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ménilmontant - Page 3

  • VIEILLE MAISON A MENILMONTANT

     

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    C'est, c'était un îlot de paix à Ménilmontant, autrefois maison campagnarde, aujourd'hui dernier vestige du village, avec là-bas, derrière la vieille bâtisse, les ateliers et usines de Ménilmontant, avec ses cours pavées qui datent de la Commune. Si l'on fait abstraction de tout ce qui est autour, cheminées et toitures, je pense à une maison de gardien de cimetière ou  encore  à une maison ouvrière à l'abri de la sauvagerie des promoteurs et dans cette maison, une famille heureuse ne pensant à rien, j'espère, surtout pas à ce qui peut advenir du jour au lendemain. Bienvenu Merino

     

                                           

     

     

     

  • RUE VILIN PHOTOGRAPHIEE PAR MICHEL SFEZ

     

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    Photographie Michel Sfez

     

     

  • PASSAGE NOTRE-DAME-DE-LA-CROIX

     

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    Jacques Hillairet nous l'apprend dans son Evocation du Vieux Paris, "le Passage Notre-Dame-de-la-Croix, long de deux cent vingt mètres, a, à certains endroits, une largeur de deux mètres ; il reçoit de courtes et pittoresques ruelles de même largeur (le Passage d'Eupatoria, ex-Passage de l'Alma jusqu'en 1877, de quatre-vingt-dix mètres de long, la Cité Billon, de quarante-deux mètres de long, la Cité de L'Isly, de soixante-dix mètres de long) qui font avec lui un ensemble très caractéristique du vieux village de Belleville.

    Le Passage Notre-Dame-de-la-Croix se termine en se divisant en deux branches aboutissant : l'une, rue des Couronnes, numéros 90-94, l'autre, rue des Couronnes, numéro 96. Il avait fait partie du Passage Piat, avant que l'ouverture, en 1881, de la rue des Couronnes ne l'eût coupé en deux tronçons ; son tronçon sud a reçu à cette date le nom de l'église voisine."

  • LA RUE DU PRESSOIR ET SES RUES AVOISINANTES

     

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     Rue des Couronnes Photo Henri Guérard

     

    A Agnès, la maman à Guy qui habita rue du Pressoir

     

    On sait bien que le principal caractère du temps est l'irréversibilité qui fait retentir l'accent funèbre de 'jamais plus' et qui donne aux choses qu'on ne verra jamais deux fois cette extrême acuité de volupté et de douleur, où l'absolu de l'être et l'absolu du néant semblent se rapprocher jusqu'à se confondre. L'irréversibilité témoigne donc d'une vie qui vaut une fois pour toutes.

    Je regarde autour de moi, comme égaré, comme si le temps en un tour de manivelle avait viré à la laideur et m'avait confisqué tous mes repères.

    Qui contemple cette magnifique photographie d'Henri Guérard, majestueuse de beauté, ne peut que regretter ce qu'était ce quartier, autrefois. Aujourd'hui, il va de soi qu'on se sent un peu perdu : de la nostalgie, mais aussi la lassitude des combats que je mène pour un Paris plus humain, me gagne, et semble de plus en plus s'éloigner de mes désirs. Certains élus et hommes politiques, eux, ont comme rêve, le grand Paris à la Défense. Mais par ici, le quartier change, aussi, ne s'arrête pas de changer, de s'enlaidir ; plus de vignes vierges, ni de tonnelles, plus de lopins de terre, plus de luzernes, les collines ressemblent à des toboggans pour voitures  et se grimpent par ascenseurs. Les chemins qui nous  arpentions autrefois pour monter aux Buttes-Chaumont ont totalement disparu. La butte n'est accessible que par des escaliers cimentés ou par voitures et autobus ; la rue Vilin  que j'emprunte, découragé devant le spectacle de pierres tombales des façades des nouveaux immeubles me désoriente en ces jours de Toussaint. La rue est déserte, elle est toujours déserte, nulle vie, pas de vibrations, aucun commerçant, pas de bistrots, ni voitures, pas d'enfants  jouant dans la rue, pas un chat ni un chien, les oiseaux doivent sans aucun doute éviter l'itinéraire par où je passe. Où sont  les pigeons de Paris ?  Déboussolés, eux aussi, sans doute.  Je rêve, malgré tout, devant toute cette mort. En changeant de trottoir pour traverser la rue, là, à l'emplacement de cet immeuble blanc, où habitait mon ami Georges Pérec, je me souviens de ses livres qu'il échafaudait comme un bon maçon monte une maison : terrassement, déblaiement, construction. Il m'a dit, un jour : « Je suis comme Nathalie Sarraute qui a besoin de s'installer aux  Deux Magots pour se mettre au travail, moi,  j'ai besoin de la rue, une terrasse en plein soleil, à raz des voitures ; sinon, ma piaule là-haut, c'est mon laboratoire chirurgical ». Ici, aujourd'hui, tout ce que connaissait Georges, a disparu ; ils ont tout tué. Massacré, enterré.

    Mon imagination n'est plus contrôlable devant la déception qui me secoue. Faire du tourisme n'a jamais été mon truc. Ni au bout du monde où je suis déjà allé plusieurs fois, ni non plus dans mon quartier entre Bastille et Nation. Encore moins ici, patrie de nos aïeux qui ont vu défiler des générations et des générations de manifestants : « C'est la lutte finale... ». Ce n'est pas par discrétion que je m'habille de sombre, ni de peur d'être reconnu  dans la rue. Je n'ai rien à craindre des policiers, mais pour marcher je revêt l'habit du commun des mortels : pantalon gris, col roulé noir, godillots de fossoyeurs ou espadrilles de charpentiers, comme si j'allais escalader le ciel qui toujours ouvre ses bras aux terriens. Ce n'est pas pour cela que je vais triste ; non, pas du tout. Dans ma tête, le rêve a toujours sa place ; là, au moins, il est à l'abri. Je souris aux deux jeunes filles qui me croisent et ne se lassent pas de me sourire ; alors je continue mon parcours, content, je ris en les saluant d'un geste chaleureux de la main. Elles me répondent par un geste semblable et un sourire valant son pesant d'or. Alors, tout à coup, en grimpant la côte qui va là-haut sur la butte, je crois gravir le sommet d'un sein, de deux seins même, ou le creux de jolies courbes tendres qui s'aiguisent en poire, que je monte lentement, lentement, très heureux, sachant que je  vais vers de nouveaux désirs, vers les tétons sensuels pour y laisser  en leur sommet la salive de la reconnaissance.

    Je marche sur la pointe des pieds, comme sur des œufs, je ne sais pas pourquoi je suis si respectueux de mes concitoyens, peut-être, pour ne pas réveiller mes mauvaises habitudes vieillissantes, ou alors, leurs soupçons. Marcher, marcher, respirer, sentir  la pleine campagne  sur les bords d'un chemin de terre, où les paysans, après la moisson, ont fait de petits tas de foin liés, et les ont aligné, semblables à des œuvres d'artistes. Je plane. Je suis certain que je suis au siècle passé sur un chemin menant vers des trésors.  Les jeunes filles qui me croisent se protègent sous leur ombrelle pour s'abriter du soleil téméraire et vont vite retrouver leur amoureux  assis sous un olivier dans l'attente de leurs BELLES,  après la dure journée de travail dans les vignes. Puis, elles reviendront, blotties l'une contre l'autre, marchant jusqu'au vieux pressoir autour duquel sont regroupés les habitants du village buvant le dernier cru, vin de terroir. C'est le vrai Ménil-Montant. Je me crois dans un siècle éloigné, au XIIe. Au loin, Notre-Dame de Paris, le seul haut édifice, vient de s'achever sans doute. Des hommes ont travaillé presque deux cents ans, la ville n'est pas si grande, elle est au loin, comme un petit village entre deux bras de rivière que dominent les collines, par où la laitière, solitaire, passe avec ses bidons, pour livrer le lait en croisant certes les amoureux, bras dessus, bras dessous qui songent  au possible de la soirée qui les attend, appuyés contre un cœur aimant et aimé. Bienvenu Merino

     

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    Photo Michel Sfez Vue depuis la rue Levert

     

     

  • BELLEVILLE-MENILMONTANT VU PAR JEAN FOLLAIN

     

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    « Il faut toujours recomposer la carte du tendre. Le chemin qui suivaient femmes et gars des hauteurs de la Courtille a depuis été remué par la pioche ; mais les cieux restent les mêmes, ils soutiennent les mêmes nuances fines ; ils sont peints avec les fumées qui montent de partout, du petit café-restaurant comme de ces appartements riches où les meubles en bois noir de style 1880 reprennent faveur aux yeux des dernières indolentes qui, ravies à des terres lointaines, fument le tabac de la régie turque. Quant aux fumées usinières, le ciel les reçoit aussi, le vieux ciel bleu du Moyen Age à l'escalade duquel veulent monter certains pourvoyeurs de rêves, auteurs, par ailleurs, de fort beaux poèmes d'amour. (...)

    Rue de Belleville, à la devanture d'une marchande de couronnes mortuaires, on a mis en montre une petite bicyclette en perles commandée spécialement par la famille d'un coureur cycliste, pour honorer la mémoire du champion dont elle était fière. Une impalpable poussière de farine venue de la boulangerie voisine tourne autour de la petite bicyclette funéraire.

    Le dernier des hommes-orchestres joue dans un bistrot dont le patron a la nostalgie des louis d'or et où l'odeur d'une savonnette à la violette fait légèrement se gonfler les ailes du nez d'une jeune ouvrière.

    Rue des Cascades, dans le jardin de la guinguette en contrebas, des lurons jouent aux boules la veste tombée.

    Rue des Envierges s'allume à peine la petite boutique poussiéreuse montrant en devanture un globe terrestre, un bâton d'encre de Chine à lettres d'or, des cartes-lettres à filet rouge.

    Des filles à petites oreilles, d'immenses et tristes cinémas, les grises maisonnettes de l'allée des Soupirs donnent à Belleville une préciosité sombre, glorieuse et tendre. »

     

    Extraits de Paris par Jean Follain.

    Ce livre publié en 1935 chez Corrêa a été réédité en 1978 puis en  2006 chez Phébus (collection Libretto) avec une préface de Gil Jouanard.

     

    JEAN FOLLAIN

    Paris

    Editions Phébus

    185 pages, 7,50 €

     

    CONSULTER

    JEAN FOLLAIN PRESENTE PAR OLIVIER BARROT


     

     

  • LE VINGTIEME ARRONDISSEMENT (MAIS AUSSI LE DIX-NEUVIEME) A TRAVERS LES ARCHIVES DE L'INA

     

     

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    Jeter un coup d'oeil mouillé (et amer) sur les dix-neuvième et vingtième arrondissement de Paris dans les années 1960 est rendu possible grâce aux archives de l'INA. Ne manquez pas ce voyage dans le temps.

     

     

    MENILMONTANT QUARTIER D'ARTISANS

    MEMOIRES D'UN VIEUX QUARTIER

    DIX NEUVIEME ET VINGTIEME ARRONDISSEMENT DE PARIS

    LE PREFET DE LA SEINE INAUGURE DE NOUVEAUX CHANTIERS

    DEMOLITION ET RECONSTRUCTION DU QUARTIER

  • LA BOUTIQUE DE MONSIEUR ET MADAME GILLES

     

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    La boutique de Monsieur et Madame Gilles

     

    Au 23-25 de la rue du Pressoir c'est là que je suis née, c'est là que je vécus les 19 premières années de ma vie et au fil du temps j'ai bien évidemment tissé des liens précieux avec certaines personnes.

    Monsieur et Madame Gilles font partie de mes plus tendres souvenirs, leur épicerie se situait en angle de l'immeuble du 23 surnommée, par beaucoup, la boutique rouge. Nous y trouvions de tout et en plus, la maison faisait crédit ce qui rendait bien des services à certains.

    Monsieur Gilles, un personnage grand et sec, toujours vêtu d'une blouse grise. Madame Gilles, petite bonne femme brune et boulotte portant un tablier bleu marine, une mitaine en laine, à la main gauche, ne laissant dépasser que le bout de ses doigts. Mauvais souvenir d'un couteau trop bien aiguisé lui ayant sectionné un tendon.

    Si mes souvenirs sont bons, tous les deux étaient d'origines Auvergnates, pas d'enfant, la vie en avait voulu ainsi. Des gens charmants, serviables que j'appréciais et que j'aimais regarder travailler. J'attendais que Monsieur Gilles rate la coupe d'une tranche de saucisson, je savais que cette tranche serait pour moi. Enfant, très souvent je me retrouvais avec eux dans la boutique, ils m'aimaient bien.

    Je me rappelle, face à l'entrée du magasin se trouvait un grand comptoir dont une partie se soulevait pour passer derrière ce comptoir où trône la balance et ses poids. A côté de cette porte de passage, le réservoir à lait et juste derrière, sur la droite, l'arrière boutique. Sur la gauche, un retour de comptoir où sont alignés les bocaux de bonbons et au fond, une porte donnant sur un petit couloir avec un escalier menant à leur appartement. En face de cet escalier, une porte ouvrant sur la courette où se trouvaient les minuscules fenêtres des cuisines du 23.

    Une petite anecdote qui reste dans nos mémoires, la gentillesse de Monsieur Gilles faisait qu'il gardait, pour ma sœur aînée Monique, les croûtes de gruyère et de ce petit manège entre Monsieur Gilles et ma sœur, il en a été bien trop vite déduit, par certains clients, que ma sœur ne mangeait pas à sa faim. C'était juste son pêché mignon, pour ma sœur les croûtes de gruyère et pour moi le saucisson.

    Les jours de fermeture de la boutique, si ma mère avait besoin, j'étais autorisée à passer, par derrière, comme je disais, Monsieur et Madame Gilles étaient toujours présents pour me servir.

    Un dimanche matin, maman m'envoya chercher quelques courses, je devais avoir 13 ou 14 ans, je passerai donc par ce couloir entre la loge de la concierge et l'escalier du 23, un petit couloir étroit, le noir complet, comme à chaque fois j'ai peur, ce couloir oblique sur la gauche et laisse apparaître la lumière du jour et enfin j'arrive dans la petite courette. Au fond se trouve la porte de Madame Gilles, à côté, sur la gauche, sont entassées des cagettes, comme à mon habitude je frappe et Madame Gilles vient m'ouvrir.

    Je revois distinctement ce jour sans pourtant me rappeler l'année exacte, je vois, encore, Madame Gilles m'ouvrir sa porte, la refermer derrière moi et m'annoncer la mort de Monsieur Gilles, dans la nuit, d'une crise cardiaque. A ce moment, je suis devant l'escalier, je lève la tête et mon regard se fige, un instant, vers le haut de cet escalier, j'imagine Monsieur Gilles reposant au 1er étage. Madame Gilles ne pleure pas, elle est seule, elle m'entraîne dans la boutique pour me servir. Je repars bien triste, je vais prévenir mes parents. Jamais je n'oublierai Monsieur Gilles.

    Comme les monts d'Auvergne, Madame Gilles est robuste et très courageuse, elle continuera seule, je l'aiderais à porter et à rentrer, dans l'arrière boutique, les caisses de vins et autres boissons, il n'y a plus beaucoup de force dans cette main accidentée, il lui faut un peu d'aide, je suis là.

    Une sacrée bonne femme Madame Gilles, je ne l'ai jamais revue après mon départ en 1966, juste un au revoir et je le regrette. Il me reste, malgré tout, en mémoire tant de souvenirs. Josette

     

     

  • MEMOIRES SUR LA RUE DU PRESSOIR, 1960-1967

    En 1960, après notre mariage, nous sommes venus habiter le 25 de la rue du Pressoir. A cette époque, j’étais Pompier de Paris, caserné dans le 7e arrondissement, et mon épouse, aide-soignante à l’hôpital Saint-Antoine. Nous avions repris  le petit deux-pièces, au quatrième étage donnant sur la rue. Il était occupé jusqu'alors par la sœur et le beau-frère de mon épouse, les parents de Guy. J'ai un immense souvenir  de cet appartement propret  et clair,  ensoleillé, et confortable à la fois. Il possédait une petite cuisine toute équipée, eau froide et chaude sur évier, rare dans ces vieux immeubles où la fontaine d'eau courante se trouvait sur le palier. Bref, pour nous, jeunes mariés, c'était féerique. Pour parfaire ce bonheur, une petite fille est venue au monde l'année suivante. Notre voisine de palier, s’appelait Régina, une polonaise d’origine juive. Il arrivait, certaines nuits, que notre fille tout bébé, pleurait, inconsolable. C’est souvent que Regina, réveillée par les pleurs, arrivait, prenait la petite dans ses bras, la berçait en lui fredonnant une berceuse de son pays. Le miracle alors se produisait et bébé s’endormait. Que de services nous a rendue cette brave femme. Après l’expulsion de l’immeuble elle est partie en Israël, avec son ami Maurice, fabriquant de casquettes dans le Sentier. Un brave homme lui aussi.

     


    Que dire de cette rue, de ce quartier de Ménilmuche que mes parents ont fort bien connu, étant nés et y ayant vécu tous les deux leur adolescence, rue Julien-Lacroix ou Impasse des Couronnes. Ce fut d'ailleurs pour eux comme un pèlerinage quand ils sont venus chez nous la première fois. Que d'anecdotes nous ont ils racontés ce jour-là.

     

     

    Maman se souvenait d’une camarade de classe qui habitait le 23, une jolie fillette avec une superbe chevelure qui lui descendait jusqu'aux reins. Un jour, une femme armée d'une paire de ciseaux l'attendait Passage Deschamps et, malgré les cris de l'enfant, lui coupa une bonne partie de ses longs cheveux, avant de s'enfuir.  C'était courant à l'époque, car souvent, certains perruquiers malhonnêtes,  payaient un bon prix les belles chevelures.

     

     

    Je repense souvent à ce quartier, à ces rues populaires aux multiples commerces et ateliers d’artisans, aux petits bistros-hôtels où logeaient des travailleurs maghrébins, seuls, loin de leurs familles, passant leurs dimanches à jouer aux dominos devant un thé à la menthe. Nous avions de bons rapports de voisinage avec ces hommes. L’un d’eux nous avait racheté notre 4 CV.

     

     

    A cette époque, nous n’avions pas les supermarchés pour faire nos courses ; tous les commerces étaient à notre portée. Par exemple, je ferme les yeux, et  je me rappelle…

     

     

    En sortant de la station de métro Couronnes, nous prenons la direction de la rue du Pressoir. En remontant la rue des Couronnes une boulangerie, deux boucheries dont une chevaline, les vins Nicolas, une friterie légumes cuits, très pratique pour les jours ou l’on a pas envie de cuisiner.

    Et, arrivés à notre porte, sous nos fenêtres, au 25 de notre rue du Pressoir, l’Epicerie de Mr et Mme Gilles. Là, nous trouvions tout ce que nous avions le plus besoin : fruits et légumes, crèmerie, lait, beurre, fromage, les eaux minérales, vins, apéros, etc. Pratique en cas d’imprévu.

    Au 23, il y avait un garage, où je pouvais garer notre 4 CV, et faire effectuer son entretien et réparations. Mon coiffeur Louis, rue des Maronites…

    Oui, nous avions tout à notre disposition, le  marché sur le boulevard, la poste rue Etienne-Dolet, des bains-douches prés du métro Couronnes, a côté d’un magasin de bois et bricolage.

    Et puis, à deux pas, la fameuse rue de Ménilmontant, avec ses boutiques, le cinéma Le Ménil Palace, Prisunic. Le tabac et son PMU, où je faisais mon tiercé le dimanche matin.

     

     

    Actuellement, nous habitons dans les Yvelines, une petite ville où les commerces disparaissent les uns après les autres, pour laisser la place a des banques et agences immobilières. Aujourd’hui, à  30 kilomètres de Paris, et pour trouver à peine l’équivalent des commerces énumérés plus haut, il nous faut prendre la voiture et parcourir trois ou quatre kilomètres, et souvent  plus, pour acheter ce que nous trouvions sur place, à Ménilmuche.

     

     

    Au cours des années qui suivirent, les expropriations et démolitions commencèrent. D’abord, par le côté des numéros pairs de la rue du Pressoir. Ce fut la fermeture des petits ateliers et différents commerces. Puis, en 1967, ce fut à  notre tour de partir. Relogés dans un immeuble neuf et moderne prés de la place d’Italie, nous nous sommes retrouvés avec plusieurs ménages venant du 25 ou du 23 rue du Pressoir ainsi que le couple de la Boucherie située rue des Couronnes.

    Le confort de notre nouvelle résidence nous fut agréable à tous, mais les liens qui nous unissaient dans notre petit « village » s’estompèrent, pour disparaître à jamais. Nous ne sommes pas retournés voir ce qui était advenu du quartier, c’est par les photos et les témoignages de ce remarquable site que nous avons effectué notre visite.  Georges,  juillet 2009

     

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     Photo prise en 1963 dans la salle à manger. Elle était claire et ensoleillée.                                                    

                                   

     

  • RUE DU PRESSOIR

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    Rue du Pressoir
     

    Là que je vécus dans les années 1950. L’immeuble qui se situait au 23-25, dans l’unique courbure, lorsqu’on vient de la rue des Couronnes serait qualifié aujourd’hui de lépreux.

    Il s’élevait sur quatre étages et sa façade grise, écaillée, me semblait somptueuse. Mes parents occupaient un deux pièces aux fenêtres bleu azur qui donnaient sur un quadrilatère barré à l’est par la rue Julien Lacroix. Appuyé sur une rambarde, je pouvais observer une cour pavée où picoraient des poules. Et je pouvais entendre le grognement de cochons parqués dans une cahute bancale. Au pied de l’immeuble, un garage, ouvert sur la rue, offrait un espace de bitume craquelé que j’allais quelquefois rejoindre pour y pousser mes billes ou, dans le caniveau, quelque frêle esquif de papier.

    Le bâtiment a été rasé en 1967 et tout ce quartier, hétérochrome, mixte, a depuis été recouvert par de blêmes volumes aux angles aigus. Là, je fus éduqué par le peuple du monde. Maurice, le chapelier, me faisait essayer des casquettes enfantines et Régina qui possédait un téléviseur m’invitait, ma tête enfouie contre son cœur qu’elle avait gros, à regarder les aventures d’Ivanhoé. Leurs portes étaient toujours ouvertes.

    Tout devait disparaître selon les projets d’embellissement et de blanchoiement voulus par de Gaulle que conseillait André Malraux. Cependant que ce dernier avait démontré dans son œuvre qu’il n’avait rien à dire sur Paris. Une phrase de ses Antimémoires atteste seulement sa connaissance des « moineaux qui attendaient les chevaux des omnibus au Palais-Royal ». Contre toute attente, c’est bien lui qui ordonne la tabula rasa. Il est le déclencheur des boules de fonte qui aplatissent, le 27 février 1969, les Halles enchantées par Guy Debord, Julien Duvivier, André Hardellet, Hubert Juin, Claude Seignolle et la chanteuse Damia.

    J’ai cherché, dans les livres d’Henri Calet, Clément Lépidis, Georges Perec (citoyens de mon périmètre), un souvenir de la rue du Pressoir. Fiasco. Et sachez que mes rayons amassent, année après année, centaines de volumes sur la Ville Lumière. Un jour, je proposerai ici, une bibliographie flâneuse.

    Aujourd’hui, je ressens (tristesse des regards dans le rétroviseur) le besoin d’évoquer ma rue au tracé demeuré exact mais à l’environnement saccagé. Ivan Chtcheglov, grand inspirateur de la dérive continue, en butte contre « la passion de l’oubli », avait décrit dans Formulaire pour un urbanisme nouveau (in Ecrits retrouvés, éditions Allia), l’autre pays, celui de mes rives d’enfance. Pour ne pas oublier, jamais, je recommande L’Assassinat de Paris, ouvrage qui mit en danger son auteur parce qu’il y dénonçait fermement l’attentat porté, en 1958, par le général de Gaulle contre le Pantruche ouvrier. Livre savant, précis, mélancolique (Louis Chevalier, camarade de khâgne de Georges Pompidou fut professeur au Collège de France), L’Assassinat de Paris narre l’histoire d’une démolition et la fin des quartiers bruissants de vies simples.

    Enfin, page 242, il parle des « exilés de Belleville », déplacés par contrainte vers les banlieues neuves (bâties de tours aujourd’hui pilonnées) et qui regrettent « l’inconfort de la rue du Pressoir ».

    Initialement publié en 1977 aux éditions Calmann-Lévy, réédité vingt ans plus tard chez Ivrea, ce livre est à découvrir de toute urgence. Et permettez-moi de remercier (ceci comme un blog à la mer) celles et ceux qui connurent (années 1950) ce quadrilatère pluriethnique, compris entre les rues des Maronites et des Couronnes, pour les commentaires qu’ils pourraient m’adresser, nourris de colères et de tendres souvenirs. Peut-être avons-nous, ensemble, humé l’air de la rue du Pressoir. Régina, Maurice, Joseph, je vous embrasse là où vous êtes. Guy Darol

  • L'ECOLE MATERNELLE 42 RUE DES MARONITES PARIS VINGTIEME ARRONDISSEMENT N'EST PLUS

     

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    A Guy Darol, qui fut élève de cette école, dans les années 1950, auteur d’un livre émouvant, Héros de papier véritable éloge de la lecture et de la venue à l’écriture.

     

     

    I

     

    Dans  cette école maternelle, les classes ne sont plus assurées, l’administration de l’éducation nationale y a mis terme. Mais le corps de bâtiment est toujours là, debout, ses murs solides, en pierres grises pâles, montées en  faux morceaux de sucre et enrubannées dans leurs façades de liserés de briques rouge-rose, cette couleur que l’on attribue souvent  au féminin, dont les mamans, il n’y a pas si longtemps, aimaient faire porter par leurs filles. Corsages roses, contrastés bien souvent avec la jupe marine, taillée de mains souples par des mères inquiètes de vouloir donner la meilleure image de leur progéniture. De ces murs de l’école, montent encore les cris joyeux des angelots mominards parisiens, des pleurs aussi, des appels poignants aux mamans et papas s’élèvent au-dessus de la petite cour de récréation séparée d’une autre cour, celle des grands de la Communale, par un muret pas trop haut, cependant suffisamment pour faire croire à ces petits que c’est infranchissable. Cette bâtisse est la mémoire de tout le quartier de l’îlot de la rue du Pressoir. Long rectangle magique, où des milliers d’enfants, de générations en générations, hommes et  femmes aujourd’hui, ont fait l’apprentissage de la langue et de l’écriture ! Si l’école maternelle demeure, ces salles de classes ont depuis peu, d’autres fonctions. Dorénavant elles servent d’annexes et de bureaux. C’est lors des dernières Portes Ouvertes d’Ateliers d’Artistes de Ménilmontant que j’ai eu le privilège de découvrir l’intérieur de l’école et sa cour, où Guy Darol, tout jeune enfant, élabora ses premiers plans de jeux, édifia ses premières barricades, ne se méfiant pas à priori de certaines institutrices, apparemment douces, et inventa de nouveaux westerns d’où sortaient toujours vainqueurs, les indiens, ses favoris. C’est dans l'une de ces classes qu'il travailla ses cours  d’élève assidu. Et n’oublia jamais le merveilleux souvenir de Blanche Neige et les sept nains, projeté dans une grande salle, sur la gauche, en entrant par la rue des Maronites,  salle qui jouxtait un vaste dortoir. Salle fée. Blanche-Neige est une princesse dont la très grande beauté rend jalouse la Reine, sa belle-mère, qui ordonna son assassinat. Epargnée mais abandonnée dans la forêt, elle trouve refuge chez sept nains qui l’intègrent à leur communauté. L’action débute lorsqu’un jour, la Reine interrogeant son miroir, celui-ci lui répond que la plus belle du royaume est dorénavant la princesse Blanche-Neige. Peu après, celle-ci, alors qu’elle lave l’escalier du château tout en chantant, est aperçue par un prince, qui, ébloui, lui chante son amour.

    C’est aussi, dans une de ces classes, que naîtra, pour Guy Darol, le goût et la passion de la lecture, les devoirs bien fait et le long début du métier de lire et écrire dont il témoigne avec beaucoup d’émotion dans son livre Héros de papier : « La lecture était ma bouée, radeau de survie ; également mon tapis volant. Je me cramponnais… Une échappatoire, à ce que l’on dit. Il est vrai que je me caltais sur le torrent des mots. Leurs cascades, leurs écueils, les visages en épingles, tout me secouait de frissons. Chaque histoire avalée me laissait sur le sable, tristounet. Mais la promesse d’une suite me regonflait de joie. Je ne sais comment tout arrivait. Quel chemin arpentait mon père pour m’approvisionner ? Qu’est-ce qui le dirigeait ? Ses goûts étaient les miens. Il se mit à lire, lui aussi, à dévorer, à se goinfrer, sacrifiant sa femme sur l’autel de la boulimie. Nous fûmes bientôt dans le même lit, environnés de bouquins, éblouis de mots, de lumières. C’est par la ruse que j’ai vaincu, par la fugue que je m’en suis allé . Avec la nuit, j’ai feinté. Les trouilles n’en sont pas toutes parties, mais la lecture m’étant permise, j’en abusais, et je confondais mes parents qui voyaient dans cette griserie un penchant  à sortir du rang.  Issus de Bretagne, ils me souhaitaient plus noble sort. Ça j’étais averti. Etant  donné mes origines, enracinées à des lopins, il fallait pour m’en arracher, doubler d’effort, travailler dur. D’où tu viens, on me répétait, il faudra faire tes preuves. «  J’étais tiré à quatre épingles ; le cheveu court, chemise, cravate. Chaussures vernies. On me croyait des grands boulevards, je descendais des chemins creux ; terre battue astiquée au balai de genêt ; fermes basses. « Si tu ne veux pas apprendre, on me disait, tu garderas les vaches. De Dieu, cette perspective m’aiguillonnait. Je ne voulais pas finir bouvier, tirer les patates, pousser le soc. Mes parents n’avaient pas eu de chance. Ils trimèrent à l’âge de douze ans. L’école en avait assez fait. Ils  savaient lire, écrire, compter. Leur place était à la charrue. Ils eurent le sursaut de s’enfuir. J’ai mal à les imaginer, patoisant gare Montparnasse pour demander ligne de bus ou de métro. Paris fut leur Eldorado. Et c’est ainsi que je suis né en bord de Seine, à l’Hôtel-Dieu, le pied fluvial et la tête toute emplie d’oiseaux. Et c’est ainsi que j’ai grandi dans le souvenir des vignes de Ménilmontant, rue du Pressoir. Quatrième étage. Les fenêtres étaient peintes de bleu, celui des charrettes agricoles. Aussi vite, j’aurais pu émerger à New York ou à Dublin, c’était possible. Par Joseph, j’ai du sang d’Irlande...» «Joseph s’arrogea de m’élever dans le culte du verbe acrobate, et le respect de l’arbre qui porte l’oiseau et qui touche le ciel. Il m’étoffa d’un lexique champêtre, le modulant un peu d’argot et de langue gallèse».

     

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    II

     

    ECOLE DE LA REPUBLIQUE

    DE LA DEMOCRATIE ET DE L’EMANCIPATION

     

     A l’heure où l’école, l’éducation, l’enseignement sont au centre du combat public, que l’avenir des enfants est l'une des principales préoccupations d’une majorité de nos concitoyens, au moment où l’on assiste à d’importants mouvements sociaux, notamment de la part des enseignants qui contestent la réforme gouvernementale de l’éducation nationale dans le cadre de sa politique de décentralisation, il semble opportun de traiter l’histoire de l’école républicaine, obligatoire, gratuite et laïque. Le savoir reste le seul élément qui donne à l’individu l’émancipation, le sens de la responsabilité, la capacité d’être libre. L’ignorant sera toujours dépendant de quelqu’un, d’un groupe, d’un dogme. Ce n’est pas un hasard si l’accès à la connaissance fut difficilement accordé au peuple, car ce droit de savoir, pendant trop longtemps accordé à une élite, avait pour seule finalité de servir ceux qui détenaient le pouvoir. Voltaire qui a marqué son empreinte dans le combat des libertés, en dénonçant le fanatisme religieux, l’absolutisme royal et les insuffisances de la justice, s’interrogea pourtant sur la nécessité de permettre aux paysans d’apprendre à lire et à écrire, alors, disait-il, que la seule tâche qui leur était prescrite était de labourer et semer les champs. Un état d’esprit qui peut surprendre de la part d’un intellectuel engagé pour le progrès et qui, toutefois, est très significatif des pesanteurs que représentent certaines formes de préjugés. On sait que  le combat  pour l’égalité des droits n’est pas facile. L’histoire montre qu’il a fallu bien des engagements et beaucoup de détermination  pour imposer l’école de la république et de la démocratie. Au regard du conflit qui oppose une grande majorité des enseignants au gouvernement, concernant la réforme de l’Education Nationale dans le cadre de la politique de décentralisation, aujourd’hui, le sujet reste sensible et prioritaire, car si l’école est obligatoire pour tous, l’égalité des chances d’assurer son avenir par la connaissance est loin d’être réalisée. En période de crise profonde où précisément les injustices sont fortes, l’effort de la collectivité citoyenne et ceux de l’Etat pour apporter des réponses aux plus défavorisés  est une obligation civique. C’est là, l’essence même du rôle de l’école démocratique. Bienvenu Merino

     

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  • LE FUNICULAIRE AUTREFOIS

     

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    A la différence de villes comme Lyon ou Marseille, Paris ne possède pas un relief présentant de sérieux obstacles à la circulation d’omnibus hippomobiles, de tramways mécaniques ou d’autobus. Aussi la construction de funiculaires n’a-t-elle été entreprise que pour les collines de Belleville et de Montmartre. Le funiculaire de Belleville est conçu  selon la technique du câble sans fin à mouvement continu utilisé depuis 1873 à San Francisco. Mis en service le 25 août 1891, il part de la place de la République, emprunte  les rues du Faubourg-du-Temple et de Belleville et se termine devant l’église de Belleville, soit une longueur totale d’un peu plus de 2 kilomètres. Destiné à une clientèle populaire, le funiculaire de Belleville est bon marché : 10 centimes dans la journée, 5 durant la première et la dernière heure de service. Il fonctionne dix-huit heures par jour et transporte environ cinq millions de passagers par an, à une vitesse moyenne de 12 kilomètres à l’heure. Il n’a  connu qu’un accident grave, le 9 janvier 1906 : la rupture d’un des grips enserrant le câble lui ayant fait dévaler la colline jusqu’à la place de la République à la vitesse d'environ 120 kilomètres à l’heure. Les voyageurs pris de panique sautèrent en marche et s’il n’y eu pas de morts ; on compta dix-sept blessés. Le matériel vétuste ne fut pas remplacé et le funiculaire cessa de fonctionner le 18 juillet 1924, remplacé par un service d’autobus. Bienvenu Merino

     

    Chaque dimanche, nous publions sur le site de la Rue du Pressoir une image de notre quartier. Seulement, nous ne disposons que d'un très faible stock. Nos albums personnels sont limités. Aussi faisons-nous appel à vos archives. Si vous possédez une photographie que vous souhaiteriez mettre en ligne, avec les mentions et légendes que vous jugerez nécessaires, faites-nous plaisir. Elles feront le bonheur des visiteurs toujours plus nombreux qui viennent flâner parmi nos pages.
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  • RUE DES ENVIERGES

     

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  • DESTRUCTION DE LA RUE VILIN

     

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    Photographie Philippe Hiriga

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  • RUE VILIN ☞ PHILIPPE HIRAGA

     

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    Photographie Philippe Hiraga

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  • CARREFOUR RUE GASNIER-GUY/RUE SORBIER

     

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    Tous les familiers de Ménilmontant reconnaîtront le carrefour de la rue Gasnier-Guy et de la rue Sorbier.
    Il est surprenant de constater que le lieu est demeuré terrain vague si longtemps ! En effet, cette aquarelle date des années 30. Elle a été peinte par un oncle de mon mari, ancien de l'école Boulle, qui possédait un joli talent de peintre et dessinateur. Il me semble, pour être passée récemment dans ce secteur, qu'on est en train de le meubler ... Le petit square qui se trouve en face vient d'être réaménagé, en même temps, d'ailleurs que la partie de la rue Sorbier qui débouche sur la rue de Ménilmontant. Lucile

     

  • LA BELLEVILLOISE

     

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  • 23 RUE HENRI-CHEVREAU/SOUVENIRS D'ENFANCE

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    La tante Alice et l'oncle cordonnier
    Je me souviens des visites chez ma tante Alice, la sœur de mon Père.

    Ma tante était propriétaire d’une petite boutique de mercerie, journaux, jouets et bonbons.

    Je me souviens, en entrant dans ce lieu, de cette odeur de journal et confiserie mêlée aux autres produits en vente, ainsi que les effluves d’un plat qui mijotait dans la cuisine de l’arrière boutique. Il y régnait une atmosphère chaude et feutrée.  Je me sentais bien et un peu fier d’avoir une Tata boutiquière.

    Par une petite porte qui se trouvait dans la cuisine, on débouchait dans un petit jardin situé en bordure de la voie ferrée de la petite ceinture. Quelle était ma joie d’y voir un rare train passer, et même s’arrêter à la gare qui hélas, n’était déjà plus en service en ces années 50.

    Dans ce jardinet, mon oncle tenait une petite échoppe de cordonnerie et ressemelage. Je n’ai pas oublié ces odeurs de cuir, de colle et de cirage. Et celles …des chaussures déjà réparées, ou en attente de l’être.

    Cette visite chez ces Parents, était pour moi, le petit Parisien, une vraie sortie à la campagne. Georges

     

     

     

     

     

  • RUE DES PANOYAUX

     

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    Cher Guy,
    Cette photo a été prise par le père de mon époux du toit de l'immeuble de la rue des Panoyaux où il est né. 
    On y voit successivement : 
    au premier plan, le toit d'une imprimerie de la rue des Panoyaux et une maison du côté impair, l'arrière d'une maison de la rue des Platrières (la jeune femme qui devait devenir ma belle-mère est à la fenêtre du quatrième étage), les immeubles de la rue des Platrières, côté impair, à droite, l'arrière des immeubles de la rue Sorbier, côté pair. 
    On aperçoit, au loin, le clocher de Notre-Dame-de-la-Croix (à gauche d'une haute cheminée). 

    La photo date du 12 avril 1929, 
    mais rien n'avait changé jusqu'à la démolition du quartier.  Subsiste encore à ce jour, dans la rue des Platrières, heureux hasard, l'immeuble numéro 8, où est photographiée ma belle-mère et où a été élevé mon mari. Lucile

     

  • DES ETABLISSEMENTS LEON WEILL AU MAGASIN DE LA MERE FOUILLIS

     

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    Josette, devant le magasin de jouets, rue des Maronites, en 1953

    En parcourant le récit de Lucile qui nous conte si bien la rue des Maronites, malgré quelques problèmes, que j’espère passagers, j’interromps, un instant, mon silence radio, le billet de Lucile méritant quelques commentaires.

    Rien qu’à la lecture de ce billet, je suis transportée dans le temps, mon imagination débordante m’aide à me retrouver au début des années 50 où avant de remonter la rue des Maronites et de m’engager dans la rue du Pressoir, je vais m’arrêter à l’angle du boulevard de Belleville et m’attarder devant ce magasin de voitures d’enfant décrit par Lucile.
    J’ai un souvenir encore très présent de ce commerce, un magasin de voitures d’enfant mais aussi de jouets. Maintes fois, le nez collé à la vitrine, j'ai regardé, avec envie, les magnifiques poupées bien trop chères pour nous. Du souvenir de ce magasin, il me reste une vieille photo jaunie et abîmée, datant de 1953, où je pose, timide mais fière, les yeux écarquillés, aux côtés du Père Noël.
    Un autre point fort dans le récit de Lucile : l’entreprise aux portes métalliques vert foncé. Cette entreprise se situait, effectivement, un peu plus haut après la boulangerie du coin. Comment oublier les Ets Léon Weill, fabricant de boucles en métal (il me semble pour chaussures, sacs et ceintures). Maman a fait partie, un temps, de ces femmes qui tout en travaillant à leur domicile pouvaient s’occuper de leurs enfants. Si je me rappelle bien, cette entreprise employait pas mal de salariés qui fournissait, en plus, du travail à domicile. Ce travail consistait à accrocher la pointe à la boucle en abaissant une espèce de petite presse, d’un coup sec. Il fallait, malgré tout, un bon coup de main et un sacré rendement pour se faire un petit pécule. J’ai eu la chance ou la malchance d’avoir un père ingénieux qui, un peu pour lui et beaucoup pour moi, fabriqua à l’identique une autre presse, la réplique parfaite de celle prêtée par les Ets Léon Weill. Résultat, un travail à quatre mains : deux fois plus vite et deux fois plus d’argent pour ma mère. De ce fait, nous pouvions, ma mère et moi, ramener ces gros sacs en toile de jute, très lourds, et récupérer, plus rapidement, le fruit de son labeur afin d’améliorer les conditions de notre vie difficile et arrondir les fins de mois.
    Lucile éveille, en moi, un autre souvenir au sujet du magasin qu’elle nomme « la caverne d’un rose délavé » et du personnage à l’image de sa boutique. C’est certain, cette espèce de fée bienveillante ne peut-être que la Mère Fouillis. Tous les enfants de la rue du Pressoir la surnommaient ainsi. On trouvait de tout dans son bric-à-brac mais surtout, je confirme, des bonbons ! À éviter. Inoubliable Mère Fouillis.
    Des souvenirs importants pour moi qui ont marqué ma petite enfance et mon adolescence. Dans chaque récit, il existe toujours un petit quelque chose qui me rappelle un grand quelque chose. Si émouvants, les récits de Lucile ou de Nicole font ressurgir des souvenirs que je croyais à jamais enfouis.
    Dernièrement, en lisant celui de ce bébé fugueur qu’était Nicole, la fin de son récit a de suite fait remonter à la surface une image, celle de ma mère qui comme Nicole adorait la crème de lait.
    Très distinctement, je vois ma mère dans notre cuisine de la rue du Pressoir, devant une casserole de lait en ébullition, attendant que la crème se forme sur le dessus avec, déjà à la main, sa cuillère. Machinalement, comme lorsque j’étais gamine, j’affichais une grimace d’écœurement, supportant très mal de voir Maman manger cette crème à la cuillère.
    Voilà pour les quelques souvenirs, les plus forts, ceux sur la rue des Maronites que j’ai gardés en mémoire. Josette

  • A LA VIELLEUSE

     

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    A La Vielleuse, rue de Belleville

    Merci à Maurice Tarlo pour l'envoi de cette image.

     

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  • RUE DES MARONITES

     

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    La Rue par Balthus

    Jusqu’au grand bouleversement des années 60, la rue du Pressoir prenait sa source dans la rue des Maronites, s’enrichissait au passage d’un petit affluent, le passage Deschamps, et amorçait un large méandre avant de se jeter dans la rue des Couronnes.

    Si donc vous souhaitiez la remonter, il fallait emprunter la rue des Maronites.

    J’ai constaté que plusieurs visiteurs du site y avaient de nombreux souvenirs et je vous propose d’y ajouter les miens.

    Il est possible que mon témoignage ne suive pas fidèlement le cours des années, mais ce que je souhaite c’est raconter « ma » rue des Maronites, telle que tapie au plus profond de ma mémoire. Celle de mon enfance, de mon premier âge, juste avant que l’adolescence ne disperse ailleurs mes centres d’intérêt.

    Dixit Jacques Hillairet, la rue des Maronites a un an de plus que la rue du Pressoir. Elle s’est urbanisée en 1836 sur les traces d’un sentier du XVIIIème siècle.

    Elle démarre boulevard de Belleville, et cela commence très mal pour moi car je n’arrive pas à me souvenir du premier magasin côté pair ! Tout au moins dans les années 40. Après il y eût successivement un marchand de meubles, de voitures d’enfant… En face, une grande boulangerie animait l’angle, suivie d’un immeuble et d’une entreprise dotée de deux larges portes métalliques vert foncé. Suivait un café, avec une grande salle un peu sombre, légèrement en contrebas de la chaussée. Entre deux entrées d’immeubles, un marchand de couleurs (il me semble qu’il n’y a qu’à Paris qu’on parle de marchand de couleurs, ailleurs on dit un droguiste !).

    En face il y eut un temps une pâtisserie très agréable, à côté d’un hôtel à la façade recouverte de carreaux de faïence blanc et bordeaux. Denise, la fille de la maison, allait à l’école avec moi. Des immeubles, puis la cour et les arrières de la Poste de la rue Étienne Dolet.

    Je vais devoir maintenant naviguer de bâbord à tribord, sans souci de la circulation qui ne posait pas vraiment problème. 

    Côté impair, une toute petite boutique offrait aux amateurs l’éventail de la charcuterie auvergnate arrivée directement du pays. Mon oncle et ma tante ne manquaient pas d’y acheter des « gratons » chaque fois qu’ils nous rendaient visite. On y trouvait aussi des frites, et de la morue en beignet que l’on rapportait enveloppée dans de grands papiers blancs tout graisseux.

    On ne la cuisinait pas chez soi, à cause de l’odeur.

    À touche-touche, je revois comme si c’était hier la caverne d’un rose délavé où régnait une espèce de fée bienveillante. Sa porte était toujours ouverte. Quand on entrait, elle apparaissait tout étonnée du fond de je ne sais où, comme si elle venait de se réveiller. Elle arborait une chevelure foisonnante, portait des grandes lunettes, et suçotait constamment quelque chose. Elle vendait tout ce qui pouvait intéresser les enfants : des billes, des petits jouets, des perles, des pochettes-surprises… et des bonbons indéfinissables dont on avait l’impression qu’ils étaient là depuis toujours. La boutique sentait la fraise et la poussière : c’était complètement délicieux.

    Un café/hôtel faisait suite, puis le Primistère, la grande épicerie, à l’angle de la rue du Pressoir. J’aimais bien aller chez « Madame Primistère », retrouver la caisse centrale, le carrelage propre comme un sou neuf et les étagères pleines de jolies boîtes de conserve. J’y allais toute seule, il n’y avait que la rue à traverser « en faisant bien attention » !

    Sur le trottoir d’en face, après la Poste, le mur sans porte d’un atelier de menuiserie ouvert sur la rue Étienne Dolet portait l’inscription « Défense d’afficher, loi du 21 juillet 1881 ». Combien de fois me suis-je répétée cette phrase énigmatique en allant à l’école !

    Pour rentrer à la maison, je passais devant l’épicerie des parents de ma petite amie Lisette. À la réflexion, je me demande aujourd’hui comment vivait cette famille tant il y avait peu de choses à vendre dans le magasin. L’hôtel meublé de Monsieur Castel le séparait de la boucherie du père de mon autre amie, Cécile. J’avais l’impression que Monsieur Castel passait son temps assis à son bureau, et était chargé de surveiller la rue, caché derrière un voilage.

    Il faut que je m’arrête ici un moment car les souvenirs, bons et moins bons, se précipitent.

    J’allais souvent chez Cécile où j’étais toujours bien accueillie. Ses parents, juifs d’origine polonaise, pressentant le pire, évacuèrent leurs trois enfants en zone libre dès qu’ils le purent. Le papa ferma bien sûr la boutique, disparut lui aussi, et la maman garda les lieux, sans sortir, tout le temps de l’occupation. Bien entendu, nul d’entre nous n’était au courant de sa présence et les faits ne nous furent rapportés qu’en 1945. La boutique fut rouverte lorsque revint notre boucher et maman lui fut toujours reconnaissante du beefsteak dont il lui fit cadeau pour régaler mon parrain à son retour de captivité.

    La vie reprit son cours, et je retrouvai chez Cécile les grands plats de gâteaux que confectionnait sa maman, le parfum de la cannelle et des graines de pavot, qui me dépaysaient et me changeaient des tartes aux pommes de la maison ! (J’y pense à chaque fois que je me promène rue des Rosiers, dans le Marais).

    On arrivait ainsi progressivement au cœur de la rue des Maronites : l’embouchure de la rue du Pressoir.

    Arrivée là, j’ai des références ! Le 24, c’était « mon » immeuble et tout tournait autour ! Les habitants m’étaient tous connus, leurs habitudes et, pour certains, leurs appartements. J’y étais chez moi.

    La bonneterie du rez-de-chaussée n’avait pas changé depuis les années 20. Je l’ai connue telle qu’elle figure sur la photo publiée sur le site. Les propriétaires avaient l’âge de ma grand-mère et la longue barbe de Monsieur Tabak était grisonnante, mais la vitrine, les casiers et le grand comptoir de bois dataient de la création du magasin. Le souci de mode n’intervenait pas sur le choix des articles présentés : on vendait du sérieux, du solide, on respectait religieusement le jour du sabbat et les traditions qui y étaient attachées. (Maman m’a souvent raconté que, Léa, l’une des fillettes de la famille qui avait son âge, mourait d’envie de manger du jambon qui lui était interdit et l’interrogeait souvent sur le goût que cela pouvait avoir !)

    Une anecdote au passage : un soir des années 42 ou 43 - je ne me souviens plus exactement - alors que nous venions de nous endormir, grand branle-bas dans l’immeuble. On frappe brutalement à la porte : ma grand-mère va ouvrir, c’était la police qui, sans ménagement, pénètre dans le logement, me fait lever également et commence à fouiller partout. La même opération à chacune des deux portes des quatre étages. Rapidement, tous les hommes de la maison sont « invités » à se regrouper au rez-de-chaussée et on entend courir et parler allemand dans la rue des Maronites. Deux hommes bousculent un peu tout dans les deux pièces et se montrent agressifs en trouvant, dans la table de chevet de ma grand-mère, un nerf de bœuf qu’elle conservait là Dieu seul sait pourquoi car on ne craignait pas spécialement les attaques. Plusieurs voisines se regroupent chez nous et nous attendons avec inquiétude la suite des évènements. Des cris et des bruits de poursuite continuent à nous parvenir. Inutile de préciser que le temps nous a semblé long… jusqu’à ce qu’enfin les hommes soient autorisés à rentrer dans leurs foyers. On devait apprendre plus tard qu’un soldat allemand avait été tué dans un immeuble de notre rue. Sans plus d’explication.

    Naturellement, ma grand-mère rapporte les faits à maman le lendemain matin. À maman qui passe par toutes les couleurs, car elle se souvient  qu’un revolver de son père était caché dans le fond d’une armoire ! Le nerf de bœuf à côté était un jouet d’enfant ! Dans l’heure qui suivit, l’arme dûment dissimulée dans un journal, était discrètement jetée dans un égout du quartier …  

    Le 26 et ses deux étages, collé au 24, permettait la conversation de fenêtre à fenêtre avec Madame Baronnet, la concierge logée au premier. Au rez-de-chaussée, c’était la Cave, où l’on achetait le vin à la tireuse. Trois (ou quatre ?) grandes cuves contenaient le vin de table courant, les bouteilles « du dimanche » trônant à la place d’honneur sur les étagères. Je collectionnais consciencieusement les superbes étiquettes en couleurs dont on me faisait gentiment cadeau quand on n’en avait pas l’usage.

    L’antre du bougnat suivait au 28. J’avais l’impression qu’on y servait à boire au milieu du charbon et des ligots tellement c’était noir. En hiver, le propriétaire, allait livrer à ses clients les sacs de boulets et d’anthracite coincés directement sur son dos. Le pauvre, un sac de jute sur la tête en guise de capuchon ne le protégeait guère de la poussière de charbon, si bien qu’il était aussi noir que sa boutique ! L’été, par contre, un camion lui livrait de la glace et l’on savait qu’on pouvait en trouver chez lui.

    Après, c’était Legrand, le marchand de bois de construction dont le chantier était traversé d’une large allée ouverte qui épousait la dénivellation du terrain jusqu’à la rue Étienne Dolet. Il tenait bien à lui seul l’espace de deux boutiques. On se disait qu’il n’aurait pas fallu que le feu y prenne car tout le quartier aurait flambé. 

    Sur le trottoir d’en face, le café de « Madame Gaston » faisait l’angle de la rue du Pressoir. J’en ai déjà parlé et n’y reviens donc pas. La clientèle était d’habitués, chacun savait y retrouver qui, en fonction de ce qu’il avait à y faire ! On pouvait même y jouer au billard. Moi j’aimais bien Madame Gaston qui a toujours été très aimable avec nous, notamment si, exceptionnellement ou en cas d’urgence, il fallait recevoir ou passer un coup de téléphone.

    Un coiffeur pour hommes précédait l’entrée du 23 dont on voyait souvent la concierge faire la causette sur le pas de la porte. C’était une vieille dame toujours vêtue d’une blouse noire à fleurettes. Elle vivait là depuis longtemps et avait de nombreux souvenirs du quartier de Charonne en commun avec ma grand-mère.

    Au 25 - ou 27 peut-être ? - on était chez Madame Pouzet. J’adorais. On montait trois marches. On  trouvait les journaux, les cahiers, la craie, les crayons à papier et d’ardoise, et les bonbons. Contre une pièce de dix sous on pouvait choisir un lot de friandises dans cinq ou six boîtes différentes : un rouleau de réglisse avec une perle de sucre rouge ou bleu au milieu, plus un roudoudou, plus une minuscule boîte de coco, un sucre d’orge, une sucette ou un bâton de réglisse à mâchonner. La seule difficulté était d’obtenir des parents la pièce de dix sous ! J’aimais bien aussi la petite boîte ronde en métal représentant une tête d’Africain et dont la langue se soulevait pour laisser passer les cachous. Mais ça, c’était plus cher !

    Un autre café ( il n’en manquait pas dans le quartier) et on arrivait à la cour du 29.

    Un porche à passer, et une cour donnant accès aux habitations. Pour moi, la cour du 29, c’était « la Fernande ». Je m’explique : cette dame dont je ne savais rien, était constamment entourée d’enfants d’âges divers qui l’accompagnaient dans ses courses. Elle transportait un cabas proportionné à l’appétit de sa nombreuse famille, et comme elle était aussi large que haute, j’avais l’impression que les sept nains de Blanche-Neige étaient en déplacement.  

    Toujours du côté impair, je me souviens du boucher de cheval, de la cour qui suivait et où justement logeait un équipage de deux énormes chevaux gris, de l’herboriste, du bureau de tabac, de ce que l’on appellerait aujourd’hui la maison de la Presse, et à nouveau d’un bar, à l’angle de la rue Julien Lacroix.

    Longeant « mon » trottoir, après le marchand de bois, un immeuble qui devait être le 34, le café Chez Maurice, puis la boulangerie avant l’école maternelle. Je redoutais en allant chercher le pain de croiser un sale gamin, un grand qui devait bien avoir 12 ans, et qui s’amusait à me terroriser !

    Pendant la guerre, la boulangère était indulgente et fermait les yeux sur les tickets de pain plus ou moins maquillés que mon cousin lui présentait. Elle prenait ses risques, qu’elle en soit encore remerciée ! 

    La courte rue du Liban s’annonçait, avec la boucherie faisant l’angle, et immédiatement après le tournant à droite, l’échoppe du cordonnier. C’était un petit bonhomme, myope comme une taupe, qui connaissait parfaitement son métier et savait tirer le meilleur parti des vieilles paires de chaussures que l’on devait préserver, faute de pouvoir les renouveler. Pour les vêtements et les chaussures aussi, il y avait des tickets.

    Une autre boulangerie formait l’angle de la rue Julien Lacroix. À cette époque le quartier était vivant, tout simplement parce que les nombreux petits commerçants étaient complètement immergés dans les lieux d’habitation et faisaient partie intégrante de notre quotidien, qui était aussi le leur.  

    Voilà. J’ai sûrement oublié beaucoup de choses et je compte bien sur vous autres, nombreux visiteurs du site, pour compléter ou rectifier mes souvenirs.

    Comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas vécu directement l’anéantissement de notre îlot du Pressoir et par conséquent, n’ai pas souffert de la séparation obligée d’avec mon milieu d’enfance à l’âge où cela s’est produit pour les natifs des années 45.

    Je dois avouer, qu’arrivée à l’âge adulte, le délabrement des immeubles, l’exiguïté et le manque de confort des logements me pesaient.

    Je continue à penser que l’amélioration des conditions de vie était indispensable pour tous. Reste que l’on ne peut que déplorer la méthode choisie pour la réaliser.

    À bientôt, et cordialement à tous, Lucile

     

  • L'ECOLIER DU BOULEVARD DE BELLEVILLE

     

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    Sur cette photo de classe 1962-1963 prise dans la cour de récréation du 75 Boulevard de Belleville, Maurice Tarlo, au dernier rang, est le cinquième en partant de la gauche

     

    J'ai fréquenté l'école du 75  Boulevard de Belleville en 1962 et en 1963. Nous habitions au 11/13 de la rue du Moulin Joly dans le onzième arrondissement. J'y ai vécu de 1955, année de ma naissance jusqu'en 1964, lorsque nous sommes partis en banlieue parisienne à Garges les Gonesse.

    J'ai 54 ans et je m'appelle Maurice Tarlo.
    Je connaissais bien la rue du Pressoir, de l'autre côté du Boulevardd de Belleville et surtout mes parents la connaissaient très bien.
    Par le plus grand des hasards, j'ai fait connaissance de trois gars qui ont aussi fréquenté cette école à la même période, mais ils n'ont plus de photos de classe, deux d'entres eux étaient même dans la même classe et ont le même âge. Ils sont nés en 1950. Ils se nomment Bernard Pourrez, Daniel Magnaud et Daniel Guilleminot. Et ils se souviennnent qu'ils allaient à l'école rue de La Fontaine au Roy travailler le bois une semaine et le métal la semaine suivante en vue d'un apprentissage de métier manuel.

    Nous nous retrouverons le 27 février 2009 dans le quartier devant la Maison des Métallurgistes, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris onzième, à midi. Nous déjeunerons ensemble et nous nous raconterons nos souvenirs d'enfance autour d'un bon repas.

    Je reviens de chez mes parents. Mon père est un gosse de ce quartier qu'il a connu dans les années 1940. C'est un amoureux de Belleville, quartier populaire au sens noble. Je me souviens de chanteurs ou chanteuses de rues qui venaient de temps en temps dans la cour du 11/13 rue du Moulin Joly et à la fin de leur chanson, les gens envoyaient des pièces par la fenêtre. On entendait dans les rues " Vitrier... Vitrier...", on voyait passer des rémouleurs. Il y avait une vie, il y avait un tissu social.

    L'épicier de la rue du Moulin Joly, Monsieur Mandonné : Ma mère payait au mois les notes de tranches de jambon, de gruyère rapé. Mon dentiste était au centre de santé des Métallos, il était renommé. Il se nommait  Jean TORCHINSKY.
    A la maison des Métallos, chaque fin d'année à la période de Noël, il y avait "la kermesse du Bol d'air". C'est une association qui a été créée par le PCF et qui avait vocation d'envoyer les enfants en colonie de vacances ou d'élever la jeunesse à la culture.
    Mon père m'a dit que même Guy Lux est venu dans cette salle des Métallos. Des artistes y ont chanté, comme Marcel Amont.
    J'étais petit mais je me souviens du cinéma Le Cocorico ou des films d'Hercule ou Maciste contre le Cyclope ! Je me rappelle des conditions de vie de mes parents dans un logement où il n' y avait pas de WC, pas de salle de bains, pas d'eau chaude, un poêle à charbons.
    Des souvenirs d'enfant de huit ans.
    Votre site est vraiment sympa. Rue du pressoir, j'ai bien connu avant tout l'essor immobillier des années 80. Je me rappelle avoir monté sur les épaules de mon papa les escaliers de la rue Vilin qui étaient interminables. On arrivait en haut et on disait ouf ! Maurice Tarlo

  • MEMOIRES D'UN VIEUX QUARTIER/BELLEVILLE-MENILMONTANT/1965

     

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    Documentaire sur le quartier de Belleville à Paris alternant les récits d'habitants du quartier et de nombreux plans et photos de ce petit "village". En guise de pré-générique, un homme chante "Le Moineau de Paris" (chanson d'Hector Pellerin). Désormais, Belleville est désertée par ses habitants, les boutiques ferment, on mure les portes et les fenêtres. Cependant la mémoire de ce quartier persiste grâce aux récits des habitants et commerçants qui font ainsi renaître le passé communard de Belleville et le Belleville du début du XXe siècle. Début 1900, Belleville était une sorte de campagne avec ses pavillons aux jardins peuplés de poulets ou de canards et aujourd'hui encore on découvre des traces de ce passé. Un homme raconte que de la vigne poussait rue Carducci (anciennement rue des Alouettes). Pendant 30 ans, les habitations sont restées vétustes, sans chauffage ni électricité, vouées à être détruites. Les enfants, quant à eux, se promenaient aux Buttes- Chaumont, assistaient à des pièces de théatre à Gavroche pour seulement deux sous et dès l'obtention du certificat d'études, ils commençaient à travailler. Il existait une forme de solidarité entre les habitants et lors des diverses grèves qui rythmaient le quartier, les grèvistes étaient soutenus par la population qui les nourrissait. Belleville pouvait également être comparée à une montagne que l'on gravissait grâce au funiculaire. Les représentations données au Théatre de Belleville étaient régulièrement mouvementées et ce quartier faisait souvent peur aux gens extérieurs, la "BANDE À BONNOT" y semant la terreur. La misère et les épreuves supportées en commun ont soudé les habitants entre eux et maintenant que les démolitions débutent, les habitants regrettent non pas les habitations vétustes mais l'ambiance si particulière de ce quartier. Désormais certains quittent Belleville, d'autres sont relogés dans de nouvelles habitations. Ainsi il n'est pas simple de ne pas briser les liens tissés par le temps et faire que l'histoire de ce quartier ne s'arrête pas là.

    CONSULTER LE DOCUMENTAIRE DE L'INA

    Voir également BELLEVILLE ET SES HABITANTS

    Clement Lépidis, écrivain, interviewe quelques habitants de Belleville : Un sabotier, la dernière blanchisseuse de Belleville, une ancienne couturière et un bellevillois né dans le caniveau. Il parle du langage bellevillois à Pierre Dumayet qui l'interviewe en 1973.

  • UNE FANFARE RUE DU PRESSOIR

     

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    Une fanfare défile rue du Pressoir. Vue depuis la rue des Maronites. Années 1958-60
    Chaque dimanche, nous aimerions publier sur le site de la Rue du Pressoir une image de notre quartier. Seulement, nous ne disposons que d'un très faible stock. Nos albums personnels sont limités. Aussi faisons-nous appel à vos archives. Si vous possédez une photographie que vous souhaiteriez mettre en ligne, avec les mentions et légendes que vous jugerez nécessaires, faites-nous plaisir. Elles feront le bonheur des visiteurs toujours plus nombreux qui viennent flâner parmi nos pages.

     

  • LE BEBE FUGUEUR

     

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    L'histoire que je vais vous raconter est authentique.
     
    La scène se déroule dans un premier temps rue des Maronites pour se terminer rue du Pressoir.

    Mes parents m'ont raconté cette petite histoire moult fois. L'année dernière encore, mon père ne savait pas, que c'était la dernière fois qu'il se remémorait "l'exploit" du "bébé" fugueur que j'étais! Papa ne rentrait pas tous les jours car il était "mobilisé" à la caserne des pompiers de Paris. Dans un premier temps, à Nativité puis, une fois les classes terminées, à la caserne de Port-Royal.
     
    Comme il est né en 1919, il était très jeune à l'époque. Il a été mobilisé je crois, pendant la période 1939-1945.
    Ma petite escapade  se situe vers le mois de juin 1944, j'avais vingt-huit mois. Ce matin là, maman devait se rendre à l'atelier de couture, de son amie car elle effectuait des travaux de couture avec elle. Quant à moi, bien sage, j'étais avec maman dans la cour, côté atelier.
    Je tirais un petit camion rouge, bien sûr attaché par une cordelette.
     
    Silence! On tourne !
     
    Je ne sais pas par quel hasard, la porte cochère se trouvait grande ouverte ! Peut-être en prévision d'une livraison de boissons destinée au Bar dont l'arrière-boutique donnait sur la grande cour.
     
    Soudain! la liberté s'offrait à moi. Je partais à toute allure ! Vers une destination inconnue ? Pas vraiment. Je courais sur mes petites jambes.
    Au risque de tomber! Le sourire aux lèvres, apparemment très pressée d'après les observateurs, je donnais l'impression d'avoir des ailes.
    Je devais bien être consciente, dans ma petite tête, que j'étais en train d'échapper à la surveillance de Maman.
     
    Je tournais à l'angle de la rue du Pressoir, je continuais, et là, l'objectif était atteint ! J'étais devant la crèmerie chez "Maggi" !
    Pendant ce temps, panique générale, tout le monde me cherchait. J'avais été repérée ! Cernée, les chalands étaient autour de moi afin que Maman puisse me rejoindre.
    J'affectionnais particulièrement ce magasin. Je donnais le pot au lait à la crèmière. Après elle le donnait à Maman car le pot était trop lourd, les bidons paraîssaient énormes... J'adorais cette crème de lait  qui se déposait au-dessus de la casserole. En ce temps là le mot "solidarité" dans notre quartier n'était pas un vain mot. Papa n'était pas natif de ce quartier. Il venait de la rue Laurence Savart, dans le XXème. Nicole Bourg