couronnes.

    Si donc vous souhaitiez la remonter, il fallait emprunter la rue des Maronites.

    J’ai constaté que plusieurs visiteurs du site y avaient de nombreux souvenirs et je vous propose d’y ajouter les miens.

    Il est possible que mon témoignage ne suive pas fidèlement le cours des années, mais ce que je souhaite c’est raconter « ma » rue des Maronites, telle que tapie au plus profond de ma mémoire. Celle de mon enfance, de mon premier âge, juste avant que l’adolescence ne disperse ailleurs mes centres d’intérêt.

    Dixit Jacques Hillairet, la rue des Maronites a un an de plus que la rue du Pressoir. Elle s’est urbanisée en 1836 sur les traces d’un sentier du XVIIIème siècle.

    Elle démarre boulevard de Belleville, et cela commence très mal pour moi car je n’arrive pas à me souvenir du premier magasin côté pair ! Tout au moins dans les années 40. Après il y eût successivement un marchand de meubles, de voitures d’enfant… En face, une grande boulangerie animait l’angle, suivie d’un immeuble et d’une entreprise dotée de deux larges portes métalliques vert foncé. Suivait un café, avec une grande salle un peu sombre, légèrement en contrebas de la chaussée. Entre deux entrées d’immeubles, un marchand de couleurs (il me semble qu’il n’y a qu’à Paris qu’on parle de marchand de couleurs, ailleurs on dit un droguiste !).

    En face il y eut un temps une pâtisserie très agréable, à côté d’un hôtel à la façade recouverte de carreaux de faïence blanc et bordeaux. Denise, la fille de la maison, allait à l’école avec moi. Des immeubles, puis la cour et les arrières de la Poste de la rue Étienne Dolet.

    Je vais devoir maintenant naviguer de bâbord à tribord, sans souci de la circulation qui ne posait pas vraiment problème. 

    Côté impair, une toute petite boutique offrait aux amateurs l’éventail de la charcuterie auvergnate arrivée directement du pays. Mon oncle et ma tante ne manquaient pas d’y acheter des « gratons » chaque fois qu’ils nous rendaient visite. On y trouvait aussi des frites, et de la morue en beignet que l’on rapportait enveloppée dans de grands papiers blancs tout graisseux.

    On ne la cuisinait pas chez soi, à cause de l’odeur.

    À touche-touche, je revois comme si c’était hier la caverne d’un rose délavé où régnait une espèce de fée bienveillante. Sa porte était toujours ouverte. Quand on entrait, elle apparaissait tout étonnée du fond de je ne sais où, comme si elle venait de se réveiller. Elle arborait une chevelure foisonnante, portait des grandes lunettes, et suçotait constamment quelque chose. Elle vendait tout ce qui pouvait intéresser les enfants : des billes, des petits jouets, des perles, des pochettes-surprises… et des bonbons indéfinissables dont on avait l’impression qu’ils étaient là depuis toujours. La boutique sentait la fraise et la poussière : c’était complètement délicieux.

    Un café/hôtel faisait suite, puis le Primistère, la grande épicerie, à l’angle de la rue du Pressoir. J’aimais bien aller chez « Madame Primistère », retrouver la caisse centrale, le carrelage propre comme un sou neuf et les étagères pleines de jolies boîtes de conserve. J’y allais toute seule, il n’y avait que la rue à traverser « en faisant bien attention » !

    Sur le trottoir d’en face, après la Poste, le mur sans porte d’un atelier de menuiserie ouvert sur la rue Étienne Dolet portait l’inscription « Défense d’afficher, loi du 21 juillet 1881 ». Combien de fois me suis-je répétée cette phrase énigmatique en allant à l’école !

    Pour rentrer à la maison, je passais devant l’épicerie des parents de ma petite amie Lisette. À la réflexion, je me demande aujourd’hui comment vivait cette famille tant il y avait peu de choses à vendre dans le magasin. L’hôtel meublé de Monsieur Castel le séparait de la boucherie du père de mon autre amie, Cécile. J’avais l’impression que Monsieur Castel passait son temps assis à son bureau, et était chargé de surveiller la rue, caché derrière un voilage.

    Il faut que je m’arrête ici un moment car les souvenirs, bons et moins bons, se précipitent.

    J’allais souvent chez Cécile où j’étais toujours bien accueillie. Ses parents, juifs d’origine polonaise, pressentant le pire, évacuèrent leurs trois enfants en zone libre dès qu’ils le purent. Le papa ferma bien sûr la boutique, disparut lui aussi, et la maman garda les lieux, sans sortir, tout le temps de l’occupation. Bien entendu, nul d’entre nous n’était au courant de sa présence et les faits ne nous furent rapportés qu’en 1945. La boutique fut rouverte lorsque revint notre boucher et maman lui fut toujours reconnaissante du beefsteak dont il lui fit cadeau pour régaler mon parrain à son retour de captivité.

    La vie reprit son cours, et je retrouvai chez Cécile les grands plats de gâteaux que confectionnait sa maman, le parfum de la cannelle et des graines de pavot, qui me dépaysaient et me changeaient des tartes aux pommes de la maison ! (J’y pense à chaque fois que je me promène rue des Rosiers, dans le Marais).

    On arrivait ainsi progressivement au cœur de la rue des Maronites : l’embouchure de la rue du Pressoir.

    Arrivée là, j’ai des références ! Le 24, c’était « mon » immeuble et tout tournait autour ! Les habitants m’étaient tous connus, leurs habitudes et, pour certains, leurs appartements. J’y étais chez moi.

    La bonneterie du rez-de-chaussée n’avait pas changé depuis les années 20. Je l’ai connue telle qu’elle figure sur la photo publiée sur le site. Les propriétaires avaient l’âge de ma grand-mère et la longue barbe de Monsieur Tabak était grisonnante, mais la vitrine, les casiers et le grand comptoir de bois dataient de la création du magasin. Le souci de mode n’intervenait pas sur le choix des articles présentés : on vendait du sérieux, du solide, on respectait religieusement le jour du sabbat et les traditions qui y étaient attachées. (Maman m’a souvent raconté que, Léa, l’une des fillettes de la famille qui avait son âge, mourait d’envie de manger du jambon qui lui était interdit et l’interrogeait souvent sur le goût que cela pouvait avoir !)

    Une anecdote au passage : un soir des années 42 ou 43 - je ne me souviens plus exactement - alors que nous venions de nous endormir, grand branle-bas dans l’immeuble. On frappe brutalement à la porte : ma grand-mère va ouvrir, c’était la police qui, sans ménagement, pénètre dans le logement, me fait lever également et commence à fouiller partout. La même opération à chacune des deux portes des quatre étages. Rapidement, tous les hommes de la maison sont « invités » à se regrouper au rez-de-chaussée et on entend courir et parler allemand dans la rue des Maronites. Deux hommes bousculent un peu tout dans les deux pièces et se montrent agressifs en trouvant, dans la table de chevet de ma grand-mère, un nerf de bœuf qu’elle conservait là Dieu seul sait pourquoi car on ne craignait pas spécialement les attaques. Plusieurs voisines se regroupent chez nous et nous attendons avec inquiétude la suite des évènements. Des cris et des bruits de poursuite continuent à nous parvenir. Inutile de préciser que le temps nous a semblé long… jusqu’à ce qu’enfin les hommes soient autorisés à rentrer dans leurs foyers. On devait apprendre plus tard qu’un soldat allemand avait été tué dans un immeuble de notre rue. Sans plus d’explication.

    Naturellement, ma grand-mère rapporte les faits à maman le lendemain matin. À maman qui passe par toutes les couleurs, car elle se souvient  qu’un revolver de son père était caché dans le fond d’une armoire ! Le nerf de bœuf à côté était un jouet d’enfant ! Dans l’heure qui suivit, l’arme dûment dissimulée dans un journal, était discrètement jetée dans un égout du quartier …  

    Le 26 et ses deux étages, collé au 24, permettait la conversation de fenêtre à fenêtre avec Madame Baronnet, la concierge logée au premier. Au rez-de-chaussée, c’était la Cave, où l’on achetait le vin à la tireuse. Trois (ou quatre ?) grandes cuves contenaient le vin de table courant, les bouteilles « du dimanche » trônant à la place d’honneur sur les étagères. Je collectionnais consciencieusement les superbes étiquettes en couleurs dont on me faisait gentiment cadeau quand on n’en avait pas l’usage.

    L’antre du bougnat suivait au 28. J’avais l’impression qu’on y servait à boire au milieu du charbon et des ligots tellement c’était noir. En hiver, le propriétaire, allait livrer à ses clients les sacs de boulets et d’anthracite coincés directement sur son dos. Le pauvre, un sac de jute sur la tête en guise de capuchon ne le protégeait guère de la poussière de charbon, si bien qu’il était aussi noir que sa boutique ! L’été, par contre, un camion lui livrait de la glace et l’on savait qu’on pouvait en trouver chez lui.

    Après, c’était Legrand, le marchand de bois de construction dont le chantier était traversé d’une large allée ouverte qui épousait la dénivellation du terrain jusqu’à la rue Étienne Dolet. Il tenait bien à lui seul l’espace de deux boutiques. On se disait qu’il n’aurait pas fallu que le feu y prenne car tout le quartier aurait flambé. 

    Sur le trottoir d’en face, le café de « Madame Gaston » faisait l’angle de la rue du Pressoir. J’en ai déjà parlé et n’y reviens donc pas. La clientèle était d’habitués, chacun savait y retrouver qui, en fonction de ce qu’il avait à y faire ! On pouvait même y jouer au billard. Moi j’aimais bien Madame Gaston qui a toujours été très aimable avec nous, notamment si, exceptionnellement ou en cas d’urgence, il fallait recevoir ou passer un coup de téléphone.

    Un coiffeur pour hommes précédait l’entrée du 23 dont on voyait souvent la concierge faire la causette sur le pas de la porte. C’était une vieille dame toujours vêtue d’une blouse noire à fleurettes. Elle vivait là depuis longtemps et avait de nombreux souvenirs du quartier de Charonne en commun avec ma grand-mère.

    Au 25 - ou 27 peut-être ? - on était chez Madame Pouzet. J’adorais. On montait trois marches. On  trouvait les journaux, les cahiers, la craie, les crayons à papier et d’ardoise, et les bonbons. Contre une pièce de dix sous on pouvait choisir un lot de friandises dans cinq ou six boîtes différentes : un rouleau de réglisse avec une perle de sucre rouge ou bleu au milieu, plus un roudoudou, plus une minuscule boîte de coco, un sucre d’orge, une sucette ou un bâton de réglisse à mâchonner. La seule difficulté était d’obtenir des parents la pièce de dix sous ! J’aimais bien aussi la petite boîte ronde en métal représentant une tête d’Africain et dont la langue se soulevait pour laisser passer les cachous. Mais ça, c’était plus cher !

    Un autre café ( il n’en manquait pas dans le quartier) et on arrivait à la cour du 29.

    Un porche à passer, et une cour donnant accès aux habitations. Pour moi, la cour du 29, c’était « la Fernande ». Je m’explique : cette dame dont je ne savais rien, était constamment entourée d’enfants d’âges divers qui l’accompagnaient dans ses courses. Elle transportait un cabas proportionné à l’appétit de sa nombreuse famille, et comme elle était aussi large que haute, j’avais l’impression que les sept nains de Blanche-Neige étaient en déplacement.  

    Toujours du côté impair, je me souviens du boucher de cheval, de la cour qui suivait et où justement logeait un équipage de deux énormes chevaux gris, de l’herboriste, du bureau de tabac, de ce que l’on appellerait aujourd’hui la maison de la Presse, et à nouveau d’un bar, à l’angle de la rue Julien Lacroix.

    Longeant « mon » trottoir, après le marchand de bois, un immeuble qui devait être le 34, le café Chez Maurice, puis la boulangerie avant l’école maternelle. Je redoutais en allant chercher le pain de croiser un sale gamin, un grand qui devait bien avoir 12 ans, et qui s’amusait à me terroriser !

    Pendant la guerre, la boulangère était indulgente et fermait les yeux sur les tickets de pain plus ou moins maquillés que mon cousin lui présentait. Elle prenait ses risques, qu’elle en soit encore remerciée ! 

    La courte rue du Liban s’annonçait, avec la boucherie faisant l’angle, et immédiatement après le tournant à droite, l’échoppe du cordonnier. C’était un petit bonhomme, myope comme une taupe, qui connaissait parfaitement son métier et savait tirer le meilleur parti des vieilles paires de chaussures que l’on devait préserver, faute de pouvoir les renouveler. Pour les vêtements et les chaussures aussi, il y avait des tickets.

    Une autre boulangerie formait l’angle de la rue Julien Lacroix. À cette époque le quartier était vivant, tout simplement parce que les nombreux petits commerçants étaient complètement immergés dans les lieux d’habitation et faisaient partie intégrante de notre quotidien, qui était aussi le leur.  

    Voilà. J’ai sûrement oublié beaucoup de choses et je compte bien sur vous autres, nombreux visiteurs du site, pour compléter ou rectifier mes souvenirs.

    Comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas vécu directement l’anéantissement de notre îlot du Pressoir et par conséquent, n’ai pas souffert de la séparation obligée d’avec mon milieu d’enfance à l’âge où cela s’est produit pour les natifs des années 45.

    Je dois avouer, qu’arrivée à l’âge adulte, le délabrement des immeubles, l’exiguïté et le manque de confort des logements me pesaient.

    Je continue à penser que l’amélioration des conditions de vie était indispensable pour tous. Reste que l’on ne peut que déplorer la méthode choisie pour la réaliser.

    À bientôt, et cordialement à tous, Lucile

     

  • L'ECOLIER DU BOULEVARD DE BELLEVILLE

     

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    Sur cette photo de classe 1962-1963 prise dans la cour de récréation du 75 Boulevard de Belleville, Maurice Tarlo, au dernier rang, est le cinquième en partant de la gauche

     

    J'ai fréquenté l'école du 75  Boulevard de Belleville en 1962 et en 1963. Nous habitions au 11/13 de la rue du Moulin Joly dans le onzième arrondissement. J'y ai vécu de 1955, année de ma naissance jusqu'en 1964, lorsque nous sommes partis en banlieue parisienne à Garges les Gonesse.

    J'ai 54 ans et je m'appelle Maurice Tarlo.
    Je connaissais bien la rue du Pressoir, de l'autre côté du Boulevardd de Belleville et surtout mes parents la connaissaient très bien.
    Par le plus grand des hasards, j'ai fait connaissance de trois gars qui ont aussi fréquenté cette école à la même période, mais ils n'ont plus de photos de classe, deux d'entres eux étaient même dans la même classe et ont le même âge. Ils sont nés en 1950. Ils se nomment Bernard Pourrez, Daniel Magnaud et Daniel Guilleminot. Et ils se souviennnent qu'ils allaient à l'école rue de La Fontaine au Roy travailler le bois une semaine et le métal la semaine suivante en vue d'un apprentissage de métier manuel.

    Nous nous retrouverons le 27 février 2009 dans le quartier devant la Maison des Métallurgistes, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris onzième, à midi. Nous déjeunerons ensemble et nous nous raconterons nos souvenirs d'enfance autour d'un bon repas.

    Je reviens de chez mes parents. Mon père est un gosse de ce quartier qu'il a connu dans les années 1940. C'est un amoureux de Belleville, quartier populaire au sens noble. Je me souviens de chanteurs ou chanteuses de rues qui venaient de temps en temps dans la cour du 11/13 rue du Moulin Joly et à la fin de leur chanson, les gens envoyaient des pièces par la fenêtre. On entendait dans les rues " Vitrier... Vitrier...", on voyait passer des rémouleurs. Il y avait une vie, il y avait un tissu social.

    L'épicier de la rue du Moulin Joly, Monsieur Mandonné : Ma mère payait au mois les notes de tranches de jambon, de gruyère rapé. Mon dentiste était au centre de santé des Métallos, il était renommé. Il se nommait  Jean TORCHINSKY.
    A la maison des Métallos, chaque fin d'année à la période de Noël, il y avait "la kermesse du Bol d'air". C'est une association qui a été créée par le PCF et qui avait vocation d'envoyer les enfants en colonie de vacances ou d'élever la jeunesse à la culture.
    Mon père m'a dit que même Guy Lux est venu dans cette salle des Métallos. Des artistes y ont chanté, comme Marcel Amont.
    J'étais petit mais je me souviens du cinéma Le Cocorico ou des films d'Hercule ou Maciste contre le Cyclope ! Je me rappelle des conditions de vie de mes parents dans un logement où il n' y avait pas de WC, pas de salle de bains, pas d'eau chaude, un poêle à charbons.
    Des souvenirs d'enfant de huit ans.
    Votre site est vraiment sympa. Rue du pressoir, j'ai bien connu avant tout l'essor immobillier des années 80. Je me rappelle avoir monté sur les épaules de mon papa les escaliers de la rue Vilin qui étaient interminables. On arrivait en haut et on disait ouf ! Maurice Tarlo

  • MEMOIRES D'UN VIEUX QUARTIER/BELLEVILLE-MENILMONTANT/1965

     

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    Documentaire sur le quartier de Belleville à Paris alternant les récits d'habitants du quartier et de nombreux plans et photos de ce petit "village". En guise de pré-générique, un homme chante "Le Moineau de Paris" (chanson d'Hector Pellerin). Désormais, Belleville est désertée par ses habitants, les boutiques ferment, on mure les portes et les fenêtres. Cependant la mémoire de ce quartier persiste grâce aux récits des habitants et commerçants qui font ainsi renaître le passé communard de Belleville et le Belleville du début du XXe siècle. Début 1900, Belleville était une sorte de campagne avec ses pavillons aux jardins peuplés de poulets ou de canards et aujourd'hui encore on découvre des traces de ce passé. Un homme raconte que de la vigne poussait rue Carducci (anciennement rue des Alouettes). Pendant 30 ans, les habitations sont restées vétustes, sans chauffage ni électricité, vouées à être détruites. Les enfants, quant à eux, se promenaient aux Buttes- Chaumont, assistaient à des pièces de théatre à Gavroche pour seulement deux sous et dès l'obtention du certificat d'études, ils commençaient à travailler. Il existait une forme de solidarité entre les habitants et lors des diverses grèves qui rythmaient le quartier, les grèvistes étaient soutenus par la population qui les nourrissait. Belleville pouvait également être comparée à une montagne que l'on gravissait grâce au funiculaire. Les représentations données au Théatre de Belleville étaient régulièrement mouvementées et ce quartier faisait souvent peur aux gens extérieurs, la "BANDE À BONNOT" y semant la terreur. La misère et les épreuves supportées en commun ont soudé les habitants entre eux et maintenant que les démolitions débutent, les habitants regrettent non pas les habitations vétustes mais l'ambiance si particulière de ce quartier. Désormais certains quittent Belleville, d'autres sont relogés dans de nouvelles habitations. Ainsi il n'est pas simple de ne pas briser les liens tissés par le temps et faire que l'histoire de ce quartier ne s'arrête pas là.

    CONSULTER LE DOCUMENTAIRE DE L'INA

    Voir également BELLEVILLE ET SES HABITANTS

    Clement Lépidis, écrivain, interviewe quelques habitants de Belleville : Un sabotier, la dernière blanchisseuse de Belleville, une ancienne couturière et un bellevillois né dans le caniveau. Il parle du langage bellevillois à Pierre Dumayet qui l'interviewe en 1973.

  • UNE FANFARE RUE DU PRESSOIR

     

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    Une fanfare défile rue du Pressoir. Vue depuis la rue des Maronites. Années 1958-60
    Chaque dimanche, nous aimerions publier sur le site de la Rue du Pressoir une image de notre quartier. Seulement, nous ne disposons que d'un très faible stock. Nos albums personnels sont limités. Aussi faisons-nous appel à vos archives. Si vous possédez une photographie que vous souhaiteriez mettre en ligne, avec les mentions et légendes que vous jugerez nécessaires, faites-nous plaisir. Elles feront le bonheur des visiteurs toujours plus nombreux qui viennent flâner parmi nos pages.

     

  • LE BEBE FUGUEUR

     

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    L'histoire que je vais vous raconter est authentique.
     
    La scène se déroule dans un premier temps rue des Maronites pour se terminer rue du Pressoir.

    Mes parents m'ont raconté cette petite histoire moult fois. L'année dernière encore, mon père ne savait pas, que c'était la dernière fois qu'il se remémorait "l'exploit" du "bébé" fugueur que j'étais! Papa ne rentrait pas tous les jours car il était "mobilisé" à la caserne des pompiers de Paris. Dans un premier temps, à Nativité puis, une fois les classes terminées, à la caserne de Port-Royal.
     
    Comme il est né en 1919, il était très jeune à l'époque. Il a été mobilisé je crois, pendant la période 1939-1945.
    Ma petite escapade  se situe vers le mois de juin 1944, j'avais vingt-huit mois. Ce matin là, maman devait se rendre à l'atelier de couture, de son amie car elle effectuait des travaux de couture avec elle. Quant à moi, bien sage, j'étais avec maman dans la cour, côté atelier.
    Je tirais un petit camion rouge, bien sûr attaché par une cordelette.
     
    Silence! On tourne !
     
    Je ne sais pas par quel hasard, la porte cochère se trouvait grande ouverte ! Peut-être en prévision d'une livraison de boissons destinée au Bar dont l'arrière-boutique donnait sur la grande cour.
     
    Soudain! la liberté s'offrait à moi. Je partais à toute allure ! Vers une destination inconnue ? Pas vraiment. Je courais sur mes petites jambes.
    Au risque de tomber! Le sourire aux lèvres, apparemment très pressée d'après les observateurs, je donnais l'impression d'avoir des ailes.
    Je devais bien être consciente, dans ma petite tête, que j'étais en train d'échapper à la surveillance de Maman.
     
    Je tournais à l'angle de la rue du Pressoir, je continuais, et là, l'objectif était atteint ! J'étais devant la crèmerie chez "Maggi" !
    Pendant ce temps, panique générale, tout le monde me cherchait. J'avais été repérée ! Cernée, les chalands étaient autour de moi afin que Maman puisse me rejoindre.
    J'affectionnais particulièrement ce magasin. Je donnais le pot au lait à la crèmière. Après elle le donnait à Maman car le pot était trop lourd, les bidons paraîssaient énormes... J'adorais cette crème de lait  qui se déposait au-dessus de la casserole. En ce temps là le mot "solidarité" dans notre quartier n'était pas un vain mot. Papa n'était pas natif de ce quartier. Il venait de la rue Laurence Savart, dans le XXème. Nicole Bourg

  • CONNAISSEZ-VOUS RENE NORMANT ?

     

    France Reynaud nous écrit dans l'espoir d'être renseignée sur ses grands-parents qui vécurent rue du Pressoir. Lisez son message ci-après et n'hésitez pas à laisser des commentaires. Si vous avez connu René Normant, quelle joie ce serait pour sa petite-fille ! 

     

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    René Normant

     

    Bonjour Monsieur, 

    J'ai récemment découvert votre site et j'y suis particulièrement attachée. En effet, je fais des recherches sur mes grands-parents maternels qui ont vécu dans la rue du Pressoir, après avoir vécu rue de la Chapelle à la fin des années 20. Mon grand-père s'appelait René NORMANT, il est né en 1899 à Paris (18°) et ma grand-mère était Marie-Louise NORMANT née BLANCHETIERE, décédée de la tuberculose dans un sanatorium en 1936. Mon grand-père a vécu au 3 (ou 5) rue du Pressoir pendant la 2nde guerre mondiale et certainement après. Il vécut après la mort de ma grand-mère, rue du Pressoir avec une dame du nom de COANUS (Emma était son son prénom, me semble-t-il). Il est décédé en 1969. Ma mère, Paulette NORMANT y a vécu avec son frère Maurice. Juste en face habitait une tante "Yvonne" qui vivait avec un certain Monsieur Pierre, je crois. Je n'en sais pas beaucoup plus malheureusement.

    Je suis à la recherche de toutes personnes qui pourraient les avoir connu pour pouvoir me faire partager quelques souvenirs et en savoir plus sur ce grand-père dont je me sens si proche.

    Peut-être pourriez-vous m'aider ou me conseiller dans ma recherche ?

    Merci d'avance

    Bien cordialement,

    France Reynaud. Dunkerque (59)

     

     

  • RUE HAXO/L'IMAGE DU JOUR

     

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    Angle de la rue Haxo et de la rue de Belleville

    Chaque dimanche, nous aimerions publier sur le site de la Rue du Pressoir une image de notre quartier. Seulement, nous ne disposons que d'un très faible stock. Nos albums personnels sont limités. Aussi faisons-nous appel à vos archives. Si vous possédez une photographie que vous souhaiteriez mettre en ligne, avec les mentions et légendes que vous jugerez nécessaires, faites-nous plaisir. Elles feront le bonheur des visiteurs toujours plus nombreux qui viennent flâner parmi nos pages.

     

  • PARIS JOUR PAR JOUR/LES FAITS IMPORTANTS DE 1935 A 1945

     

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    Belleville Robert Doisneau

     

    A Lucile qui se souvient si bien de l’îlot de la rue du Pressoir

    d’avant la guerre et bien après. Bienvenu Merino

    1935

    20 avril : Première  émission officielle de télévision à partir   du  ministère des P.T.T. rue de Grenelle.

    18 mai : Neige exceptionnellement tardive sur la région parisienne.

    5 juillet : Pose de la première pierre des musées d’Art moderne de l’avenue de Tokyo.

    14 juillet : Manifestation commune de la gauche, naissance du Front populaire.

    1er août : Premier transport aérien de poisson : les sardines pêchées le matin à La Baule sont mises en vente à Paris à dix-neuf heures.

    17 novembre: Création du service de renseignements téléphoniques S.V.P.

     

    1936 

     3 mai Victoire du Front populaire aux élections législatives.

    26 mai : Début d’une vague exceptionnelle de grèves.

    7 juin : Accords  salariaux de Matignon.

    31 juillet : Record absolu de pluie pour le mois de juillet avec 153 millimètres. Le maximum précédent, en 1829, était de 126 millimètres.

    9 septembre : Fondation de la Cinémathèque française par Henri Langlois, Georges Franju et Jean Mitry.

    1937

    1er mai : Première fête du Travail officielle et chômée.

    15 mai : Premier crime dans le métro, entre les stations Porte de Charenton et Porte Dorée.

    24 mai : Inauguration de l’Exposition internationale des Arts et des Techniques.

    27 août :  Inauguration au Trocadéro du musée des Monuments français.

    11 septembre : Attentats à la bombe contre les sièges de la Confédération générale du patronat français et de l’union des industries mécaniques, rues de Presbourg et Boissière.

    1938

    5 février : Inauguration du Stade Pierre de Coubertin.

    17 juin : Inauguration du centre de transfusion sanguine de l’hôpital Saint-Antoine

    30 septembre : Accueil triomphal pour Edouard Daladier, président du Conseil, de retour de Munich où il a abandonné la Tchécoslovaquie à Hitler.

    1939

    10 mars : Distribution des premiers masques à gaz à la population civile.

    19 mars : Affichage indiquant les emplacements des abris contre les raids aériens.

    21 avril : Décret-loi restreignant les attributions du Conseil municipal. Il est complété par le décret-loi du 13 juin.

    25 août : Saisie des journaux communistes L’Humanité et Ce Soir pour avoir écrit que le pacte germano-soviétique favorisait la paix.

    31 août : Début de l’évacuation des enfants de la capitale.

    1er septembre : Mobilisation générale et état de siège. La guerre est déclarée le 3.

    1940

    29 février : Mise en place de la carte d’alimentation.

    3 juin : Bombardement aérien : deux cent cinquante-quatre morts, six cent cinquante-deux blessés.

    10 juin : Départ du gouvernement pour Tours puis pour Bordeaux. Paris est déclarée ville ouverte le 13. Les allemands y entrent le 14.

    6 septembre : Sur les ondes de la B.B.C. à Londres, la radio de la France libre, sur l’air de la Cucaracha, lance le slogan : « Radio-Paris ment, Radio-Paris ment, radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand. »

    18 octobre : Instauration d’un statut spécial pour les juifs par les autorités allemandes d’occupation.

    11 novembre : Manifestation des étudiants à l’Arc de triomphe de l’Etoile.

    26 décembre : Loi suspendant le Conseil municipal.

    1941

    14 mai : Arrestation de cinq mille juifs  d’origine étrangère.

    1er juillet : Carte de rationnement du textile.

    20 août : Ouverture du camp de Drancy, centre de transit pour les juifs avant leur déportation.

    21 août : Assassinat à la station de métro Barbès d’un officier allemand par Pierre Georges, dit Fabien. Riposte des autorités d’occupation : institution du système des otages.

    29 août : Exécution au mont Valérien des premiers résistants, parmi eux Honoré d’Estienne d’Orves.

    2 septembre : Serment de fidélité au maréchal Pétain des magistrats parisiens : un seul refuse.

    16 septembre : Exécution des dix premiers otages.

    16 octobre : Loi d’organisation municipale provisoire.

    1942

    10 mars : Manifestation antinazie  au lycée Buffon : cinq élèves sont arrêtés et fusillés.

    7 avril : Obligation de possession d’une carte d’identité à partir de seize ans.

    29 mai : Obligation du port de l’étoile jaune de David par les juifs de la zone occupée.

    16-17 juillet : Grande rafle des juifs : treize mille personnes arrêtées et enfermées au Vélodrome d’hiver.

    1943

    15 février : Création d’un Service du travail obligatoire (S.T.O.) de deux ans pour tous les français de vingt trois ans.

    27 mai : Première réunion, rue du Four, du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) présidé par Jean Moulin.

    3 septembre : Bombardement aérien, par les Alliés, quatre cent morts.

    1944

    21 avril : Bombardement aérien du quartier de la Chapelle, six cent quarante et un morts. Le 26, le maréchal Pétain vient leur rendre hommage. C’est sa première visite dans la capitale depuis 1940.

    19 août : Insurrection  contre les allemands. La ville est libérée le 25.

    27 août : Premier Conseil des ministres à l’hôtel Matignon depuis 1940.

    30 octobre : Création d’une assemblée municipale provisoire. Elle ne siège qu’en mars-avril 1945.

    18 décembre : Premier numéro du journal Le Monde qui s’est substitué au Temps.

    1945

    13 avril : Ordonnance de création d’un Conseil municipal élu.

    29 avril : Premières élections municipales depuis la guerre. Les femmes votent pour la première fois.

    4 juin : Echange des billets de banque jusqu’au 16.

    4 juillet : Premier grand  prix du théâtre à Paris décerné à Jean Vilar.

    4 septembre : Institution de la Sécurité sociale.

    Chronologie de Bienvenu Merino

  • LA PASSERELLE/L'IMAGE DU JOUR

     

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    La passerelle de la Gare Ménilmontant

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  • RUE DE BELLEVILLE/L'IMAGE DU JOUR

     

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    Rue de Belleville en 1944
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