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henri guérard

  • MICHEL DANSEL SE SOUVIENT DE BELLEVILLE

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    « J’ai toujours eu une tendresse particulière pour la rue du Pressoir, de vineuse réputation. Et chaque fois que j’y passais, je ne pouvais pas m’empêcher de penser aux moines de Saint-Martin-des-Champs qui possédaient là un pressoir. Et quand j’entrais dans un café pour y lever le verre à la santé de Bacchus, j’avais pleinement conscience que, depuis le Moyen-âge, la relève avait été maintenue. Cette rue a été malheureusement massacrée sans raison autre qu’un objectif spéculatif ».

     

    Ces lignes sont de Michel Dansel, fondateur de l’Académie internationale du Rat, l’un des spécialistes du poète morlaisien Tristan Corbière et explorateur nyctalope de Paris et de ses faubourgs. Nous connaissions ses invitations à consentir au Paris incroyable (Editions Hachette, 1987), à arpenter différemment le Cimetière du Père-Lachaise (Au Père-Lachaise, Editions Fayard, 1973 puis 2007), voici que l’homme aux chaussettes rouges (parfois est-il ainsi surnommé) remonte le pavé des rues (celles de Belleville) et les aiguilles du temps (très haut vers 1940).

     

    Il ne surprendra personne que ce défenseur des muridés féconds émette dans cet ouvrage une théorie sur le rat ayant justifié la destruction de la rue du Pressoir et de ses adjacentes. Michel Dansel les a souvent croisés en « son » Belleville sans que leur présence ne justifie à ses yeux qu’on (les promoteurs) saccage (et le verbe est faible) un faubourg rattaché à Paris en 1860 et où se sont attachés Arméniens rescapés du drame génocidaire et Juifs d’Europe centrale : Polonais, Allemands, Hongrois, Tchécoslovaques, Ukrainiens …  De cette géographie accueillante, sorte d’île propice au sauvetage, Michel Dansel nous parle le cœur battant. Il rappelle que ce quartier (auquel il lie évidemment Ménilmontant) fut de tout temps dédié à la contestation, y compris l’anarchie. Qu’on ne s’étonne pas qu’il ait été pris pour cible par les chirurgiens normatifs !

     

    Trente ans de souvenirs jalonnent ce livre. C’est assez pour que Belleville revive au temps de ses artisans nombreux, de ses marchandes des quatre-saisons, de ses attelages tirés par des percherons, de ses livreurs de pains de glace, de ses « accordéonistes aux larges bretelles» … « A Belleville, ceux qui étaient prioritairement de mon bief, de ma croisière, de mon rivage, de mon sillage étaient des artisans, des artistes, des saltimbanques, des déracinés, des marginaux positifs ». Le ton est donné. On voit par quel côté Michel Dansel remonte le temps.

     

    Des exhalaisons reviennent, le son mat de très vieux outils, des trilles quelquefois familières. Certaines couleurs sont tout à coup repeintes. Des lettres se forment qui rappellent, au-dessus d’un commerce aujourd’hui disparu, un rendez-vous autour du zinc. Le café Au cadran populaire n’existe plus, emporté avec la rue Vilin par les mâchoires de la salubrité.

     

    Michel Dansel se veut avant tout un piéton nocturne. C’est donc nuitamment qu’il ausculte Belleville sans être jamais tombé dans un piège d’Apaches ou de mauvais garçons. Jamais il ne vit briller une lame de couteau mais tant de pavés reflétant le faisceau pâle des réverbères brillent comme des miroirs. Et l’on voit s’animer rue des Couronnes, rue des Envierges, rue Julien-Lacroix, rue Ramponeau, rue de Belleville, rue des Cascades, sans que leurs façades écaillées ne constituent une menace. Rien n’est susceptible de s’effondrer ici. Tout tient magnifiquement debout dans son palais de mémoire. Et nous sommes empoignés par d’émouvantes réminiscences. Ainsi, dans un chapitre évoquant la Porte des Lilas (car Michel Dansel s’écarte généreusement d’un Belleville que l’on croirait étroit), nous sommes brusquement assaillis d’images en mouvement. C’est le marché aux puces que l’on voit vivre et que l’on avait quelque peu oublié. Je le vois distinctement. Je m’y promène, ma main d’enfant accrochée à celle de mon père. Et ce sont, « à même le bitume », des brimborions qui se mettent à danser, ceux que proposent à la pauvreté de nos bourses,  « marchands de rien », biffins, chiffe-tire vendant « une vieille paire de chaussures éculées, un livre maculé et tout écorné, une ventouse avec encore un morceau de coton à l’intérieur, une assiette ébréchée, un corset élimé (…) yeux de poupée, réveille-matin veufs de leurs aiguilles, insignes oxydés aux couleurs ternies qui dataient de la guerre 14-18, vieux jouets qui avaient dû faire les délices de plusieurs générations de marmots ». Les souvenirs de Michel Dansel se composent d’étranges pépites. Pour nous, flâneurs à rebours, dans le paysage de l’enfance, elles s’assemblent comme un trésor. Nul doute que ce livre, aussi capital que les récits de Clément Lépidis ou un album d’Henri Guérard, constitue une fête, un réconfort et pour tout Bellevillois un événement majeur. Michel Dansel, grand écrivain, est l’ami qu’il convient de saluer. Guy Darol

     

    BELLEVILLE

    HISTOIRES ET SOUVENIRS

    1940-1970

    Michel Dansel

     

    Bernard Giovanangeli Editeur

    160 pages, 17 €

     

    LE SITE DES EDITIONS BERNARD GIOVANANGELI

    LE BLOG DE MICHEL DANSEL


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  • CELEBRONS HENRI GUERARD

    Ignorer Henri Guérard, c'est entraver la marche à rebours, nostalgique et parfois douloureuse, qui nous mène dans les rues et passages d'autrefois, parmi les terrains vagues et les cours, sur les traces d'une enfance qui connut la rue Vilin et le Passage Deschamps. Le photographe Henri Guérard fut le témoin de la rue du Pressoir avant sa destruction. Il réalisa, en 1960, quelques clichés où l'on voit la poussière de nos immeubles transformés en décombres. Il est indispensable de se procurer Le regard d'un photographe sur Belleville, Ménilmontant, Charonne (1944-1999) publié en février 2004 aux éditions de L'Amandier.

    Pour vous convaincre de la nécessité de posséder un tel ouvrage, voici quelques photographies extraites de ce volume qui en contient 244.

     

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    La blanchisseuse de la rue du Pressoir - 1954  © Henri Guérard

     

     

     

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     © Henri Guérard

     

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    L'escalier de la rue Vilin  © Henri Guérard

     

     


     

  • LA RUE DU PRESSOIR ET SES RUES AVOISINANTES

     

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     Rue des Couronnes Photo Henri Guérard

     

    A Agnès, la maman à Guy qui habita rue du Pressoir

     

    On sait bien que le principal caractère du temps est l'irréversibilité qui fait retentir l'accent funèbre de 'jamais plus' et qui donne aux choses qu'on ne verra jamais deux fois cette extrême acuité de volupté et de douleur, où l'absolu de l'être et l'absolu du néant semblent se rapprocher jusqu'à se confondre. L'irréversibilité témoigne donc d'une vie qui vaut une fois pour toutes.

    Je regarde autour de moi, comme égaré, comme si le temps en un tour de manivelle avait viré à la laideur et m'avait confisqué tous mes repères.

    Qui contemple cette magnifique photographie d'Henri Guérard, majestueuse de beauté, ne peut que regretter ce qu'était ce quartier, autrefois. Aujourd'hui, il va de soi qu'on se sent un peu perdu : de la nostalgie, mais aussi la lassitude des combats que je mène pour un Paris plus humain, me gagne, et semble de plus en plus s'éloigner de mes désirs. Certains élus et hommes politiques, eux, ont comme rêve, le grand Paris à la Défense. Mais par ici, le quartier change, aussi, ne s'arrête pas de changer, de s'enlaidir ; plus de vignes vierges, ni de tonnelles, plus de lopins de terre, plus de luzernes, les collines ressemblent à des toboggans pour voitures  et se grimpent par ascenseurs. Les chemins qui nous  arpentions autrefois pour monter aux Buttes-Chaumont ont totalement disparu. La butte n'est accessible que par des escaliers cimentés ou par voitures et autobus ; la rue Vilin  que j'emprunte, découragé devant le spectacle de pierres tombales des façades des nouveaux immeubles me désoriente en ces jours de Toussaint. La rue est déserte, elle est toujours déserte, nulle vie, pas de vibrations, aucun commerçant, pas de bistrots, ni voitures, pas d'enfants  jouant dans la rue, pas un chat ni un chien, les oiseaux doivent sans aucun doute éviter l'itinéraire par où je passe. Où sont  les pigeons de Paris ?  Déboussolés, eux aussi, sans doute.  Je rêve, malgré tout, devant toute cette mort. En changeant de trottoir pour traverser la rue, là, à l'emplacement de cet immeuble blanc, où habitait mon ami Georges Pérec, je me souviens de ses livres qu'il échafaudait comme un bon maçon monte une maison : terrassement, déblaiement, construction. Il m'a dit, un jour : « Je suis comme Nathalie Sarraute qui a besoin de s'installer aux  Deux Magots pour se mettre au travail, moi,  j'ai besoin de la rue, une terrasse en plein soleil, à raz des voitures ; sinon, ma piaule là-haut, c'est mon laboratoire chirurgical ». Ici, aujourd'hui, tout ce que connaissait Georges, a disparu ; ils ont tout tué. Massacré, enterré.

    Mon imagination n'est plus contrôlable devant la déception qui me secoue. Faire du tourisme n'a jamais été mon truc. Ni au bout du monde où je suis déjà allé plusieurs fois, ni non plus dans mon quartier entre Bastille et Nation. Encore moins ici, patrie de nos aïeux qui ont vu défiler des générations et des générations de manifestants : « C'est la lutte finale... ». Ce n'est pas par discrétion que je m'habille de sombre, ni de peur d'être reconnu  dans la rue. Je n'ai rien à craindre des policiers, mais pour marcher je revêt l'habit du commun des mortels : pantalon gris, col roulé noir, godillots de fossoyeurs ou espadrilles de charpentiers, comme si j'allais escalader le ciel qui toujours ouvre ses bras aux terriens. Ce n'est pas pour cela que je vais triste ; non, pas du tout. Dans ma tête, le rêve a toujours sa place ; là, au moins, il est à l'abri. Je souris aux deux jeunes filles qui me croisent et ne se lassent pas de me sourire ; alors je continue mon parcours, content, je ris en les saluant d'un geste chaleureux de la main. Elles me répondent par un geste semblable et un sourire valant son pesant d'or. Alors, tout à coup, en grimpant la côte qui va là-haut sur la butte, je crois gravir le sommet d'un sein, de deux seins même, ou le creux de jolies courbes tendres qui s'aiguisent en poire, que je monte lentement, lentement, très heureux, sachant que je  vais vers de nouveaux désirs, vers les tétons sensuels pour y laisser  en leur sommet la salive de la reconnaissance.

    Je marche sur la pointe des pieds, comme sur des œufs, je ne sais pas pourquoi je suis si respectueux de mes concitoyens, peut-être, pour ne pas réveiller mes mauvaises habitudes vieillissantes, ou alors, leurs soupçons. Marcher, marcher, respirer, sentir  la pleine campagne  sur les bords d'un chemin de terre, où les paysans, après la moisson, ont fait de petits tas de foin liés, et les ont aligné, semblables à des œuvres d'artistes. Je plane. Je suis certain que je suis au siècle passé sur un chemin menant vers des trésors.  Les jeunes filles qui me croisent se protègent sous leur ombrelle pour s'abriter du soleil téméraire et vont vite retrouver leur amoureux  assis sous un olivier dans l'attente de leurs BELLES,  après la dure journée de travail dans les vignes. Puis, elles reviendront, blotties l'une contre l'autre, marchant jusqu'au vieux pressoir autour duquel sont regroupés les habitants du village buvant le dernier cru, vin de terroir. C'est le vrai Ménil-Montant. Je me crois dans un siècle éloigné, au XIIe. Au loin, Notre-Dame de Paris, le seul haut édifice, vient de s'achever sans doute. Des hommes ont travaillé presque deux cents ans, la ville n'est pas si grande, elle est au loin, comme un petit village entre deux bras de rivière que dominent les collines, par où la laitière, solitaire, passe avec ses bidons, pour livrer le lait en croisant certes les amoureux, bras dessus, bras dessous qui songent  au possible de la soirée qui les attend, appuyés contre un cœur aimant et aimé. Bienvenu Merino

     

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    Photo Michel Sfez Vue depuis la rue Levert

     

     

  • CONVERSATION AVEC LUCILE/3

     

     

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    Lucile : Je reviens sur le cinéma, tel que - je crois - la plupart des gens l’abordaient dans ces années là.


    C’était « l’histoire » qui retenait d’abord le spectateur. Puis la plastique et le jeu des acteurs. L’intérêt pour l’écriture du scénario, de la photo, du cadrage ou du son n’était pas courant. Il a fallu que le public soit progressivement éduqué pour qu’il puisse apprécier.

    Des personnalités vécurent dans le quartier, parmi lesquelles Maurice Chevalier, Georges Pérec, Clément Lépidis… Les avez-vous croisées ?

    Lucile : Je sais que notre quartier a inspiré des plumes célèbres. Je n’ai malheureusement pas eu la chance de les connaître. À moins que je ne les aie croisées avant qu’elles le soient devenues !

    Mis à part Maurice Chevalier qui était revenu tourner un court-métrage sur sa vie - ou quelque chose de ce genre - dans le fond de la rue du Pressoir, je n’ai pas de souvenirs marquants. Bien sûr la chanson « Les gars de Ménilmontant » était en quelque sorte l’hymne local et je l’avais entendue, comme tout le monde. Je dois dire que je n’apprécie ni l’homme, ni l’acteur. Ce doit être la raison profonde de mon oubli…

    Vous avez connu le photographe Henri Guérard. Pouvez-vous nous en parler ?

    Lucile : J’ai connu Henri Guérard qui faisait partie de l’équipe fondatrice de l’Ami du XXème. Nous étions proches de la paroisse Notre-Dame-de-la-Croix, et c’est tout naturellement que nous lui avons demandé de faire nos photos de mariage. Il habitait alors rue d’Annam et nul ne se doutait encore, à l’époque, qu’il figurerait parmi les grands photographes de sa génération. Les albums de mariés, où il mettait tout son cœur, étaient pour lui une source de revenus.

    L’année dernière, en compagnie d’amis retrouvés, nous avons eu l’occasion de passer un moment avec lui et son épouse qui l’a toujours accompagné dans ses travaux. Nous ignorions qu’il était devenu aveugle et cela nous a beaucoup peinés. Il nous a toutefois laissé l’impression d’un vieux monsieur charmant qui semble avoir conservé le sens de l’humour et la joie de vivre en dépit de son cruel handicap. Je regarderai maintenant nos photos avec encore plus d’émotion.

    Henri Guérard, Willy Ronis, et d’autres, ont laissé du Ménilmontant d’avant le massacre des années 60 des images inoubliables. C’est une grande chance. La mémoire est volage. C’est en participant à votre blog et en essayant de reconstituer dans ma tête les rues de mon enfance que je m’aperçois combien il est difficile d’être fidèle.


    Avez-vous été le témoin de la destruction du quartier et particulièrement de la rue du Pressoir ?

    Lucile : Je n’ai pas vécu les démolitions de masse. Nous avions déjà quitté le quartier quand elles ont commencé, mais nous les avons suivies de près en venant voir nos familles rue Julien Lacroix et rue des Platrières.

    Nos parents ne sont plus, nos amis de jeunesse se sont éparpillés à travers la France, mais c’est toujours avec plaisir que nous retrouvons sur les photos célèbres les personnages que l’on connaissait de vue et dont les silhouettes caractéristiques avaient retenu l’œil du photographe.

     

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    La plume remarquable de Lucile, la précision de ses témoignages, nous ont incité à lui poser quelques questions sur son histoire personnelle. Elle a bien voulu nous livrer certains renseignements au sujet de ses parents et de son parcours professionnel et nous l'en remercions.

    "Quand on a perdu ses parents, on se sent en première ligne. Les années passant, il arrive même que l’on tente de se retrouver en eux. À moins que ce ne soit le contraire : on cherche à les retrouver en soi.

    Mon papa était ajusteur de formation.

    Je sais qu’il avait fréquenté l’école de la rue Henri Chevreau, mais j’ignore où et comment il avait appris son métier. Toujours est-il qu’il a terminé sa carrière professionnelle comme chef-monteur au département essoreuses industrielles des Pompes Guinard.

    Ce qui l’entraînait à circuler à travers toute la France, l’Europe, et même le monde. Il n’était jamais à la maison en semaine et ne rentrait le week-end que si ses déplacements n’étaient pas trop éloignés de Paris.

    À partir des années 60 jusqu’à sa retraite, il a promené successivement sa chère caisse à outils, qui pesait des tonnes, en Espagne, en Italie, en Allemagne, au Moyen-Orient et même au Brésil où il mettait en route des installations de dessalement d’eau de mer. Au Moyen-Orient il utilisait deux passeports :  à ce moment là – déjà -  il valait mieux ne pas faire figurer sur un même document les cachets d’Israël et ceux du Liban…

    Il nous rapportait de ses voyages des informations inédites car il était en général chaleureusement accueilli par les ingénieurs locaux. Cela dit, il en fallait beaucoup pour étonner Papa, et il partait à Bahia comme s’il allait à Saint-Ouen.  L’important pour lui était de trouver sur place les compétences nécessaires à la résolution de ses problèmes techniques !

    Maman jouait les Pénélope.

    Elle tenait un poste de secrétaire-comptable dans une petite entreprise de la rue Boyer, juste en face de la Bellevilloise et de la Maroquinerie. Ce qui lui a permis, jusqu’à ce que nous quittions Ménilmontant, de profiter de son petit fils en fin de journée alors que je n’étais pas encore rentrée du bureau.

    Car à mon tour j’étais entrée dans la vie active après l’E.S.D. de la rue Soufflot (Ecole des Secrétaires de Direction). Après une dizaine d’années d’arbitrage/titres (bourse), j’ai suivi mon mari muté à Lyon par sa banque et, une fois rentrée à Paris, me suis consacrée à la vie associative : animation de club d’investissement féminin et organisation de consommateurs essentiellement.

    Comme nous vivons le plus souvent à la campagne depuis la retraite de mon mari, mes activités ont changé mais n’en sont pas moins passionnantes. Je me suis impliquée dans la rédaction du bulletin communal : histoire du village depuis son origine, de ses monuments, de sa sainte patronne et surtout, d’un personnage historique qui a marqué le 18ème siècle de son empreinte, Madame Roland, l’égérie des Girondins, dont le mari, éphémère ministre de l’Intérieur de Louis XVI, a eu le bon goût de venir se suicider sur nos terres !

    De plus, j’ai participé pendant deux ans au travail de la commission Culture de la Communauté de Communes à laquelle nous sommes rattachés. Il me revenait, après les avoir présentés et mis en valeur pour allécher nos concitoyens, de faire les comptes-rendus des divertissements divers que nous proposions : théâtre, cirque, concerts de rock, et spectacles de rue. 

    Inutile de préciser que, comme hier encore, j’ai aussi bien souvent, servi d’écrivain public."

     

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    B I O G R A P H I E DE HENRI GUERARD

    Henri Guérard naît le 19 mai 1921 au 10 rue Sorbier à Ménilmontant. Il commence à travailler très tôt comme employé de bureau. Ce travail ne lui convient pas et c’est grâce à un collègue qu’il rentre aux Éclaireurs de France et s’initie à la randonnée et au canoë. C’est lors d’une de ces sorties qu’Henri réalisera ses premières prises de vues. Il rencontre Simone qui deviendra son épouse en 1942. Le jeune couple «entre» en résistance en passant des messages ou en distribuant des tracts. Ils aident aussi, avec leurs camarades, les personnes âgées particulièrement démunies. En 1944, Henri réalise des photos de la Libération de Paris et de la bataille de Ménilmontant. Il entre cette même année au service photographique et cinématographique des armées. L’année suivante, il quitte l’armée et s’installe avec Simone comme artisan photographe. Photos de mariages, de communions, reportages industriels… sont le lot des photographes d’alors. Il travaille pour le journal «L’Ami du 20e» et commence à photographier l’arrondissement sous toutes ses coutures. Henri est le témoin des grandes mutations que subit le 20e dans les années 60. Il s’intéresse au sort des habitants et capte mieux que personne, l’atmosphère, le charme particulier de Belleville et de Ménilmontant. À partir de 1963, Henri et Simone travaillent pour les Petits Frères des Pauvres pour lesquels ils réaliseront de nombreux reportages tant en France qu’à l’étranger, tout en organisant des sorties et des animations culturelles pour de jeunes couples. Infatigable, généreux, heureux de partager son savoir, Henri Guérard animera un club photo de 1970 à 1985. 

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    PHOTOGRAPHIES D'HENRI GUERARD

    PORTRAIT D'HENRI GUERARD SUR AGORAVOX

     

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  • 55 ANS D'IMAGES

     

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    Henri Guérard est un enfant de Ménilmontant qui n'a pas déserté ses terres. Il y vit toujours. Cinquante-cinq ans durant il a randonné autour de son immeuble situé 10 rue Henri-Chevreau.

    Pour nous, citoyens de la rue du Pressoir et de ses environs, les photographies d'Henri Guérard sont évidemment une aubaine. Hélas, ce chasseur d'images toujours poignantes n'a conservé dans ses archives que des vues dévastées, le souvenir désastreux de nos immeubles résumés en un tas de poussières.

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    1963 - rue du Pressoir par Henri Guérard
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    1960 - rue du Pressoir par Henri Guérard

    Toutefois, l'ouvrage volumineux (plus de 140 pages d'images) propose un cliché du Passage Deschamps, venelle pavée (et ici vernissée par la pluie) qui reliait la rue du Pressoir au boulevard de Belleville.

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    1966 -  passage Deschamps par Henri Guérard