Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

PARIS, RUE DU PRESSOIR - Page 11

  • JACQUES HILLAIRET

     

    2055179285.jpg

    Ce que nous savons des origines de la rue du Pressoir, nous le devons à Jacques Hillairet, historien du Vieux Paris qui publia, en 1951, une histoire en trois volumes dont la spécificité fut de dater les rues, en précisant des toponymies, en révélant un peu de miel évanoui qu'avec Josette Farigoul et Bienvenu Merino nous tâchons de revivifier.

    Il faut aller à la page 347 du troisième tome (dans l'édition de 1951) pour arriver jusqu'à la rue du Pressoir. On y entre au chapitre De la Barrière de Ménilmontant à la Porte de Ménilmontant. Un parcours qui emprunte la rue de Ménilmontant (à partir du n°1) en suivant la Salle Graffard, le bal des Grands Pavillons, celui des Barreaux Verts. Nous arrivons rue Julien-Lacroix (soit une partie de l'ancien Chemin des Couronnes, indiqué en 1730) et passons devant le bal de l'Elysée-Ménilmontant. Voici la rue des Maronites (ex-rue de Constantine jusqu'en 1867) qui "reçoit la rue du Pressoir, ouverte en 1837".

    Bals, guinguettes attirant les promeneurs du dimanche, gargotes où le vin coule à flot, vignes, sentiers à travers champs composent un univers dédié à Bacchus à la fin du 19ème siècle. Ce dont témoignent avec beaucoup de transparence les noms des rues du Pressoir ou des Panoyaux. Guy Darol

    Jacques Hillairet

    Evocation du Vieux Paris

    Illustrations de Boisvert

    Les Editions de Minuit, 1951

    1193256357.jpg

    Sous le titre Connaissance du Vieux Paris, Jacques Hillairet a proposé dès 1956 une édition abrégée de son panorama en trois volumes. Connaissance du Vieux Paris est un ouvrage régulièrement réédité. De même que l'on trouvera, aux Editions de Minuit, de Jacques Hillairet, son Dictionnaire historique des rues de Paris, régulièrement mis à jour.

    Jacques Hillairet

    Connaissance du Vieux Paris

    Editions Payot & Rivages, 1993

    131130428.jpg
    Le village de Belleville
    en 1846
    où  s'insère la rue du Pressoir
  • L'ESCALIER DU PARADIS

     

    1278572956.jpg

    Chaque jour, Josette Farigoul anime ce très vieux film dont les bobines ne tournaient plus. Ses souvenirs, ceux de ses soeurs, précisent le contour des images floues. Et le mouvement opère.

    Je croyais voir (l'entrecroisement des sensations),  depuis les fenêtres du 4ème étage, une cour pavée, flanquée de bâtiments artisanaux. Peut-être même y avait-il quelques cabanes, identiques à celle que Willy Ronis fixa sur la pellicule, rue des Cascades. J'entendais monter de cette cour des pépiements d'oiseaux, des caquètements plutôt. J'y voyais des lapins, serrés dans leurs clapiers. Tout cela n'exista que dans mon imagination, l'imagination d'un enfant qui passait ses vacances, chaque été, dans la ferme bretonne de ses grands-parents au milieu des veaux, des vaches, des cochons. Aussi des poules. Rue du Pressoir ne traversait pas un hameau. Je le crus longtemps. Sans doute s'agit-il là de souvenirs anténataux. Qui sait ?

    Josette mène l'enquête avec une grande opiniâtreté. Savez-vous qu'elle est parvenue à faire bouger l'enfant de cinq ans au débouché de la cage d'escalier ?

    "Revenons à notre élevage de lapins ou de poules. Dans vos rêves ! Ma soeur, qui a huit ans de plus que moi, me dit qu'il n'y avait aucun bâtiment bas et elle ne voit pas d'élevage. J'ai aussi envoyé un mail à cette amie d'enfance qui habitait impasse du Pressoir, nous allons voir si elle se rappelle de quelque chose.
    Par contre, ma soeur avait, au 4ème étage, deux copines, Roselyne et Jeannette. Elles étaient très souvent chez leurs grands-parents qui occupaient l'appartement à côté de chez vous. Elle se rappelle qu'elle voyait souvent un tout petit garçon qui rentrait avec sa maman et qui courait dans le couloir. Eh oui, Monsieur Darol, c'était vous."
    Me voici  courant dans le couloir aux murs marrons, écaillés, crayeux. Maman est venue me chercher à la sortie de l'école, rue des Maronites. Elle me tient fermement la main jusqu'à l'entrée de l'immeuble. Mais au pied de la cage d'escalier, je suis libre. Attention quand même, il est interdit de taper du pied. Surtout, ne pas se faire remarquer, ne jamais déranger les voisins. Je grimpe à pas feutrés. A chaque palier, j'attends maman. Qu'il fait sombre ! Au quatrième étage, le couloir est éclairé par une fenêtre qui donne sur une courette où l'on étend le linge. A gauche, la porte de chez Régina. J'irai la retrouver tout à l'heure. Elle me serrera contre sa poitrine généreuse. J'entendrai battre son coeur et ses mots rouleront, ses mots d'un autre pays, Israël. Lorsque j'ai découvert, bien récemment, la musiques klezmer de Denis Cuniot, c'est à toi que j'ai pensé immédiatement, à toi Régina de mon coeur, ma seconde maman. Tu es au paradis, à présent, le paradis de la rue du Pressoir. Je ne m'arrête pas. Je cours. Je regarde la vasque où coule l'eau courante. Je t'attends maman. Viens maman ! Je t'attends. Un jour, je serai grand et je pourrai atteindre la sonnette. Papa qui sait tout faire, tout tout tout, a posé une sonnette sur la porte de bois clair. C'est un bouton noir. Si on le tourne, il craque. Plus tard, je ferai craquer le bouton et papa ouvrira la porte. Là, je me contente d'attendre. Car je n'ai pas le droit de crier : "Ouvre, ouvre-moi papa! On est là !". Non, je dois patienter en regardant, au fond du couloir, ce mystérieux escalier, étroit, très étroit qui mène à l'étage supérieur. Un appendice vers le ciel. Une sorte d'échelle qui mènerait au paradis. Il y a un étage au-dessus où je ne suis jamais allé. Guy Darol

    984665484.jpg
    Le petit Guy
    Agnès et Joseph, mes parents
  • LE BALLON ROUGE FLOTTE SUR LA RUE DU PRESSOIR

     

    204627361.jpg
    Le Ballon Rouge, 1956

    Depuis que nous nous sommes retrouvés, plus de quarante ans après, nous entretenons une correspondance par mails qui aboutit à sauver de l'oubli des images, des piétons de Paris. Chaque jour ou à peu près, Josette Farigoul désensevelit. Des rues effacées de ma mémoire reprennent vie, des visages passent de l'invisible au visible.

    Dans un billet publié sur ce blog il y a jolie lurette, j'évoquais la couleur de la rue du Pressoir (Paris,vingtième arrondissement) et je tâchais de faire entendre les bruits qui sonnaient à mes oreilles d'enfant. Je vécus 23-25 rue du Pressoir de 1954 à 1960 et ce fut mon âge d'or. J'ai raconté le mélange des êtres, la générosité, les portes toujours ouvertes. Durant cette période j'ignorais que vivait tout près de moi et à portée de mes souvenirs futurs une jeune Josette, née en 1948, qui demeura dans ce quartier jusqu'à l'expulsion ordonnée par les maîtres de l'époque, le couple De Gaulle-Malraux.

    J'ignorais que l'immeuble de mon enfance serait sauvée des ruines par un être si habité qu'il contient plus de souvenirs que je n'en aurai jamais. Josette ranime les couloirs, les cages d'escaliers. Elle fait parler des paliers, des fenêtres. Ses phrases réalisent le mouvement. Un film s'écrit grâce à elle. Le film des petites choses vraies. Un cinéma fait de passants, de silhouettes rapides d'où partent des rires, aussi parfois des cris et des pleurs.

    Chaque matin, je retrouve Josette Farigoul dans ma messagerie et c'est un parfum de jeunesse qui embaume mon bureau. Chaque jour je rejoins la rue du Pressoir, notre embarcadère lumineux.

    Hier, nous nous promenions rue de Ménilmontant, rue Oberkampf. Nous allions au cinématographe. Au Ménil Palace, au Cythea, au Cocorico du boulevard de Belleville. Séances dominicales qui occupaient l'après-midi.

    1081122540.jpg
    Le Ménil Palace, 1955
    Photo H. Guérard

    Aujourd'hui, Josette évoque Le Ballon Rouge, le film d'Albert Lamorisse datant de 1956 où jouaient Renaud et David Séchan, les deux frères jumeaux nés quatre ans plus tôt. Le fameux ballon vire-voltant dans le ciel de Ménilmontant, Josette Farigoul l'a vu, de ses yeux vus. Et je ne parle pas du film qu'elle connaît par coeur. Mais de cette sphère remplie d'air qui vint toquer à sa fenêtre. Et pourtant le moyen métrage de Lamorisse était déjà sorti en salle. L'objet du film, le fil du souvenir flottait toujours. Lisez plutôt :

    "Le Ballon Rouge,  je l'ai visionné. J'ai bien vu au générique Edmond Séchan. J'ai effectivement pensé que c'était peut-être de la famille de Renaud. Par contre je n'ai pas reconnu le chanteur.
    Savez-vous que ce ballon rouge a existé ? Lorsque je suis allée sur votre site pour la première fois je me suis dit "mais c'est mon ballon", sauf que le mien était beaucoup plus gros.
    C'était un matin, très tôt avant de partir pour l'école. Il faisait très froid. Le linge à la fenêtre était complètement gelé, il se serait cassé comme du verre. De la fenêtre de mon 3e, j'ai aperçu un énorme ballon, que j'ai toujours vu rouge. Je pense que j'avais 10 ans. C'était donc en 1958. Certainement un ballon publicitaire (de la réclame à ce moment là).  Avec ma mère, à l'aide d'un balai, nous avons réussi à le ramener jusqu'à la fenêtre, je voulais absolument ce ballon. Le seul petit problème c'est qu'il ne passait pas par la fenêtre, j'ai dû le laisser repartir. Peut-être est-il parti vers la rue Vilin. Je me suis toujours souvenue de ce ballon énorme. Coïncidence bien sûr, mais la couleur et l'année correspondent. J'aimais voir aussi dans le ciel,  les réclames que les avions écrivaient. On ne voit plus tout cela." Josette
  • JOSETTE FARIGOUL

    1961114479.jpg
    Ménilmontant
     
    Cher Guy,
    Toujours heureuse de vous lire.  "Bouleversée", on ne peut pas faire mieux, j'ai encore pleuré, pourtant je pensais ne plus avoir de larmes depuis la mort de mes parents et de mon mari. Vous avez le chic pour ça. J'rigole ! Des témoignages comme celui de Bienvenu Merino, nous ne pouvons qu'en réclamer d'autres.
    Impressionnée par son texte et tellement bien écrit. Un écrivain ou une personne avec un haut niveau d'instruction ? De toute évidence un seul mot : Super !
    Courageux ce Monsieur. Rien que pour vous, il a fait un sacré bout de chemin à pieds.
    Tout en parcourant son message je le voyais arpenter les rues qu'il décrit. En somme, je me voyais. Sauf que moi, je n'ai jamais eu le courage de retourner rue du Pressoir depuis 1966.
    Je vais demander à mon fils de m'emmener, il faut, malgré tout, que j'y retourne. J'aimerais qu'il se gare rue de Ménilmontant pour parcourir le restant à pieds. Prendre la rue Julien Lacroix, la rue en pente, je crois bien que c'était déjà la rue Julien Lacroix, j'arriverais Place Etienne Dolet en espérant que l'arbre au milieu soit toujours à sa place. Je jetterais un oeil sur les marches de l'église, ces marches  qui, en rêve, sont recouvertes du tapis rouge pour la descente des communions. Tous les ans, je me retrouvais sur la place dans l'attente de la descente des communions. Une maman très catholique mais un papa pas du tout, du coup, pas de baptême et pas de communion. Après,  je prendrais la rue des Maronites et je remonterais la rue du Pressoir jusqu'au 25, et là, horreur ! comme dit Bienvenu Merino,  plus rien ! Plus de garage, l'épicerie de Madame Gilles n'existe plus, l'eau ne coule plus dans le caniveau, plus de petits bateaux en papier, j'en ai fait moi aussi, la marelle, mon palet c'était un caillou, notre porte d'entrée, votre escalier juste en face de l'entrée et ma cour. Là je pourrais voir ma mère à sa fenêtre du 3ème me faire un signe de la main lorsque je partais pour l'école et comme par miracle une petite pièce tomberait du ciel pour m'acheter des bonbons sur le parcours.
    Je sais que tout cela a disparu, voilà pourquoi je n'y suis jamais retournée.
    Et oui ! Monsieur Merino, en arrivant rue du Pressoir les anges vous ont abandonnés, ils ont été effrayés, c'est certain, les anges n'aiment pas le béton.
    Je vais dire autre chose, moi qui suis une passionnée des anges depuis de très nombreuses années, en prenant contact avec vous, Monsieur Darol, et en découvrant le magnifique message de Monsieur Bienvenu Merino, j'aurais pourtant juré que les anges ne pouvaient pas déployer leurs ailes, et bien je me suis trompée. Sur les ailes d'un ange j'ai découvert de merveilleux messages.
    Un grand merci à vous ainsi qu'à Monsieur Bienvenu Merino en attendant, peut-être, d'autres témoignages. Par contre, bonjour les émotions !
    Avec toutes mes amitiés à vous deux,
    Josette Farigoul

  • LA RUE DU PRESSOIR PAR LE HAUT DE MENILMONTANT

     

    1313588515.jpg
    Rue de Ménilmontant

    J'ai marché ce matin. J'ai marché comme les gens le faisaient autrefois pour descendre la rue; à pas lents, mais saccadés, des pas de villageois. Je revenais du château, disons ce qu'était le domaine du château de Ménilmontant; et si j'aime monter cette rue de Ménilmontant, j'aime plus la descendre. La ville est sous mes yeux, entière, fragile, abondante, petite là-bas, au loin. Elle scintille, elle murmure, je l'écoute, je parle avec elle, elle me répond et me dit des choses d'autrefois, elle résonne.

    Ni San Francisco, ni Salvador de Bahia de tous les Saints, pas même Lisbonne, ces villes où je vécus dans les années 70, non ! aucune de ces villes  ne peut être comparée à ce qui est sous mes yeux. Je descends toujours et marche sur le trottoir de droite, revenant du domaine du château de Ménilmontant qui serait limité de nos jours par les rues de Romainville, Pelleport, du Surmelin et, approximativement, par les rues des Glaïls et des Fougères, parallèles au boulevard Mortier, à l'est de celui-ci. C'était donc un domaine considérable ; sa superficie était supérieure à celle qu'a actuellement le cimetière de Père-Lachaise. Il comprenait le vieux château, le grand château (emplacement des réservoirs de Ménilmontant), un beau jardin à la française, terrasses, grand parc boisé, le tout clos de murs qui barraient les rues de Belleville et de Ménilmontant. Ce domaine appartenait  depuis 1695 à la famille des Le Peletier. Il était nommé Saint- Fargeau en mémoire de la seigneurie de ce nom que les Le Peletier avaient dans l'Yonne.

    Les Le Peletier utilisaient comme villégiature d'agrément  ce domaine  dont ils tiraient un bon revenu par la vente de leur bois, de leurs fruits et de leurs légumes.C'est  Louis Le Peletier de Saint Fargeau qui était propriétaire du domaine le jour où, en octobre 1776, Jean-Jacques Rousseau fut renversé dans la descente de Ménilmontant, à la Haute Borne, vis-à-vis du Galant jardinier, par un des chiens danois du châtelain. Il rentrait à Paris après avoir herborisé sur la colline lorsqu'il fut heurté violemment par ce chien qui gambadait devant le carrosse de son maître. Jean-Jacques Rousseau a raconté lui-même cette aventure et décrit comme suit la région: " Le jeudi 24 octobre 1776, je suivis après dîner les boulevards jusqu'à la rue du Chemin Vert, par laquelle je gagnais les hauteurs de Ménilmontant, et, de là, prenant les sentiers à travers les vignes et les prairies, je traversois jusqu'à Charonne le riant paysage qui sépare ces deux villages; puis je fis un détour pour revenir par les mêmes prairies en prenant un autre chemin...". C'est alors qu'il rencontra le chien...

    Je reviens à l'actualité. Je suis arrivé en bas de la rue de Ménilmontant, j'ai pris à droite le boulevard de Belleville, la continuité du boulevard de Ménilmontant, puis laissé la rue Etienne Dolet, pris sur le même trottoir, la rue des Maronites, mais cette fois-ci, j’ai rasé les murs de crainte de voir trop tôt le désastre découvert hier. Je suis arrivé exactement au même endroit, en faisant le chemin à l'envers. Et là, toujours là, devant moi, la gueule béante de la rue où sont nés mes amis. La rue du Pressoir, muette et d'une froideur à vous glacer de la tête aux pieds, j’avance dans le blanc des murs de ciment, dans le noir de ma tête et de mes idées, si lucide pourtant. Je pense à mes amis, Josette et  Guy, à leurs parents, leurs frères et soeurs. Qui a vécu ici autrefois, ne peut plus reconnaître. Il n'existe rien du charme qu'était cette rue, joyeuse jadis et si familiale. Mais ils ont tout détruit de la vie. Mais bon dieu de bon dieu où étaient l'épicerie, le coiffeur, la maison, la chambre des jumeaux, le garage...les écoliers, les farandoles. Bienvenu Merino

  • BIENVENU MERINO

    862210694.jpg

    Cher Guy Darol,

    C’est avec  plaisir que j’ai lu tes belles  pages sur la rue du Pressoir, et j’ai été très touché de contempler les  photos de cette époque, des numéros : 23-25 de la rue où tu habitais avec tes parents. C’est un quartier où j’aime aller très souvent. Je ne me fatigue pas d’arpenter ce vingtième arrondissement, ce vieux Paris, que j’habite depuis mes dix-huit ans.  Mais ce quartier de Ménilmontant m’est particulièrement cher. Alors, depuis quelques jours, après avoir lu tes articles et la très jolie lettre d’une admiratrice qui fait réponse à tes textes, avec cette passion qui caractérise les amoureux de ces lieux qui disparaissent et auxquels nous nous accrochons, comme un enfant ne voulant lâcher prise de la jupe de sa maman, et je comprends ce lien si fort de l’enfant s’accrochant de peur de perdre ce qui  est, à ses yeux le plus cher ; et elle a vraiment raison. Ménilmontant est connu du monde entier. Lors de mes voyages aux Etats-Unis et même en Alaska ou en Amérique du sud, je rencontrais bien souvent des admiratifs de ce Paris chantonnant. Et nombreux, me chantaient les vieilles rengaines de  ces villages d’autrefois, dont on a mal à croire maintenant  que c’était éloigné de ce qu’est notre capitale aujourd’hui.  Alors, cet après-midi, j’ai eu un désir foudroyant d’aller voir, et j’y suis allé, là  où tu habitais. J’ai marché depuis le métro Boulets Montreuil, où je réside, j’ai traversé le boulevard Voltaire, monté la  rue Alexandre Dumas, pris l’avenue Philipe  Auguste, longé( j’allais dire, langé)  le Père-Lachaise, et très vite, vraiment très vite, suis arrivé  rue de Ménilmontant, tout au début, près de la bouche de métro. Déjà, enfant je voulais toujours découvrir ou redécouvrir ces lieux qui ont habité et abrité les souvenirs de mon enfance.  A 14 heures, aujourd’hui ,  il faisait beau sur  Paris, très beau  sur Ménilmontant ; pas trop de soleil, juste des rayons jaunes brillants sur  un gris uniforme de belle qualité, troué parfois par des bleus et des blancs et même du rouge, comme s’ils avaient été peint par Van Gogh, et qui nous font lever la tête pour regarder les orangers du ciel et plonger nos yeux  vers ces pavés où jadis les vignes enrichissaient les beaux coteaux. Il n’y avait pas de bruit de tonnerre, c’est plutôt rare par ici, pas d’orage non plus comme si le vent des ailes des derniers oiseaux avait chassé les nuages. Etonnant non, à Paname ? Il y a des jours, on ne voit que la beauté, que des lunes proches ou des soleils qui nous éloignent de l’aliénation et de l’emprisonnement. Oh que c’est bien de marcher ainsi, seul, la tête claire et girouette, le regard attentif à tout ce qui se passe, à ce qui nous entoure. On y  voit ainsi toujours les pêchers et les cerisiers en fleurs près desquels flirtent les filles donnant de vrais baisers aux garçons amoureux allant se cacher  aux porches des églises, devant le front gris ruisselant  des charbonniers aux yeux d’africains portant sur leur dos des sacs de boulets d’ anthracite noirs pour faire rougir les poêles dans des maisons de village alignés en montant  cette rue de Ménilmontant, nom provenant d’un ancien chemin conduisant à un hameau formé autour d’un « ménil » ou villa, dit dans une charte de 1224 Mesniolum mali temporis (mesnil du mauvais temps) et dans une autre, de 1231, Mesnilium mautenz, appellation transformée vers le  XVIe siècle en Mesnil montant. Elle s’appela aussi, de 1672 à 1869, la chaussée et aussi l’avenue de Ménilmontant. C’était une belle route bien droite plantée de deux rangées d’arbres vers 1748, fréquent but de promenade des Parisiens car elle conduisait au plateau de Ménilmontant, qui atteint, aux environs de la rue Pelleport, une altitude voisine de 117 mètres.

     Je pourrais longtemps parler de ton quartier, du 20e qui est aussi le  quartier de la belle dame  qui t’a répondu si joliment sur ton blog. Mais je continue encore un tout petit peu le chemin qu’il me reste pour aller devant l’entrée de ta maison, de votre appartement . J’y suis arrivé par la rue Julien Lacroix, (section comprise entre les rues de Ménilmontant et des Couronnes)qui est, dans cette section, une partie de l’ancien chemin des Couronnes, indiqué en 1730. No 8 . Emplacement du bal de l’Elysée-Ménilmontant  disparu lors du percement, en 1897, de la rue qui porte son nom. Numéro 17, La rue des Maronites, ex-rue de Constantine jusqu’en 1867. Et puis…tout de suite, là, à droite, juste à l’angle rond de la rue des Maronites,  une bouche obscène prête à m’avaler m’ouvrit la rue du Pressoir. Tout à coup une lame frôlait  ma nuque  et mit fin à tout mes rêves d’hier . Alors…. cher Guy, chère lectrice à la belle lettre très émouvante qui vous a fait pleurer et m'a ému moi aussi. Quelle émotion d'entrer dans ce qui était la rue du Pressoir. Là, les anges m’ont abandonné. Ils ont été effrayés ; m’ont laissé seul, tout seul au milieu du béton… J’ai continué ma marche lentement, devinant, au virage, les numéros  23-25 de votre rue, le trottoir en arrondi, la porte, la fenêtre, l’escalier bien ciré qui grimpe, le garage, vous, deux enfants de la balle, l’épicier, la marelle : la terre et le monde, bien dessinée à la craie par Guy et vous, mademoiselle,  neuf ans, les jeunes camarades ; le garage, l’eau qui coule dans le caniveau, les paquebots en papier… Mais…  il n’y a plus rien de tout ça, de tout cela, de votre enfance. j’ai continué à marcher après le virage à gauche, puis tout de suite à droite, et  je n’ai plus voulu me retourner pour voir où vous habitiez. J'ai deviné, je crois. Oui, c’était bien là ! Bienvenu Merino

  • 23-25 RUE DU PRESSOIR

    2131651503.jpg
    23-25 rue du Pressoir

    Voici le 23-25 de la rue du Pressoir (vingtième arrondissement de Paris) par où j'allais et venais, chaque jour, à partir de 1954, année de ma naissance. C’est mon pays, le pays natal. Avec son peuple, plus ou moins oublié. L’immeuble fut détruit (le quartier dans sa globalité) et ses habitants sans que l’on se soucie vraiment de l’effet produit par le choc d’une boule de fonte sur l’esprit d’un être, trop petit être sans doute, insignifiant le croyaient-ils.

    Je fus l’un de ceux obligés de fuir. Il le fallait. Vers nulle part. Exode en temps de paix. Nous devions quitter le pays. Un pays sans frontières, avec ses cœurs multicolores, ses ethnies, ses croyances si peu pesantes. Nous vivions sur un même palier, portes ouvertes.

    Cette locution on la pratique de nos jours, comme un jeu de mots. Portes ouvertes n’était pas, à la fin des années cinquante, une attitude, un challenge. On vivait ainsi, les uns avec les autres. Y compris, les uns chez les autres. C’était la vie, n’est-ce pas ?

    Je me doutais qu’en jetant une boutanche à la mer me reviendrait un oiseau. Je savais, un jour ou l’autre, qu’un ange agiterait ses ailes. Je viens de vivre ce moment de grâce. Comme si tout espoir était permis. Une leçon, non ?

    Je viens de connaître la grâce (subversive) qui bouscule le train-train du mensonge. Avec Josette Fariboul, ma voisine du 25 de la rue du Pressoir, la vérité se fortifie. Il fallait, somme toute, liquider le brouillage des couleurs. Il fallait unifier. Le couple De Gaulle/Malraux n’avait d’autre objet que la réalité d’un Paris unifié. Pas de couleurs ! Rien que que les vibrations chromatiques d’un peuple arraché à son abattoir. Mes parents venaient (expulsés tout comme) de Bretagne. Guy Darol

    Josette Farigoul a lu mon billet sur la rue du Pressoir. Elle y a vécu. Elle témoigne :

    «  J'ai lu que vous habitiez au 25 rue du Pressoir, moi aussi j'habitais au 25 de cette rue, que de souvenirs en lisant votre article. J'ai d'ailleurs le livre de Willy Ronis et de Clément Lépidis mais effectivement personne ne parle de notre rue du Pressoir. Je suis née au 25 en 1948 et j'y suis restée jusqu'à l'expulsion en 1966. Vous parlez du café chez Andrée, c'est dans ce café que j'ai rencontré mon mari en juillet 1965. L'épicerie de Madame Gilles, sa boutique était rouge, j'y allais tous les jours, elle nous faisait crédit. A cette époque la vie n'était pas facile. Il y avait aussi le coiffeur Vincent, le garage MARCHADIER, je crois. Dans la cour, le matelassier. J'aimais bien le regarder travailler. Passage Deschamps, la mère fouillis et au coin, le café chez FREDO. Notre concierge NICOLE. Au mois de novembre j'ai retrouvé une amie d'enfance, par l'intermédiaire de Copains d'avant, elle habitait passage du Pressoir, dans la diagonale du 25. Nous allions ensemble à l'école rue Etienne Dolet. Nous nous envoyons des mails depuis. Elle possèderait une photo du 25 rue du Pressoir et du garage. Elle va me la faire parvenir. Quel dommage de ne pas avoir de photos de notre rue. J'ai bien essayé de chercher mais je ne trouve pas. Je suis toujours en relation avec mes amis d'enfance de la rue du Pressoir. Nous sommes toujours présents pour les bons et les mauvais moments. Nous organisons des repas de temps en temps et à tous les coups nos conversations partent en délire sur la rue du Pressoir. Nous nous remémorons toutes ces bêtises d'adolescent que nous avons fait.
    Que de beaux souvenirs  que je n'ai jamais oubliés
    .
    Je vous adresse mes sincères salutations.
    Josette FARIGOUL

    Cher Guy,

    Merci pour votre réponse qui m'a bouleversée, principalement lorsque vous parlez de votre mère.  J'ai, à ce moment- là, pensé à mes parents qui sont partis bien trop tôt. Je dois vous avouer que j'ai pleuré devant mon ordinateur en lisant votre message.

    Il est certain que nous nous sommes croisés et que je connaissais, probablement, vos parents. Je connaissais tout le monde, j'ai très souvent fait des courses pour beaucoup de personnes, je gagnais quelques petites pièces pour acheter un pain, surtout en fin de mois. Mes parents avaient pas mal de problèmes.

    Je ne sais pas si vous vous souvenez que de temps en temps nous retrouvions, devant nos portes, des échantillons de lessive, savonnette Bébé Cadum, café etc... Votre mère s'en rappellera certainement. Et bien, si comme beaucoup de locataires elle ne trouvait rien devant sa porte, je peux bien l'avouer 50 ans après, c'est que j'étais passée par là en faisant tous les étages dans le noir. Pas de quoi en être fière.

    Donc vous, vous habitiez dans l'escalier face à la porte d'entrée. Moi, j'étais dans la cour, au 3ème étage, il n'y avait que trois étages de ce côté là. Logiquement vous étiez au 23 et moi au 25. J'étais souvent assise au bas de votre escalier, nous n'avions pas le droit de jouer dans la cour. J'étais aussi, souvent, dehors devant la porte. C'est pourquoi je dis que nous nous sommes déjà vus et même vos parents car nous devions dire bonjour à tous les locataires que nous croisions. A cette époque, c'était bonjour Monsieur ou bonjour Madame mais jamais un  simple bonjour en passant.

    Je me rappelle de petits garçons jouant aux billes devant le garage. Moi je jouais aux osselets ou aux cartes.

    Vous avez peut-être connu les jumeaux qui étaient plus de votre âge (1955) et qui habitaient un peu plus haut au dessus de chez Vincent, le coiffeur, après le café chez Andrée. Les jumeaux jouaient souvent dans le caniveau lorsque l'eau coulait, pieds nus en sandales, même en hiver. Ils s'appelaient Christian et Michel Choutier. Michel est décédé, bien trop jeune, en 1997. Christian, je le vois toujours avec ses soeurs qui sont mes amies d'enfance.

    Comme dit mon fils, nous, nous n'aurons jamais de tels souvenirs ni cette nostalgie que vous avez de votre quartier. Effectivement, comme vous le dites si bien, notre enfance a été sévèrement maltraitée du fait de cette destruction. "Ils ont cassé le berceau de mon enfance", quelle belle phrase de Jo Privat ! Je crois que nous pensons tous la même chose.

    Dans le livre de Clément Lépidis, Je me souviens du 20e arrondissement, à la page 79, photo rue de la Mare, en arrière plan, nous voyons une femme avec son cabas et  deux enfants. Cette femme est la mère de cette amie que j'ai retrouvée au mois de novembre, les deux enfants, cette amie Claudie et sa soeur. Claudie m'avait dit "regarde bien, dans son sac on voit une bouteille". Elle connaissait bien sa mère. A cette époque, malheureusement, l'alcool était présent dans beaucoup de familles. La pauvreté aussi mais sans jamais se plaindre.

    Je pensais que de votre côté il y avait 5 étages mais dans ce cas, si il y avait eu 5 étages, comment de la fenêtre de ma chambre au 3ème étage et bien sûr lumière éteinte, aurais-je pu voir les Baert, de votre côté au dernier étage à droite au fond du couloir, se battre pour à la fin se réconcilier en s'embrassant. J'en rigole encore car c'était très souvent et la bagarre se terminait toujours de la même manière. J'avais 13 ou 14 ans lorsque je les épiais et j'attendais le dénouement.

    Je crois qu'elle habitait au 1er toujours de votre côté, on l'appelait la Chinoise, mais il me semble qu'elle n'était pas Chinoise, c'était son mari qui était Chinois, elle m'envoyait acheter des sangsues, si je me souviens bien, chez l'herboriste, rue des Couronnes.

    Au rez-de-chaussée, sur la photo du 25 on voit leur fenêtre, là habitaient les Dilouya. Sur cette même photo, la fenêtre au dessus du garage, c'était chez Cocotte, pourquoi on l'appelait Cocotte, je ne sais pas. Il faisait de la couture, un Juif qui avait bien failli être arrêté pendant la guerre. Juste avant l'arrivée des Allemands, il s'était caché sur la terrasse du garage. C'était tellement le merdier sur cette terrasse qu'il n'avait pas eu de mal pour se cacher. Maman était à sa fenêtre, elle avait vu Cocotte se cacher et tout de suite, après, les Allemands arriver. Ce pauvre Cocotte était connu du quartier car il avait tellement été traumatisé que, certaines nuits, il entrait en crise, se mettait à hurler pensant que les Allemands revenaient, il clouait des planches à sa fenêtre pour les empêcher de rentrer chez lui. Le lendemain matin on voyait notre Cocotte déclouer les planches. Tout était rentré dans l'ordre jusqu'à la prochaine fois. Maman m'avait raconté son histoire car ses cris en pleine nuit faisaient peur et je ne comprenais pas pourquoi il clouait des planches à sa fenêtre, la nuit, pour les enlever le lendemain. Il nous aimait bien mes soeurs et moi, il nous offrait souvent des bonbons, certainement par reconnaissance, sans jamais avoir reparlé de cette histoire ni lui ni ma mère.

    Il y a eu de sacrées histoires dans nos immeubles. Mais que de beaux souvenirs.

    L'endroit qui me faisait peur c'était  cette espèce de couloir entre l'escalier et la loge de concierge, un couloir très sombre qui me permettait d'aller chez Madame Gilles lorsque la boutique était fermée. Je n'aimais pas passer par là.

    Sans parler, de mon côté, dans la cour, celui du rez-de-chaussée qui en se suicidant au gaz aurait pu faire sauter l'immeuble. Madame Paulette qui sur la cinquantaine, peut-être plus, exerçait, encore, le plus vieux métier du monde, comme elle rentrait vers 2 ou 3 heures du matin, elle m'appelait pratiquement tous les jours pour faire ses courses. Une fois par semaine je lui achetais Intimité et Akim. Des souvenirs et des noms qui restent ancrés dans ma mémoire et pourtant j'avais 10 ou 12 ans.

    Mon nom de jeune fille est IDOUX, nous étions 4 filles. Les 4 filles du père Idoux comme certains locataires disaient.

    Même si la vie n'était pas facile pour tout le monde quelle belle époque. J'ai dans la tête plein de souvenirs du temps où j'ai vécu Rue du Pressoir. Après l'expulsion plus rien n'était pareil. Ma mère qui chantait tout le temps et commençait à 6 heures du matin n'a plus jamais chanté lorsque nous sommes arrivés vers la porte de Bagnolet. Tout était cassé.

    Vous trouverez aussi une photo de la boutique de Madame Gilles et la façade de l'immeuble qui vous rappellera quelque chose, je pense. Par contre quand nous voyons l'immeuble en construction, notre rue n'a plus rien à voir avec ce que nous avons connu.

    Amicalement et un grand bonjour à votre maman.

    Josette

    Cher Guy,

    C'est encore avec beaucoup d'émotions que je lis votre réponse, pour un petit garçon si jeune, je trouve que vous vous rappelez de beaucoup de choses. Vous en parlez si bien, les mots sont très beaux, c'est aussi votre métier. Moi je n'ai qu'un certificat d'études car il fallait travailler très jeune pour aider nos parents. Les épreuves nous font grandir. J'ai beaucoup de souvenirs en mémoire car la vie était très dure. Durant 20 ans, je n'ai pu écouter la chanson de Daniel Guichard "Mon vieux" chanson pourtant que j'adore ainsi que Daniel Guichard, mais j'ai dû attendre 1991 ou 1992 pour aller le voir à l'Olympia. J'ai malgré tout pris sur moi lorsqu'il l'a chantée. Depuis, les rares fois où il passe à Paris ou a Rouen, puisque j'habite dans l'Eure, près de Rouen, je vais le voir.

    Cette chanson me rappelle trop mon père sauf qu'il n'avait pas un vieux pardessus râpé mais un veston et sa musette avec sa bouteille, mais chut !!! qu'il n'a pas pris le même autobus de banlieue mais le métro à Couronnes. Certainement qu'avant de prendre son métro il s'arrêtait "Aux lauriers roses" et tout au long de cette chanson, je le reconnais.

    Effectivement vous étiez certainement cet enfant qui jouait dans le caniveau devant le garage. Les mamans aimaient bien surveiller leurs enfants de leur fenêtre. Je devais jouer la comédie pour pouvoir jouer devant la porte comme je disais car de la cour, maman ne pouvait pas me surveiller.

    Je vais demander à mon amie que je viens de retrouver  48 ans après et qui elle habitait passage du Pressoir, si elle se rappelle d'une dame qui gardait des enfants.

    Oh oui, que ce couloir et cet escalier étaient sombres. De mon côté il y avait une fenêtre à chaque palier mais une cave qui faisait très peur. J'arrive encore à rêver de cette cave et de la cour.

    Certainement que cette Régina, je la connaissais aussi, malheureusement je ne me souviens pas des noms.

    Il est vrai que la télévision c'était magique. Nous avons eu la télé, j'avais 12 ans, donc en 1960, en fin d'après-midi si je me rappelle bien, lorsque l'image apparut c'était Rintintin. Super !

    On était, malgré tout, souvent seuls.  Les parents ne laissaient pas, effectivement "traîner" leurs enfants. Je me suis rattrapée, un peu, vers mes 15 ans.

    En regardant le fil de ma vie, je me dis que j'ai toujours travaillé, au début pour aider mes parents, par la suite avec mon mari, qui avait une entreprise d'ascenseurs et qui est parti, bien trop tôt, en 1993, tué par le stress, d'un infarctus, en quelques minutes. Puis après, avec mon fils, ils ont tous compté sur moi, et moi je vis quand ? Je crois surtout que j'ai la vie que j'ai choisie.

    Comme vous le dites si bien, à la fin, en parlant du 23/25 "un pays en somme". Exactement, moi je dis toujours : nous sommes comme les pieds noirs, nous avons la nostalgie de notre pays.

    Comme beaucoup de personnes ayant vécues dans ce quartier, nous avons tous un point commun "la nostalgie de ces belles années"

    Et bien, après toutes ces  évocations, je vais pouvoir me mettre au travail.

    Bien amicalement,

    Josette