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PARIS, RUE DU PRESSOIR - Page 10

  • COMPLEMENT AU BALLON ROUGE

    J'ai un souvenir d'enfance très précis du film Le  ballon rouge que j'avais vu dans un petit studio d'art et d'essai de la rue Saint-Dominique. Il était diffusé en première partie du "grand film", juste avant les actualités. Par contre, je ne me souviens plus du titre du film  qui nous avait attiré. Comme quoi, ce court métrage est resté plus ancré dans ma mémoire que le "grand film". J'aimerais quand même associer un titre à ce court. Auriez vous une piste ? Gérard Lavalette
    Aidons le sublime Gérard Lavalette, photographe-arpenteur d'immense talent, à retrouver ce film. Et n'oublions jamais d'aller consulter son site parisien et donc flâneur.

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  • LE BALLON ROUGE D'ALBERT LAMORISSE EN DVD

     

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    Le Ballon Rouge (Palme d'Or à Cannes 1956), le chef d'oeuvre d'Albert Lamorisse vient de sortir en DVD, couplé avec Crin Blanc (autre masterpiece, Prix Jean Vigo 1953). Les deux films ont été restaurés numériquement en haute définition. En bonus, Portrait d'Alain Emery, L'enfant qui ne savait pas sourire (un film d'Arnaud Dommerc - 44 minutes) et Mon père était un ballon rouge (un film de Chloé Scialom - 52 minutes). A l'intérieur de la pochette, on trouve l'affiche des films, des images à colorier et des planches d'autocollants. Une grande, une heureuse surprise !

    Le portrait d'Albert Lamorisse par Chloé Scialom est plus que touchant. Le cinéaste disparu accidentellement en plein tournage est raconté par son fils, Pascal, le petit garçon au ballon rouge. Devenu grandet, Pascal Lamorisse, accompagné de sa fille, retrace le parcours d'un homme qui a dédié sa vie à l'enfance définitive.

    Parfois nous revenons sur les lieux où fut tourné Le Ballon Rouge. Quelques endroits n'ont pas changé mais les environs de la rue Piat coïncident avec le décor moderne.

    En revoyant ce film, je constate l'étendue de mon ignorance. J'avais six ans lorsque j'ai quitté la rue du Pressoir, un âge où il est impossible de mémoriser des noms de rues, de passages. Il manque un superbonus à cette réédition. Une lecture commentée des lieux parcourus par le petit Pascal. Car les perpendiculaires de la rue de Ménilmontant arpentée par le bus 96 sont aujourd'hui méconnaissables. Qui saurait dire le nom de ces passages étroits où courent les mominards du film ? Josette Farigoul saurait ou peut-être vous, visiteur instruit d'une époque engloutie ?

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    www.shellac-altern.org

     

  • LA RUE DU PRESSOIR EST TOUJOURS HABITEE / CLARIKA TEMOIGNE

     

     

     

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    Après avoir consulté le blog de la Rue du Pressoir, le coruscant chanteur André Borbé me fit savoir qu'il avait de très bons amis qui habitaient le coin de nos souvenirs. Il a demandé à Clarika de raconter. Elle nous parle de notre vieille rue avec une sentimentalité qui témoigne que la vie y demeure affable. Les boules de fonte n'ont pas anéanti le coeur palpitant de l'enclave parisienne. On remercie Clarika (chapeau bas !) tout en espérant d'autres évocations. Résidents d'hier et d'aujourd'hui, n'hésitez pas à maintenir le lien. Vos billets seront toujours les bienvenus.

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    La rue du Pressoir vue de la rue des Maronites


    "Aujourd'hui, la rue du Pressoir c'est quelques barres d'immeubles qui, au visiteur ahuri ou nostalgique, apparaîtront comme un concentré d'inhumanité, symbole d’une société moderne désincarnée et terrifiante.
    Pour celui qui a connu, sans doute, les riches heures des petites rues tortueuses et animées du quartier, j'imagine que le retour à cette réalité bétonnée et peu familière doit sembler une bien piètre fatalité.
    Eh bien voilà, j'habite rue du Pressoir, enfin disons que c'est par cette rue que les amis qui viennent nous visiter (moi et ma famille ...) arrivent,  car  les grilles et clotûres édifiées de toutes parts pour protéger le quidam, empêchent un accès, somme toute logique, par la rue perpendiculaire , la rue des Maronites, par laquelle, moi-même détentrice d’un Pass (quel privilège ...!), je peux naturellement entrer... Bref, vous comprendrez que mon immeuble fait l’angle de ces deux rues (cette ultime précision afin d’être la plus pointue possible sur mon contexte vital !) .
    Ainsi donc, c’est après avoir pianoté sur un interphone où des listes de noms interminables défilent, puis, obtenu une réponse de l’hôte consentant, que le visiteur obtient enfin le sésame et le droit de s’ introduire dans la forteresse... antre clos et arboré, appelé la cité par mes filles ("On va jouer à la cité ... ").
    J'habite ce genre d' immeuble où il vaut mieux , justement....  habiter (le pire est de lui faire face !).
    Eh bien, lorsqu’on a intégré ces quelques désagréables donnes architecturales et logistiques, lorsque l’on vit là, on se dit que ... c'est tout sauf la jungle. Bon, bien sûr, habitant un dernier étage, j'ai la chance de dominer Paris (dois je l' avouer ?) et de pouvoir contempler les toits, le ciel, l'infini, et aussi d’ avoir des pelouses et des arbres en fleurs au-dessous de chez moi.
    Certes, je me demande encore comment on peut imaginer un ensemble "architectural" en soi si moche, dans un entourage si typiquement panamien.
    Plus qu’une faute de goût, j’en conviens !
    Mais voilà, comme bien d’autres, Je vis dans mon quartier, entre la rue des Maronites, la rue Etienne Dolet,  du Liban, le boulevard de Belleville, de Ménilmontant... Mes filles sont à l'école du quartier, je traverse quotidiennement la place Maurice Chevallier, le bar à Chichas et sa terrasse ( mmm ! les odeurs de narguilé qui flottent au vent !), la boulangerie où on achète le goûter des petits, le bar La Pétanque où se retrouvent, après avoir déposé leur progéniture, les mères encore en pyjama sous le blouson en cuir,  les yeux cernés ... parce que "...pas assez dormi ...!"
    Mais un petit noir, ça vous colle la pêche !
    Les deux commerces survivants de la rue des Maronites (sans compter le petit bar sympathique qui fait l’angle avec la rue du Liban, et l’association culturelle berbère qui s’occupent des petits après l’école),  la pharmacie et la librairie, sont le tissu social du quartier ... Les mamies s’attardent  et papotent sans fin derrière le comptoir de la pharmacie. Les mômes courent acheter des bonbons dès la sortie de l'école chez le libraire, un vrai gentleman , gentil et patient, qui sait rester zen en toutes circonstances.
    Aux beaux jours, les gosses traînent partout, en vélo, crient.

    Si la paranoïa aigüe des propriétaires des "Résidences" a fait s'ériger d'affreuses grilles qui quadrillent, sectorisent, enferment (pour protéger quoi on se le demande...), il reste heureusement des bonnes âmes pour ouvrir aux gosses qui veulent rentrer ou laisser passer les "gens", ceux qui n' habitent pas là, et qui effraient des "résidents" craintifs  (et pathétiques parfois).

    Voilà, la poésie n’est  pas  toujours où on l’attend, et, certes, ne faisons pas d’angélisme mais , oui... la vie palpite aussi sous la grisaille du bitume,  Clarika"

     

     


     

    CLARIKA/"Bien mérité"


     

  • RUE DU PRESSOIR/LE RETOUR

    En avril dernier, Josette Farigoul et Bienvenu Merino s'étaient donnés rendez-vous dans un bistroquet de la rue de Ménilmontant. L'objectif : arpenter une rue du Pressoir dans laquelle Josette n'avait pas remis les pieds depuis 1968. Changement radical de paysage. Tout a été dit ici. Louis Chevalier, l'historien du vieux Paris, Guy Debord ont tracé les grandes lignes du désastre dans leurs ouvrages sérieux.

     Voici des photographies du temps présent, un temps qui un jour sera périmé. Et peut-être que ces clichés d'immeubles à tous les autres pareils deviendront des raretés.

    La rue du Pressoir aujourd'hui, une rue recomposée à la fin des années 1960. Quarante ans se sont écoulés. On se consolera toujours en se disant que ces façades ont un côté vieillot susceptible d'arracher aux plus sentimentaux d'entre nous quelques larmes mélancoliques.

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    La courbe de la rue du Pressoir
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    Derrière la fourgonnette se trouvait l'entrée des anciens Bains-Douches
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    Les nouveaux escaliers de Belleville
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    La rue du Pressoir vue de la rue des Maronites
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    Rue du Pressoir
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    Entrée actuelle du 23-25, rue du Pressoir
  • L'ANCIENNE VOIE FERREE

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    Photographie Bienvenu Merino/2008
    L'ancienne voie ferrée à 200 mètres de la rue Julien Lacroix, en montant la rue de Ménilmontant. C’est là, je suppose,  que Guy aimait regarder voir passer les trains. Si on se penche un peu à travers les grilles, derrière l’immeuble de béton, on peut voir tout là-bas, à gauche, le 23-25, rue du Pressoir. Et à droite à coté du HLM, l’endroit où vivait Georges Perec, rue Vilin. Quelle horreur de revoir cette rue, où près de la colline pareille à des seins de femmes les mômes venaient se désaltérer aux tétons de Marguerite, la belle, qui le soir se promenait sur le trottoir du boulevard de Belleville pour distribuer ses petits billets aux nécessiteux du quartier. Bienvenu Merino
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    Georges Perec dans la rue Vilin

     

  • IMPASSE DES CHEVALIERS

    par Bienvenu Merino 

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    photographie Bienvenu Merino

    Le réflexe est héréditaire. En 1875, Arthur Omerod, âgé de sept semaines, prenait l'expression de son grand-père, le jour même de sa mort.

    Auguste Lumière mentionne le cas d’un bébé qui, peu de temps après sa naissance, avait le même tic qu’une de ses grand-mères décédée depuis de longues années.

    Casanova, le séducteur (1725-1798) entre dans une chambre d’une jeune femme, une odeur récente frappe son odorat, tout désir amoureux l’abandonne.

    Descartes, enfant, éprouva un sentiment amoureux pour une fille qui louchait et qui au lieu de l’éloigner, l’attirait.

    Je vais vous faire un aveu. Enfant, la première fois que je vis une  fille se dénuder devant moi, c’était dans une maison abandonnée, elle enleva tout, de haut en bas, et nue,  blanche au milieu de la pierraille et du chant des cigales, s’accroupie et se délivra d’un gros besoin,  en me  chuchotant : «  C’est un présent pour toi! »

    Je ne vais pas vous dire que cet acte puéril qui me marqua est un réflexe héréditaire. Mais cependant ce simple geste d’une fillette de mon âge me laissa des empreintes toute ma vie.

    L’enseignement, sous forme d’instruction ou d’éducation, est une tentative pour faire de l’homme réflexe, un homme raison. De plus, on a l’habitude de considérer l’acte rationnel comme normal, et l’acte réflexe comme anormal. Les livres d’histoire, de psychologie, les articles de journaux et revues, lois et règlements parlent invariablement de ce point de vue. On voudrait que l’idée soit la cause de l’acte. Quant au réflexe, connu sous le nom d’instinct, on voudrait qu’il n’ait  joué aucun rôle dans l’évolution de l’homme, et que le mieux qu’on puisse faire à son sujet, c’est de le maîtriser.

    Pour finir, j’en viens à ce qui donne le titre à ce texte. Lors de mes périples, dans la ville, plus  particulièrement dans le haut de Ménilmontant et de Belleville, en arpentant les rues, près de la rue Pixérécourt, tout à coup je lus : Impasse des Chevaliers. C’est fou ! Alors qu’à l’instant même je pensais, que l’auteur du livre L’Assassinat de Paris, Louis Chevalier, méritait bien, en hommage, de se  voir attribuer une rue à son nom à Paris. Voilà,  mon vœu était exaucé.  Peu importe vraiment si le nom de cette impasse ne lui a pas été attribué officiellement, mais pour moi à la seconde même, c’était à lui, en reconnaissance de son œuvre importante  sur Paris que ce petit bout du haut de Ménilmontant lui avait été décerné. Quand à l’acte héréditaire, peu importe sa signification, héréditaire ou non.

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  • UN PLAN REACTUALISE DE LA RUE DU PRESSOIR

    Josette Farigoul a exploré de mémoire, avec l'aide de complices studieux, les moindres recoins de la rue du Pressoir. Le plan de notre rue s'étoffe. Les façades parlent de nouveau. La rue est redevenue vivante. Animée de ses commerces enfouis sous les décombres, elle nous livre les secrets que les démolitions ne sont pas parvenus à taire.

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  • UNE 4 CV RUE DU PRESSOIR

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    Rue Etienne Dolet
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    René, Simone & Titine
     

    Monsieur, 

    C’est notre fils, qui nous a tenu au courant du site, rue du Pressoir.

    Et bien, ces documents peuvent, je pense, vous intéresser. Une carte postale de la rue Etienne Dolet, que nous avions dans nos papiers et une photographie de notre 4 C.V. Renault, celle stationnée, rue du Pressoir, avant que la rue ne soit démolie complètement. Sur  la photo que je vous envoie, avec notre voiture, nous sommes, au mois d’Août 1956, pendant nos congés payés, près de la Nationale 7, où nous faisions une halte casse-croûte, avant de rejoindre le sud.

    Avec mon épouse nous avions l’habitude de garer la « Titine » rue du Pressoir ou rue des Couronnes (où nous habitions), parfois,  boulevard de Belleville.  Ma foi, c’était déjà assez difficile de se garer.

    Très cordialement,

    René et Simone

    Merci du fond du coeur chers René et Simone !

  • BELLEVILLE MENILMONTANT CHANTE PAR ARISTIDE BRUAND

     
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    Aristide Bruand
    Papa, était un lapin
    Qui s'appelait J.B. Chopin
    Et qu'avait son domicile
    À Belleville.

    Le soir avec sa petite famille
    Il s'en allait en chantant
    Des hauteurs de la Courtille
    À Ménilmontant, à Ménilmontant !

    Il buvait si peu qu'un soir
    On l'a retrouvé sur le trottoir
    L'était crevé bien tranquille
    À Belleville !

    On l'a mis dans la terre glaise
    Pour un prix exorbitant
    Tout en haut du Père-Lachaise
    À Ménilmontant, à Ménilmontant !

    Ma soeur est avec Eloi,
    Dont le frère est avec moi,
    Le soir sur le boulevard y me refile
    À Belleville

    C'est comme ça qu'il gagne sa braise
    Et son frère en gagne autant
    En refilant ma soeur Thérèse
    À Ménilmontant, à Ménilmontant !

    Le dimanche au lieu de travailler
    Ils nous montent au poulailler
    Voir jouer le drame ou le vaudeville
    À Belleville

    Le soir, ils font leurs épates
    Ils étalent leur culbutant
    Minces des genoux et larges des pattes
    À Ménilmontant, à Ménilmontant!

    C'est comme ça que c'est le vrai moyen
    De faire un bon citoyen,
    Ils grandissent sans se faire de bile
    À Belleville !

    Ils crient "Vive l'Indépendance"
    Y z'ont le coeur bath et content
    Et barbotent dans l'abondance
    À Ménilmontant, à Ménilmontant !


  • VISAGES DE LA RUE DU PRESSOIR

    Et toujours, le 14 juillet chez Frédo.
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    Les patrons du café chez Frédo, je les ai reconnus tout de suite en découvrant cette photo. Josette Farigoul
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    Merci encore du fond du coeur à Roland pour ces chouettes images.
     

  • VISAGES DU 23-25 RUE DU PRESSOIR

    Toutes les images qui suivent sont un don précieux de Roland. Nous le remercions du fond du coeur.
    La cour de l'immeuble du 23/25 rue du Pressoir  et plus précisément mon immeuble. Une première cour pavée comme un carré et qui se termine par une cour étroite et longue. Tout de suite sur la gauche, le matelassier, quelques marches à descendre pour se retrouver dans cet atelier en sous-sol.
    On voit vers le fond la première marche des escaliers du 25.
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    Les jolies fenêtres du 25, prises de la cour de l'immeuble du 27. On me dit que se sont mes fenêtres, moi je pense plutôt que se sont les fenêtres du 2ème, celles de Mme Bidault.
    Les fenêtres de droite sont celles des paliers et les deux  autres celles des appartements.
    L'immeuble sur la gauche est celui de Guy. Les fenêtres des locataires de chaque palier à droite au fond.
    On peut distinguer, en bas à gauche, une espèce d'avancée. A partir de là nous arrivions dans le couloir de notre entrée d'immeuble. On peut imaginer dans ce couloir, tout de suite sur la droite, la loge de la concierge.
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    Roland et sa soeur Agnès un jour de Mardi-Gras, dans la cour pavée devant la fenêtre de notre concierge Nicole. Heureusement que la mère n'a pas pris, en même temps, les poubelles qui se trouvaient sur la droite, tout près d'Agnès. La fontaine ou le robinet, toujours gelé en hiver donc d'aucune utilité lorsque nos canalisations étaient gelées. Nous étions obligés d'aller du côté de chez Guy, dans cette minuscule cour ou se trouvait un robinet mieux protégé. Il n'y a pas à dire, c'était mieux côté Guy. Un brin plus riche, ceux du 23 ? Josette Farigoul
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  • PLAN DE LA RUE DU PRESSOIR DANS LES ANNEES 1950/1960

    Il y a plusieurs semaines, j'avais demandé à Josette Farigoul (notre fée Josette, bien sûr !) de poser les contours de la rue du Pressoir sur papier. Pourquoi ne pas l'avoir fait moi-même ? Elle y vécut jusqu'en 1967 tandis que je quittai les lieux, âgé de 6 ans, en 1960. Voici donc un plan de notre rue, signalant l'Impasse du Pressoir, l'Impasse Célestin et le Passage Deschamps. Dans l'angle, la minuscule vignette, indique le 23-25, immeuble où nous vécûmes.

    Dès lors, on peut facilement imaginer (avec l'aide de celles et ceux qui rendent visite à notre site) une animation de ce plan. Chacun y allant de ses souvenirs, retrouvant des images qu'on croyait oubliées, les rives de la rue du Pressoir pourraient indiquer des boutiques, des immeubles, des portes d'entrée. Ce serait rien chouette. Mais là je rêve trop fort. Quoi que ...

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  • BAL RUE DU PRESSOIR

     

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    La fête devant chez Frédo

    Ces enfants qui dansent célèbrent le 14 juillet. Mieux encore, ils sont l'emblème d'une liberté aujourd'hui perdue. La scène se situe à l'angle du passage Deschamps et de la rue du Pressoir. Les voitures ne sont pas les maîtres du terrain. Dans cette portion d'un Belleville ordinaire, l'extraordinaire a lieu. Une magie mêlée au quotidien qu'ont bien connu les habitants d'avant la démolition. Et pourtant, nous le savons tous, les temps étaient bien rudes.

     

  • VERS LA RUE DES COURONNES

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    Bistro chez Jean - Rue du Pressoir

    Avec son choix de rues pavées, vernissées, le cinéma de Jean-Pierre Melville est un relais qui toujours me transporte rue du Pressoir. Je ne sais qui est l'auteur de cette image mais son expéditeur miraculeux, une fois encore, se nomme Josette Farigoul. Peut-être devrais-je dire la fée Josette. Cette portion de la rue du Pressoir se trouve face à notre immeuble d'angle numéroté 23-25. Il faut imaginer que le photographe est posté devant le Garage toujours ouvert. Deux cafés se succèdent sur le trottoir qui mène rue des Couronnes. L'un d'eux s'appelle Chez Jean.

  • 55 ANS D'IMAGES

     

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    Henri Guérard est un enfant de Ménilmontant qui n'a pas déserté ses terres. Il y vit toujours. Cinquante-cinq ans durant il a randonné autour de son immeuble situé 10 rue Henri-Chevreau.

    Pour nous, citoyens de la rue du Pressoir et de ses environs, les photographies d'Henri Guérard sont évidemment une aubaine. Hélas, ce chasseur d'images toujours poignantes n'a conservé dans ses archives que des vues dévastées, le souvenir désastreux de nos immeubles résumés en un tas de poussières.

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    1963 - rue du Pressoir par Henri Guérard
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    1960 - rue du Pressoir par Henri Guérard

    Toutefois, l'ouvrage volumineux (plus de 140 pages d'images) propose un cliché du Passage Deschamps, venelle pavée (et ici vernissée par la pluie) qui reliait la rue du Pressoir au boulevard de Belleville.

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    1966 -  passage Deschamps par Henri Guérard
  • MEMOIRE DES RUES

     

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    Thierry Halay est le co-fondateur et le président de l'AHAV (Association d'Histoire et d'Archéologie du Vingtième arrondissement). Il est l'auteur de quelques ouvrages dont Paris et ses quartiers (1998). Dans la collection "Mémoire des rues" qui ouvre ses recueils à tous les arrondissements de Paris, Thierry Halay a réuni 320 photographies évoquant la vie des habitants de Belleville, Saint-Fargeau, Charonne et des alentours du Père-Lachaise. Autant dire que cet ouvrage de 190 pages est une absolue référence pour randonner en souvenir dans la rue du Pressoir et ses environs.

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    La rue du Pressoir vers 1908
    Au sujet de cette image, Thierry Halay précise : "Difficile de croire qu'il était impossible de conserver et de réhabiliter ces immeubles des années 1900."

    Une carte de 1925 situe notre rue au coeur de Belleville. Elle rappelle, nostalgiquement, l'existence des Passages Deschamps, des Impasses du Pressoir et des Célestins.

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    Belleville en 1925

    MEMOIRE DES RUES

    PARIS 20e ARRONDISSEMENT 1900-1940

    THIERRY HALAY

    EDITIONS PARIMAGINE

    www.parimagine.com

  • UNE CARTE POSTALE DE LA RUE DU PRESSOIR

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    Rue du Pressoir

    La rue du Pressoir en 1907. La photographie a été prise depuis la rue des Couronnes et c'est l'immeuble du 23-25 que l'on aperçoit tout au fond. Les fenêtres ouvertes laissent présager que le temps est doux. Au quatrième étage du bâtiment où je vécus, l'une d'elle est si grande ouverte que l'on peut presque deviner un peu de vie. Bien sûr, il faudrait agrandir l'image et ainsi peut-être découvrirait-on le mobilier. Ou déjà un enfant poussant une petite voiture de l'époque sur le parquet encore tout neuf.

    Au premier plan, les riverains de la rue, tous passés à la moulinette du temps. Le poète André Hardellet aurait dit : "Ce sont des gens couchés en joue."

    Merci Bienvenu Merino pour cet émouvant souvenir. Guy Darol

  • COMMENT SE RENDRE RUE DU PRESSOIR ?

    Josette Farigoul a retrouvé deux plans de Paris qui situent la rue du Pressoir. L'un d'eux est plus ancien.  Des changements se remarquent.

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  • LES DEUX MUSICIENS

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    Ils apparaissent  une fois ou deux,

     l’An

    Quelquefois plus, comme la neige rare sur Paris

    Leurs habits élégants sont beaux, blancs et noirs

    Semblables aux images, belles, des rues d’autrefois.

    Ils portent, tendus à leurs cous par des bretelles de cuirs,

    Leurs instruments vieux de plus de trois cents ans.

    Ils sont héritiers du jongleur médiéval

    Du marchand de chansons ou crieur de chansons

    Des joueurs d’accordéons, saltimbanques, joueurs d’orgues, chanteurs de rue.

    Les enfants quand ils les voient s’écrient,

    "Regarde maman… les musiciens avec leurs drôles d’instruments!"

    Et tirant la main de leur maman ils courent s’asseoir

     En ronde

    Les deux musiciens alors se regardent souriants

    Égrènent les premiers flocons, des ritournelles d’antan,

    comme lorsqu’ils étaient rois de Paname.

    L’un à l’accordéon, l’autre à l’organette à rouleaux

     Les enfants et leurs mamans chantent avec eux

    La petite orgue fait son effet

    quatre fois plus grande qu’un vieux moulin à café

    La manivelle entraîne le papier perforé, qui lui entraîne le soufflet,

    l’air pur passe droit du soufflet dans le sommier

    Et ça joue et ça chante

    Les enfants les accompagnent et les mamans aussi

    Puis ils crient ensemble 

    Revenez, ne partez pas, revenez

    Les musiciens ! Revenez !

    Bienvenu Merino

    Paris le 10avril 2008

  • AUJOURD'HUI/HIER

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    La rue du Pressoir à la croisée des temps
    Un photomontage de Bienvenu Merino

     

  • JOSETTE FARIGOUL ET BIENVENU MERINO EN VISITE RUE DU PRESSOIR

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    Nous étions, Bienvenu Merino et moi, au rendez-vous fixé à 11H30 au café Le Ménilmontant.
    Donc, aujourd'hui 9 avril, nous avons, avant de nous diriger vers la rue du Pressoir, déjeuné ensemble dans ce café, lieu de rendez-vous.
    Après plus de 41 ans, j'allais retourner sur les traces de mon enfance et de mon adolescence, là, où j'ai vécu jusqu'à notre expulsion. Je ne veux pourtant pas revoir ce jour du 2 décembre 1966, jour de notre déménagement où mes parents, mes soeurs et moi sommes partis pour un lieu inconnu.
    1587510337.JPGAccompagnée de Bienvenu et de mon fils David, je suis partie pour ce périple en remontant, tout d'abord, la rue de Ménilmontant jusqu'à la rue Julien Lacroix, sur la gauche. Nous descendons cette rue, Église notre Dame de la Croix, sur notre droite, dressée là, toujours aussi belle, avec son escalier monumental où tous les ans j'aimais à regarder le cortège de communions descendant les marches revêtues pour cette occasion d'un tapis rouge déroulé.
    Sur la gauche, l'ancienne place du Liban, renommée aujourd'hui Place Maurice Chevalier où se dresse l'arbre de mon enfance. Je n'en voyais qu'un, erreur, il y en a plusieurs mais celui-ci est le plus gros.
    Nous faisons une escale rue Etienne Dolet, mon école est toujours à la même place, cette école que j'ai fréquentée de 1954 à 1962. Bienvenu prend une photo de moi devant cette grande porte en bois. La porte est entrouverte et je peux apercevoir cette escalier qui montait aux classes.
    Nous revenons sur nos pas afin de rattraper la rue des Maronites, nous passons devant l'école maternelle, celle de votre jeune enfance, mon cher Guy.
    Puis, bientôt sur notre droite, la rue du Pressoir. Alors là, je crois rêver, c'est plutôt l'horreur. Je n'ai aucune émotion puisque je ne reconnais rien, mais alors rien de rien. Pour sûr ils ont tout rasé. Je pense même avoir déçu Bienvenu par mon manque d'émotion. Je n'ai rien à dire si ce n'est que cette rue est d'une laideur à faire pâlir Des blocs de béton plantés là, c'est plutôt de la rage intérieure que éprouve.  Il est honteux d'avoir fait de cette rue si vivante jadis, un ghetto. Elle est entourée de grilles hautes... des bâtiments dans tous les sens. Aucun intérêt, je ne suis pas certaine d'y retourner un jour.
    Envolés la boutique de Madame Gilles, le grand garage, le coiffeur chez Vincent, le café de la mère Andrée, ce même café où le 5 juillet 1965 j'ai croisé, pour la première fois, le regard d'un jeune homme qui plus tard allait devenir mon mari, lui qui arrivait de Pelleport. Difficile pour les copains, ce type-là n'était pas de chez nous. Toi, Daniel qui commençait dans le métier d'ascensoriste, parachuté rue du Pressoir pour monter les ascenseurs des immeubles qui, déjà, commençaient à défigurer notre rue.
    Nous continuons à remonter la rue du Pressoir, nous sommes maintenant devant le 23/25, je ne dirai pas devant notre immeuble, tellement c'est laid. Il reste malgré tout une chose, la courbure. A cet endroit, je comprends que nous sommes bien là où nous avons vécu.
    Bienvenu et mon fils David tentent de retracer l'emplacement de notre immeuble et de la boutique de Madame Gilles. J'ai en mains les 2 photos de l'époque, nous ne sommes pas d'accord sur les emplacements. Moi je revois très bien les endroits, c'était juste une mauvaise prise de vue. Voilà ! la photo de l'épicerie a été prise d'ici, je me plante là, j'insiste. Bon, nous sommes d'accord, heureusement qu'il nous reste cette courbe comme point de repère. Devant le 23/25, mon fils prend une photo de Bienvenu et de moi. Bienvenu me prend en photo devant cette grille à code digital, il pense déceler une émotion de ma part, c'est raté, je ne comprends même pas ce que je fais là, mais je ne laisse rien paraître.
    Inutile de vous dire que je n'ai pas retrouvé ma mère à sa fenêtre du 3ème étage, dans la cour, me lançant une pièce pour acheter des bonbons sur le chemin de l'école. Pas de vision de ma cour, de mon escalier ni de moi assise sur les premières marches de votre escalier.
    Mon dieu que tout est froid dans cette rue, les anges ne risquent pas de s'y aventurer.
    Les mots qui conviennent à cette nouvelle rue du Pressoir sont horreur, laideur, froideur, ghetto.
    Que les personnes habitant actuellement cette rue et qui pourraient lire mon billet ne s'offusquent pas, que toutes ces personnes me pardonnent et tant mieux pour eux si ces habitants se plaisent à cet endroit. Cette rue n'est plus la mienne, tout au moins cette nouvelle rue du Pressoir.
    1422514610.JPGDans tous les cas, c'est mon coup de gueule, c'est mon choix et c'est mon droit. Je suis pour la liberté d'expression. Moi je préfère garder en mémoire l'ancienne rue du Pressoir où nous pouvions, Guy, moi et tous les autres, vivre en toute liberté et comme le dit si bien Guy Darol, les uns avec les autres, les uns chez les autres.
    La belle vie en somme. Ceux qui pourraient en douter, à mon avis, se trompent. Ces mots n'engagent que moi.
    Juste un conseil, Monsieur Darol, s'il vous prenait l'envie de venir sur Paris, allez plutôt rendre visite à Bienvenu Merino, détournez votre route de la rue du Pressoir. Il n'y a rien à voir et ça vous évitera de perdre votre temps.
    Un peu dur ce récit sur la rue de notre enfance, cher Guy, mais j'en prends la responsabilité et je ne remercie pas tous ceux qui ont contribué à la destruction de notre rue. Mon Général et Monsieur Malraux, avec tout le respect que je vous dois, vous qui dormez dorénavant auprès des anges, je me permets tout de même de dire que cette destruction totale à coups de boules d'acier et de bulldozers, était une monumentale erreur. L'erreur est humaine dit-on, celle-ci est énorme. Il n'est pas toujours nécessaire de démolir, il est parfois possible de rénover. Ce beau café Les Lauriers Roses à l'angle de la rue des Couronnes et du boulevard de Belleville, avec ses grosses colonnes en pierre, lui aussi, disparu.
    Ensuite, je préfère passer à la suite, nous avons remonté la rue des Couronnes, la rue Bison est toujours là, la rue Vilin n'a plus rien à voir avec la rue que nous avons connus, au bout de cette rue, les Jardins de Belleville, les escaliers ont été conservés, c'est malgré tout joli mais à quel prix. Combien d'expulsions et combien d'immeubles détruits pour cette réalisation.
    Où est le Belleville et Ménilmontant de mon enfance. Les bals du 14 juillet où tout le monde se retrouvait, dans les rues, pour danser, au son de l'accordéon, jusqu'à tard dans la nuit. Eh oui ! même rue du Pressoir nous dansions, c'était la fête, la rue était joyeuse. A 4 ans je me revois devant notre immeuble, je chantais et je dansais " Le bal à Doudou" de Jacques Hélian. A tous ceux qui pourraient penser que je suis ringarde et bien pas du tout, je peux écouter du Jacques Hélian mais aussi Raphaël ou suivre la Star'Ac. Je suis très large d'esprit.
    Jo Privat avait raison, effectivement : "Ils ont cassé le berceau de notre enfance".
    Je vais faire en sorte d'oublier ce que je viens de voir. Mille excuses Monsieur Bienvenu Merino si je vous ai un peu déçu, mais faire semblant, ça, je ne sais pas le faire. Je vous remercie pour cet agréable après-midi passé en votre compagnie. Je vous assure que nous nous reverrons prochainement.
    Après avoir pris congé de Bienvenu, en repartant je me suis arrêtée sur le pont du chemin de fer, rue des Couronnes, sur l'autre pont, rue de la Mare. L'école de garçons rue Henri Chevreau existe encore, l'escalier de l'impasse Piat aussi.
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    Je retourne dans mes rêves, je retourne dans la rue de mon enfance. Eh ! les copains, on se voit samedi, je vous attends, nous n'allons pas refaire le monde mais seulement notre vraie rue du Pressoir, cette rue où toute notre bande se retrouvait. Nous allons remonter le temps. Retracer notre rue comme elle était avant. Danielle, Liliane, Christian, Claude et vos conjoints, préparez-vous pour samedi et nos délires, comme toujours.
    D'autres vont nous manquer, Jacky, Nancy le retient, Bernard, 10 ans que je ne t'ai pas vu et toi Yves, plus de nouvelles ; Roland, tu manques à ma vie, même si tu étais mon pot de colle lorsque nous étions petits ; toi le p'tit Bernard, bientôt 43 ans que tu nous as quitté, tragiquement, un jour d'été 1965 ; toi Michel, tu es le jumeau manquant depuis 1997. A toi Daniel, je dédie ce récit, toi qui durant 26 ans de vie commune commençais les phrases que moi je  terminais.Tes fous rires me manquent mais je me débrouille sans toi, tu ne comprendrais pas qu'il en soit autrement.
    Donc, mon cher Guy, je termine ce récit en attendant samedi où nous allons faire un bond dans le passé, replonger dans nos souvenirs. Reste à savoir ce qu'il sortira de notre boîte à malices. A suivre ... Josette Farigoul

  • AUJOURD'HUI, LA RUE DU PRESSOIR

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    Hier, la rue du Pressoir
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    Aujourd'hui, la rue du Pressoir
    Photographie Bienvenu Merino
     

    Ce n'est pas un paysage en ruine mais la conséquence du plan de rénovation urbaine, tel que Louis Chevalier dans L'Assassinat de Paris en a étudié les prémisses. A la manière d'un palimpseste, des constructions se sont substituées aux immeubles érigés au milieu du XIXème siècle où logeaient en parfaite harmonie parisiens de souche et migrants ainsi qu'en témoignent les récits bellevillois de Clément Lépidis. En prévision du retour de Josette Farigoul sur les lieux de son enfance abandonnés par la contrainte de l'expulsion en 1966, Bienvenu Merino a imaginé ce texte d'anticipation où se mêlent l'effroi et la résignation. Le mercredi 9 avril 2008, Josette Farigoul accompagnée de son fils et de Bienvenu Merino ont effectué le voyage. Un pélérinage diront certains mais peut-on parler de catharsis, de guérison lorsque l'on vient contempler l'effacement de sa propre histoire, la rectification pure et simple d'un passé inconfortable mais heureux. A propos de ces transformations brutales menées à coups de boules de fonte et de bulldozers, il convient de consulter Courrier International (www.courrierinternational.com) qui dans son numéro 906 (Dossier Paris épinglé par la presse étrangère) revient, sous la plume d'Andrew Hussey sur la destruction du vieux Paris au motif qu'il regorgeait de vagabonds, de voyous, d'alcooliques, de déviants et d'anarchistes, "tous les exclus de la société qui n'avaient rien à perdre et s'accommodaient très bien du chaos le plus total."  Refuge des "classes dangereuses" (locution inventée et définie par Louis Chevalier, le meilleur spécialiste de l'histoire de Paris), Belleville-Ménilmontant devait disparaître, comme on éradique le risque de peste, la menace du complot révolutionnaire toujours vif. Guy Darol


    Le retour à la maison  

    Le soleil  la neige  la pluie

    Multitudes des rues grisées

    Le retour triomphal en secret

    Le parfum du marronnier

    Elle est revenue au berceau de sa reine enfance

    Elle  se tait de ne rien pouvoir dire

    Elle va de par les rues des souvenirs

    Etoufée d’émotion

    Et fragile

     Dans  sa robe pâle elle est plus belle que tout au monde

    Elle s’arrête un pas, devant Notre Dame de la Croix

    Et continue encore des pas et des pas

    Et

    «  Voilà je suis arrivée »

    Elle veut dire mais elle ne dit pas

    « La maison est là ! » Elle dit 

    Mais elle se reprend  

    « Était là ! »

    Elle montre du doigt

    Elle regarde, s’approche

     Regarde ou était sa maison

    Debout   en   silence,   elle   se   rappelle

    ‘La maison abrite la rêverie et protège le rêveur, elle permet de rêver en paix.

    Il n’y a pas que les pensées et les expériences qui sanctionnent les valeurs humaines. A la rêverie appartiennent des valeurs qui marquent l’homme et la femme en sa profondeur. La rêverie a même un privilège d’autovalorisation. Elle jouie directement de son être. Alors, les lieux où l’on a vécu la rêverie se restituent eux-mêmes dans une nouvelle rêverie. C’est parce que les souvenirs des anciennes demeures sont revécus comme des rêveries que les demeures du passé sont en nous impérissables’

    Josette Farigoul  est venue

     Emue

     Elle repart émue

    Sans que personne ne sache rien.

    Ménilmontant le 9 avril 2008

       Bienvenu Merino

     

     

  • LE CARRE MAGIQUE

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    Belleville

    Je reviens de week-end, de Ménilmontant. J’ai fait l’aller-retour à pied depuis la rue des Boulets. Ma destination, le carré magique. Avant d’arriver place Léon Blum, j’ai  marché tout droit boulevard Voltaire en passant devant Japy, mon gymnase où, tout jeune sportif, j’appris  à allonger ma droite et préciser ma gauche, mais surtout, à éviter les coups. J’ai remonté la rue de la Roquette , emprunté le boulevard de Charonne et celui de Ménilmontant puis le boulevard de Belleville, laissant sur ma gauche l’avenue de la République. Là, à peine à quelques centaines de mètres me séparaient du Lycée Voltaire où mon ami Guy fit ses études secondaires, puis tout juste un peu plus  loin je m’attardais sous les fenêtres d’un immeuble, où habite Bévinda, la chanteuse de Fado « Pessoa em Pessoa » . « Je n’évolue pas, je voyage », écrivait le poète portugais Fernando Pessoa. Et assez vite, continuant le boulevard de Belleville, je  suis arrivé au métro qui porte le même nom. Belleville, enfin ! Belle la ville, tant attendue, chaleureuse, animée, cosmopolite, endimanchée. Femmes, hommes, jeunes et plus anciens, enfants, tous affables et très souriants attablés aux terrasses des cafés devant une limonade ou un diabolo menthe. Je n’ai fait que passer, j’ai marché encore plus haut, puis gravis de vieilles marches comme jadis, et descendu à nouveau des passages et des venelles,  poursuivant des ruelles escarpées, parallèles, et des passages tortueux d’autrefois semblant  me mener au  bout d’un champ ou d’un précipice ou d’un trou, pas de terrier de lièvre, plutôt d’éléphant, c'est-à-dire de pelleteuses énormes, cousines de celles qui ont retourné, labouré et anéanti la rue du Pressoir. En flânant sur la côte,  rue  de Belleville, j’ai fais du lèche-vitrines de bistrots. Deux filles chinoises, aux yeux aventureux, tantôt très noirs et tantôt verts émeraudes colombien, assises à une table, derrière la vitre, m’offrirent leurs plus beaux regards de jeunes filles innocentes. Ces nouvelles parisiennes par leurs origines lointaines ont changé le visage des habitants du quartier depuis quelques années.Et si on dispose très peu de données fiables sur l’aspect physique des Parisiens et sa variation au cours des siècles, il est difficile d’accorder du crédit aux notations des voyageurs ou d’écrivains. Les seules observations faites par des anthropologues sur de vastes échantillons de la population permettraient de se faire une idée à peu près exacte de l’apparence des Parisiens à diverses époques. Ce n’est pas le cas, l’anthropologie physique  ayant toujours été une discipline assez négligée en France. En 1970, dans la revue Population, Jacques Houdaille a présenté les résultats de quatre enquêtes sur la couleur des yeux et des cheveux sur des échantillons assez réduits de la population parisienne. Il semble que le pourcentage des yeux bleus ne se soit pas sensiblement modifié entre 1810 et 1951, oscillant autour du quart, les yeux bruns et noirs représentent à peu de chose près la même proportion ; la moitié des yeux se situant dans les nuances de gris et de vert. Une enquête établie sur des militaires, dénombre six cents soldats nés avant 1785 comptant 29 % d’yeux bleus, ce qui tendrait a indiquer qu’avant la Révolution , plus de Parisiens étaient issus des régions du Nord que dans les générations suivantes. Ces dernières cinquante années l’émigration a contribué à faire ce qu’est aujourd’hui la population de Ménilmontant depuis l’arrivée de très  nouveaux émigrants venus peupler et enrichir ces villages d’autrefois, entourés de coteaux plantés de vignobles et traversés de part en part de sentiers et de chemins par où cheminaient les travailleurs viticoles.

    En haut de Belleville

    Bien avant le boulevard Mortier, j’ai pris une traverse, la  rue des Pyrénées. Avec un peu d’imagination, j’avais  la sensation d’être au Pic du Midi. Et  au loin, tout là-bas,  un rideau gris clair percé de gouttelettes comme de la neige malade, grise et même grise foncée ; le soleil timide était trop timide, comme s’il avait peur de ce qui tombait discrètement du ciel, lui, pourtant si haut, inattaquable. Je voyais des pics flous et des chaînes de coton d’hôpitaux : la pollution sur toute la ville et,  un peu plus loin à droite, je me suis mis à l’abri, tel un montagnard,et j’ai tourné avec précaution dans la rue de Ménilmontant. J’ai descendu toute la rue ;  pas à pas, lentement, freiné par un cyclone de voitures et de vélibs ainsi qu’une procession de sans papiers en observant tout, tout, tout : les portes des immeubles avec leurs  sonnettes d’appels modernes, les fenêtres anciennes à l’oblique, les volets gris fermés, les portes cochères, les façades des immeubles, avec parfois, des poutrelles métalliques  qui retiennent  des pans de mur entiers pour éviter qu’ils ne s’écroulent. Je franchissais parfois les porches sombres et à l’intérieur clair me retrouvant dans des courettes pavées ou des lopins de terre encore existants par endroits, les églises, la mosquée, j’ai tout mémorisé, rien sur papier, rien  non plus sur appareil photographique. J’avais les mains libres semblables à celles des habitants du quartier qui allaient et venaient, ce dimanche, se promenant en  ce  jour de fêtes pascales. J’ai rencontré des chinois, japonais, des titi parisiens, des bretons, corréziens, algériens, égyptiens, marocains, des espagnols réfugiés de 1936… Avec eux nous avons parlé de Lény Escudero, mon ami, lui aussi, autrefois du quartier, et tout ça,  du voyage sans passeport. Je ne dis pas sans papiers ! J’étais  très heureux d’être là au milieu de mes semblables, mes compatriotes, ça au moins ça vous vous réconforte, de se retrouver à Paris et de se croire si loin au bout du monde ! Il y avait même un singe, un vrai,  à une fenêtre d’un premier étage, entre deux oursons jouets, dans les bras de deux petites filles débordant de tendresse. A la hauteur de l’église Notre-Dame-de-la-Croix,  des familles sortaient en chapelet d’une cérémonie religieuse. Deux garçons se chipotaient une image de la vierge ou d’une sainte, je ne sais pas, sous la grimace du père. Les enfants comprirent immédiatement le langage du papa. Le plus grand des garçons plia immédiatement en deux la belle image de la vierge ou de la sainte, cassant les jambes de l’immaculée, et il la rentra comme un couteau dans sa poche de veste. Un jeune couple rayonnant tout sourire, bras dessus, bras dessous, derrière le dos, marchait sans souci, heureux, amoureux certes. Des musiques se mélangeaient aux bruits des moteurs de voitures et des scooters pétaradants. Chacun  vivait sa vie au milieu d’autres vies, parfois si différentes les unes des autres par leurs pratiques religieuses et leurs éducation.

    Avec la quinzaine de Pâques, du dimanche des Rameaux à celui de Quasimodo  prenaient fin les fêtes de l’église chrétienne, destinées à rappeler le souvenir de la résurrection de Jésus-Christ. L’établissement de la fête de Pâques remonte à l’origine même du christianisme. Depuis le quantième concile de Latran en 1215, il est  ordonné à tous les fidèles ayant l’âge de discrétion de communier au moins une fois chaque année au temps de Pâques. Libre à eux de leur pratiques.  Mais comme chaque chose à une fin,  demain lundi, les Pâques seront closes. Alors que prend naissance depuis quelques semaines, dans le bas de Ménilmontant, ce que je nomme le carré magique, à l’intérieur d’un quadrilatère allant du boulevard de Belleville à la rue des Couronnes, de la rue Julien Lacroix à la rue de Ménilmontant, situé dans autre carré  plus petit, sorte d’îlot cimenté  en bordure de la rue des Maronites, et là, en son cœur, comme une blessure terrible, longue à guérir, pansée et bandée d’un linceul de ciment blanc, la rue du Pressoir décapitée il y a plus de quarante ans mais encore habitée,oui habitée si j’ose dire cela ainsi !

    Car la rue du Pressoir existe,  elle est toujours là, bien sûr. Elle n’a plus d’âme. De la fleur d’origine et de ses graines vivantes qui pouvaient lui donner vie durant trois siècles, et  perpétuer des générations, et nous donner à tirer des enseignements de la variété et des richesses d’autrefois. Elle est là, aujourd’hui la rue, telle un cimetière, où est inhumé tout le passé. La vraie rue du Pressoir est morte !Guy Darol est né rue du Pressoir. Il se rappelle encore, il veut se rappeler, surtout il ne veut pas oublier ; surtout pas, au contraire il veut « revivre » la rue du Pressoir, retrouver son enfance passée ici, l’offrir à ceux qui ne l’on pas connu et surtout à ceux qui y ont vécu presque toute leur vie, et qui, obligés de fuir, ne sont jamais revenus, n’ont jamais pu refaire le voyage, enlevés à leur pays et déracinés à jamais.

    La rue du Pressoir, aujourd’hui, est notre carré magique. De bouches à oreilles le cercle d’amis, pardon, le carré s’agrandit, les amies se parlent et reviennent voir, retrouvent leurs traces, se l’imaginent, recréent leurs appartements, là la cuisine, le petit salon, la chambre, l’alcôve, comme avant, lorsqu’ils jouaient ensemble à la poupée, aux billes, au gendarme et au voleur ; oui au voleur… et aux échecs. Ils n’oublieront jamais.

    Josette Farigoul a été pour Guy, UNE APPARITION.  Aujourd’hui, dans  son appartement de l’Eure, près de Rouen, elle dessine dans sa mémoire les plans qu’elle envoie par mail à son voisin de  petite enfance, pour comprendre et nous faire comprendre comment c’était avant, dans les années 1950 quand elle était petite, elle qui se souvient si bien  de sa jeunesse au 23 et 25 de « sa » rue, avec ses sœurs et ses parents, ses amies, sa maîtresse d’école, son mari, connu au café et qui pour la première fois monta l’escalier, à son bras, pour être présenté à ses parents. Bienvenu Merino

  • HISTOIRE D'UN PRENOM

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    J'ai lancé ma bouteille à la mer pour notre petite réunion entre copains. Il faut juste que tout le monde soit disponible un certain samedi.
    J'ai téléphoné à deux d'entre eux hier, ils se chargent de retenir une date qui correspondrait à tous.
    Je sais déjà que mon copain Claude et sa femme (ne l'oublions pas car elle nous supporte depuis 35 ans qu'elle est mariée avec lui) sont de sorties durant les trois semaines à venir. J'aimerais bien que cette réunion se fasse au mois d'avril. Nous verrons, ils vont me recontacter puisque nous nous réunirons chez moi.
    Je compte beaucoup sur Claude car il habitait plus vers le bas de la rue  après le passage Deschamps et je sais qu'il a beaucoup de souvenirs en tête.
    Je suis sûre que nous allons pouvoir remonter la rue du Pressoir presque sans encombre. Il suffit de se mettre à plusieurs. Hier, lorsque j'ai téléphoné à mon amie, elle m'a rafraîchi la mémoire sur un bâtiment situé à côté de chez elle et que j'avais oublié, maintenant je le vois très bien.
    Plus je regarde la photo où vous êtes avec vos parents et plus j'ai l'impression de reconnaître, principalement, votre père.
    L'escalier sur le blog me fait penser au mien. Je descendais les 3 étages à califourchon, sachant que c'était le vide avec la cave rn bas, un peu inconsciente. Un peu un garçon manqué. Pour être manqué, ça je l'étais. Ma mère m'a très souvent appelé Georges. Je vous dis, j'ai toujours eu beaucoup de chance ! je n'avais pas de prénom à ma naissance. Mes parents étaient persuadés que je serais un garçon qui se prénommerait Georges. Oh ! la surprise.  Comme je suis née au 25, c'est le médecin, bien embarrassé, qui m'a trouvé mon prénom. On l'appelle comment ? Georgette ? Ce prénom ne plaisait pas à ma mère (encore heureux, déjà que je n'aime pas Josette mais Georgette faut pas déconner!) et bien Josette ? Oh oui ! répondit ma mère. Et voilà comment ce prénom de Georges m'a poursuivit jusqu'à la mort de Maman en 1984. J'ai toujours pris ça pour une marque d'affection car quand elle en avait après moi, elle m'appelait Josette et ne me reprochait pas d'être une fille. En plus, mes parents n'ont eu que des filles.  Deux autres après moi, en 1953 et 1955. Elles m'appelaient Georges dans n'importe quels lieux ce qui pouvait porter à confusion lorsque j'étais jeune fille et même mariée. Je voyais parfois des gens me regarder avec des yeux ronds, se demandant si je n'étais pas un travesti. Je n'y prêtais même plus attention. Sauf parfois en voyant la tête des gens. Ah oui ! elle m'a appelé Georges. Ce prénom (que je n'aime pas particulièrement) ne m'a pas empêché de vivre. George Sand était bien une femme.  Josette Farigoul
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